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La stratégie chinoise pour l’Arctique

Sommaire

L’arctique est une région du monde qui s’étend du pôle nord jusqu’au cercle polaire arctique. 8 Etats possèdent un droit de souveraineté sur cet espace : Etats-Unis, Canada, Russie, Danemark, Finlande, Suède, Norvège, Islande. l’Arctique est une région aux conditions climatiques extrêmes. Celle-ci souffre grandement du réchauffement climatique qui y est deux fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde. La fonte des glaces y est donc très importante, et plusieurs Etats (dont la Chine) scrutent la situation de près afin de tirer profit de la place laissée par la glace. Voyons donc en quoi consiste la stratégie chinoise pour s’imposer comme un acteur central de la région. 

 

Historique de l’intérêt la Chine pour l’Arctique

La Chine ne fait pas partie des 8 pays qui bordent l’Arctique. Pourtant, son intérêt ou plutôt sa volonté de peser sur la région au niveau diplomatique remonte à une trentaine d’années. En 1989, la Chine crée l’Institut chinois de recherches polaires à Shanghaï. Quatre ans plus tard, elle acquiert son premier brise-glace (le Xue-Long) auprès de l’Ukraine. Alors que la Chine souhaite faire de la Norvège son partenaire privilégié dans la région, avec notamment la station Huanghe construite sur l’île de Spitzberg, la relation se complique en 2010. En effet, le prix Nobel de la Paix décerné par le comité norvégien au militant des droits de l’Homme chinois Liu Xiaobo rafraîchit les liens pendant un moment. 

Pékin se tourne dès lors vers l’Islande avec qui elle signe un accord de libre-échange en 2013. L’Islande permet à la Chine d’obtenir le statut de membre observateur au Conseil de l’Arctique, dont font partie les 8 pays cités précédemment. Quelques mois plus tard, la Chine conclut un partenariat énergétique avec son voisin russe pour développer des champs gaziers dans l’océan Arctique. Selon un rapport du Center for Naval Analysis, la Chine aurait investi plus de 89 milliards dans les économies des pays de l’Arctique entre 2005 et 2017. Cela illustre donc l’intérêt croissant que l’Empire du Milieu porte à cette région. Il lui a même consacré un Livre Blanc en 2018, proposant de construire « une route de la soie sur glace ». 

 

Des enjeux multiples 

L’intérêt de la Chine pour l’Arctique s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, c’est le sous-sol de la région qui attise les convoitises chinoises. En effet, une grande partie des réserves non prouvées de pétrole et de gaz se situerait dans cette zone Arctique. La fonte des glaces facilite grandement l’accès à ces ressources présentes dans les fonds marins et cela explique en partie la volonté de la Chine de jouer un rôle clé dans cette région.

L’autre intérêt majeur de l’Arctique est une nouvelle fois tristement lié au réchauffement climatique. La glace fondant très rapidement, cela ouvre de nouvelles routes maritimes intéressantes qui pourraient jouer un rôle de plus en plus important dans les échanges internationaux. Concrètement, une telle route permettrait de gagner un temps considérable car un trajet entre Shanghaï et Rotterdam prendrait 1 à 2 semaines de moins (15100 km contre 19700 km en passant par le Canal de Suez). Ainsi, dans le cadre des nouvelles routes de la soie, il semble évident que la Chine de Xi Jinping s’intéresse de près à la région Arctique. Enfin, cette dernière possède un intérêt stratégique du point de vue militaire que la Chine pourrait exploiter pour accroître sa puissance et se rapprocher des Etats-Unis notamment. 

La concurrence de nombreux états 

Or, si la région Arctique attise la curiosité de la Chine, celle-ci n’est pas toute seule et d’autres Etats ont des revendications sur cette région. De façon évidente, les Etats riverains de l’océan Arctique sont les premiers à lorgner sur cette zone. Certains pays (dont la Russie et le Canada) ont fait une demande pour étendre leur plateau continental au-delà de leur ZEE pour avoir des droits sur les fonds marins. Certaines puissances sont donc de retour dans la zone (à l’image des Etats-Unis) après une phase de désintéressement à l’issue de la Guerre Froide. La Chine, qui se qualifie d’ « Etat proche » de l’Arctique, doit donc composer avec cette concurrence et est pour le moment condamnée à faire cavalier seul pour étendre son influence. Toutefois, elle dispose d’alliés qui seraient ravis d’accueillir les investissements chinois à l’image du maire de la ville norvégienne de Kirkenes. Il voit sa ville comme le nouveau Singapour, le parfait relai entre le marché asiatique et le marché européen. 

Lire plus : Etats-Unis – Chine : Rivalités de pouvoir et d’influence

 

Conclusion 

La région polaire de l’Arctique n’échappe donc pas à la volonté d’influence et d’extension de la part de la Chine qui rêve de jouer un rôle central dans cette région. Cet espace hautement stratégique pourrait bien s’avérer encore plus important dans les années à venir compte tenu de la rapidité du réchauffement climatique. Inévitablement, l’Empire du Milieu entend s’y installer et imposer sa puissance malgré la présence d’autres Etats dont la souveraineté semble plus légitime. 

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Axel Achouri
Etudiant à Neoma BS, j'ai à coeur de transmettre ce que j'ai appris en prépa afin de favoriser l'égalité des chances et d'aider les nouvelles promotions à réussir !