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Les remises en cause de la mondialisation : pourquoi ? (1/3)

Sommaire

L’accélération de la mondialisation, marquée par l’essor des idées néolibérales, la dérégulation financière, le poids des multinationales, l’émergence des dragons asiatiques, se déroule une décennie avant la fin de la Guerre Froide. La fin de ce contexte marque la chute de deux modèles, le communisme et le tiers mondisme, modèles alternatifs à la mondialisation libérale. La mondialisation semble se suffire à elle-même. La Banque Mondiale prône elle-même la mondialisation, avec les bénéfices que cette dernière apporte  sur la baisse de la pauvreté. En effet, en 1981, 42 % de la population mondiale vivait avec moins de 1,90 $ US par jour selon les données de la Banque Mondiale. Cette proportion ne fait que reculer depuis, passant à 28 % vers les années 2000 et à moins de 11 % en 2013. Les États se lancent dans une course à la croissance. Pourtant, la mondialisation n’est pas que bénéfique, et les critiques augmentent. C’est ces critiques que nous allons aborder avec Mister Prépa et dans cette partie, nous nous concentrerons sur les causes de ces critiques, du moins sur les principales.

Les crises liées à la mondialisation financière 

Si la mondialisation financière, qui est l’intégration des marchés de capitaux et l’ouverture des marchés nationaux pour créer un seul marché mondial unique des capitaux, a apporté de nombreux bénéfices comme la croissance économique et une meilleure allocation des ressources, elle est également grandement critiquée pour les risques qu’elle présente. En effet, la mondialisation financière fait planer un risque de bulle spéculative, de crise financière ou encore de développement de paradis fiscaux. Voici ci dessous une petite liste des différentes crises dues à la mondialisation financière : 

  • 1980 : crise de la dette
  • Années 90 : crise asiatique
  • 1994 : crise « tequila » au Mexique 
  • Années 2000 : bulle Internet
  • 2008 : crise des subprimes 
  • 2010/2013 : crise de la zone euro

Pour enrichir tes connaissances à ce sujet, nous te conseillons de te pencher sur Pourquoi les crises reviennent toujours de Paul Krugman. Il dénombre 147 crises financières entre les années 70 et la fin des années 2000. Il s’oppose aussi au « shadow banking system », un groupe d’acteurs sur les marchés financiers qui n’ont pas à respecter les mêmes règles.

 

Lire plus : L’essentiel à savoir sur la globalisation financière

Mondialisation et inégalités

La mondialisation a ouvert une nouvelle ère dans le commerce international ; les marchandises n’ont jamais autant circulé librement. Certains pays en développement ont commencé à exporter et à s’enrichir. Ainsi, les inégalités entre les pays ont diminué (tout en restant très fortes). Pour autant, la mondialisation n’a pas déclenché l’égalité au sein de tous les pays du monde. Pour démontrer cet argument, on peut s’appuyer sur les travaux de Branko Milanovic dans Les inégalités mondiales. En effet, il démontre, à travers la courbe de l’éléphant, que les populations qui sont sorties gagnantes de la mondialisation sont celles des pays en développement et les ultra-riches des pays développés. Ainsi, les classes moyennes occidentales et les plus pauvres sont les grands perdants de la mondialisation. La mondialisation ne permet donc pas une réduction totale des inégalités, voire elle les augmentent et c’est pourquoi elle peut être remise en cause. 

 

Lire plus : Inégalités mondiales – Branko Milanovic, 2019

L’effritement du soft power occidental et les émergents 

Les États-Unis et l’Europe sont les leaders historiques de la mondialisation, puisque la diffusion de normes économiques a été la traduction de l’universalisation de leur modèle politique. Mais ces leaders sont de plus en plus rejetés par les autres acteurs qui veulent se faire une place sur la scène mondiale. Avec les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis prennent conscience que le pays suscite un grand rejet dans le monde arabe-musulman. Leurs interventions en Irak, mais aussi en Amérique latine, sont contestées, signe du rejet de cet ordre mondial. Une résistance des pays du Sud s’opère également, puisqu’ils se considèrent comme les grands perdants de la mondialisation et que cette dernière ne leur profite pas.  

Lire plus : L’influence croissante des pays émergents en Afrique 

La critique du productivisme pour son impact environnemental

La mondialisation est marquée par une intensification des échanges, mais surtout une hausse de la production dans une optique de produire toujours plus. En effet, de 1980 à 2022, le volume du commerce mondial a été multiplié par 7,8. Mais le productivisme est critiqué pour ses conséquences sur la société et l’environnement. On peut prendre l’exemple concret de l’agriculture. En effet, l’utilisation massive de produits chimiques, dont les engrais et les pesticides, entraîne une perte de biodiversité et une dégradation de l’environnement. L’agriculture mondialisée encourage aussi la monoculture, très néfaste pour l’environnement, mais créant aussi de plus grands risques pour les agriculteurs avec une dépendance aux rendements d’un type de produit en particulier. Enfin, ce type d’agriculture productiviste profite aux grandes entreprises industrielles ou de l’agroalimentaire, concentrant alors les richesses aux détriments des plus petits agriculteurs et des populations locales. Le gaspillage, et la nécessité de trier les déchets qui en découle, est également un côté critiqué du productivisme lié à la mondialisation. 

Lire plus : Responsabilité environnementale, une humanité, des humanités ? 

La crise de la Covid-19, une nouvelle rupture avec la mondialisation 

La pandémie du coronavirus a exacerbé les points négatifs de la situation d’interdépendance liée à la mondialisation. La pandémie est partie de Chine, alors que ce pays représente le maillon central des chaînes de valeur à l’échelle mondiale. Le commerce et l’activité économique ont chuté. Les pays du Sud sont asphyxiés, ce qui provoque la tension des marchés financiers. Face aux difficultés d’approvisionnement, les pays du Nord ont pris conscience de leur vulnérabilité. Les États-Unis ont même remis en question les institutions multilatérales (OMS). D’autres perspectives se dessinent comme la relocalisation de la production pour les pays utilisateurs de produits jugés stratégiques. Face à ces difficultés rencontrées, les imperfections de la mondialisation sont mises en avant, faisant de ce processus un modèle perfectible. 

Lire plus : Les enjeux géopolitiques du COVID-19

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Amelie Matray