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La marocanité du Sahara Occidental reconnue par Israël : Pourquoi ?

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"Poignée de main entre Shimon Peres (un des pères fondateurs d'Israël) et Hassan II en 1994. Première forme de rapprochement entre Israël et le Maroc."

Le 17 juillet 2023, dans une lettre officielle du cabinet royal de Rabat, le royaume du Maroc de Mohamed VI a annoncé que le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou reconnaissait la “marocanité” du Sahara Occidental. Cette région du Sahara est actuellement contestée d’une part par le Maroc et d’autre part par les indépendantistes sahraouis du front Polisario soutenus par l’Algérie. Une telle annonce met en évidence de profonds changements dans la géopolitique du monde arabo-musulman.

 Les prémices de cette reconnaissance bilatérale : les accords d’Abraham

En décembre 2020, le Maroc signe l’accord d’Abraham (2020), un accord bilatéral ouvrant les relations commerciales, militaires et diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabo-musulmans (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc). Cet accord israélo-marocain s’en est suivi d’un rapprochement sans précédent, notamment à travers l’organisation du forum “Morocco-Israel: connect to innovate 2022”, l’envoi du colonel Sharon Itach comme premier attaché militaire israélien au Maroc, ou encore l’annonce d’ouvrir prochainement un consulat israélien dans la ville de Dakhla, située dans la partie du Sahara Occidental contrôlée par le royaume. En somme, ce rapprochement tend à s’officialiser de plus en plus, en témoigne l’invitation de B. Netanyahu par le roi Mohammed VI. Ainsi, les accords d’Abraham apparaissent comme la première étape d’une pacification des relations entre ces deux pays.

La marocanité du Sahara Ocidental : Une reconnaissance longtemps attendue par le Maroc

Dès lors, la seconde étape était sans doute la tant attendue reconnaissance du Sahara Occidental marocain par Israël. Cette région est contestée par le Maroc et le front Polisario depuis le départ des Espagnols en 1975. Ainsi, cette reconnaissance permet avant tout de conférer au Maroc un poids plus important dans ce combat. Israël est alors tenu d’y faire référence dans l’ensemble de ses documents administratifs en lien avec le sujet et surtout ceux envoyés à l’ONU. D’autre part, cette reconnaissance apparaît également comme une attaque indirecte contre l’Algérie, cette dernière ayant rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021 suite aux accords d’Abraham. Le gouvernement algérien a déjà annoncé sa déception en accusant le Maroc et Israël de violer le droit international.

L’ennemi commun : l’Iran

Outre l’Algérie et les accords d’Abraham, il est important de noter que cette reconnaissance est un moyen pour les deux pays de s’allier contre l’Iran. D’un côté, Israël est l’ennemi numéro 1 de l’Iran et s’attelle de manière continue à déjouer le développement de son programme nucléaire, tandis que, d’un autre côté, le Maroc accuse l’Iran et le Hezbollah d’armer le front Polisario. Ainsi, ce rapprochement est gagnant-gagnant pour les deux pays qui s’affirment ainsi face à un Iran dont l’influence au Moyen-Orient est aussi bien redoutée que croissante.

En conclusion, la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental apparaît à la fois comme un rapprochement profond au sein d’un monde arabe plus fragmenté que jamais, et comme une affirmation portée par le Maroc à l’encontre du Front Polisario, de l’Algérie et de l’Iran.

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Ethan Zerbib