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UBS finalise l’acquisition de Credit Suisse : émergence d’un nouveau géant bancaire

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UBS a annoncé, le lundi 12 juin 2023, la finalisation de sa fusion avec le Credit Suisse, faisant émerger un nouveau géant bancaire au niveau mondial. Pour autant, ce rachat qui laisse plutôt un goût de sauvetage express orchestré par les autorités financières fait planer de nombreux risques pour cette nouvelle super banque européenne de 1 600 milliards de dollars de total de bilan.

 

UBS – Credit Suisse : un mariage contraint à marche forcée

Le 12 juin 2023, trois mois à peine après l’annonce du rachat de Crédit Suisse par UBS, les deux banques helvétiques communiquent en indiquant « la conclusion juridique de l’acquisition de Credit Suisse Group AG par UBS Group AG – et donc le début de notre entreprise unifiée – a été finalisée. Avec la réalisation de cette transaction, la première étape essentielle pour le lancement d’un avenir commun est fixée. » 

Pour autant, il est primordial de remettre le contexte de ce rachat tumultueux. A la mi-mars, en l’espace d’une semaine, Crédit Suisse essuie la pire séance boursière de son histoire (-30%). Déjà fortement fragilisée (Le Crédit Suisse, au bord de la faillite ?), elle a perdu la confiance des investisseurs institutionnels (en février 2023, ses clients ont retiré près de 120 milliards de francs suisses qu’ils ont transférés chez ses rivales) et a frôlé la faillite, mettant en péril l’équilibre bancaire de la Suisse, mais aussi de l’Europe. 

Le 19 mars, au terme d’un week-end de tractations intenses, insoutenables et inoubliables, sa grande rivale de toujours, UBS, annonce le rachat de la deuxième banque du pays pour 3,04 milliards d’euros. Bien moins que les estimations valorisant l’établissement bancaire autour des 20 milliards. Derrière cette fusion, l’Etat fédéral suisse est à la manœuvre. Habituellement non interventionniste, il est allé contre sa nature, poussé par la pression des gouvernements européens, inquiets que la chute de Credit Suisse n’emporte avec elle d’autres établissements du continent.

A la fin de ces quarante-huit heures de pourparlers et de l’accord commun entre ceux banques helvétiques concernant un prix de rachat, UBS réussi à obtenir, en échange du risque pris, 100 milliards de lignes de liquidités de la Banque centrale, plus 9 milliards de garanties sur des placements à risques. Le plan de sauvetage est donc une belle opération commerciale pour UBS.

 

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Acquisition finalisée, place au nouveau géant bancaire suisse

Le mariage entre les deux grandes banques suisses a été officialisé le 12 juin 2023, avec le retrait de la Bourse de Zurich du Crédit Suisse en fin de journée. Cette étape marque la fin de 167 ans d’histoire pour l’ancien fleuron de la finance suisse, emporté par une série de scandales qui ont entaché sa réputation et creusé ses pertes. Sur le papier, UBS va donc peser 3 400 milliards de dollars dans la gestion de fortune et 1 500 milliards dans la gestion d’actifs, soit un poids lourd de 120 000 employés, dont 37 000 en Suisse.

« Au lieu de rivaliser, nous allons maintenant nous unir alors que nous entamons le prochain chapitre de notre voyage commun, s’est félicité Sergio Ermotti, revenu aux commandes d’UBS pour assurer la fusion. Nous créons une banque dont nos clients, nos collaborateurs, nos investisseurs et la Suisse pourront être fiers ».

L’un des principaux défis sera de faire coexister deux cultures d’entreprises radicalement différentes. Si Credit Suisse est réputé pour son appétit au risque et des choix de financement plutôt audacieux, ce n’est pas le cas d’UBS, qui revendique à l’inverse son conservatisme. Et l’acquéreur compte bien imposer sa façon de faire, pour ne pas répéter les crises qui ont causé la chute de son concurrent. « Nous ne ferons aucun compromis sur la forte culture d’UBS, son approche conservatrice des risques ou la qualité de service », ont écrit Sergio Ermotti, et le président d’UBS, Colm Kelleher, dans une lettre publiée le 12 mai. Les mois à venir risquent d’être « cahoteux » a prévenu Sergio Ermotti, soulignant que l’intégration va entraîner « des vagues » de décisions difficiles, en particulier concernant l’emploi. Le dirigeant a indiqué lundi que près de 10 % des effectifs de Credit Suisse avaient d’ores et déjà quitté la banque.

 

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Pour conclure, le rachat de Credit Suisse par UBS marque un tournant au sein du secteur bancaire suisse. Cette acquisition, qui nous l’avons vu, est en réalité un sauvetage, comprend de nombreux risques pour ce nouveau colosse aux pieds d’argile. Les prochains mois seront déterminants dans le cadre de l’intégration de Credit Suisse à UBS.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref