A l’issue de la victoire surprise lors des primaires pour l’élection présidentielle du dimanche 13 août de Javier Milei, un ultralibéral d’extrême droite les marchés financiers argentins ont été soumis à de fortes pressions, poussant la Banque centrale à porter son taux d’intérêt directeur à 118% contre 97% précédemment.
Un véritable virage à droite est pris en Argentine avec la victoire de Javier Milei
Javier Milei, le désormais candidat à la présidentielle argentine d’octobre prochain, après sa victoire lors des primaires de centre droit (avec un plus de 30% des voix) est un personnage excentrique. Antisystème, grossier, squattant les talk shows, taxé tour à tour d’extrême droite, d’ultralibéral sur l’économie (contre le salaire minimum), de conservateur (anti-avortement) ou de libertaire (pour tous types d’unions libres), Javier Milei, qui se décrit qui comme “anarcho-capitaliste”, est parfois inclassable.
En 2019, à Buenos Aires par exemple, faisant campagne pour devenir député, ce dernier s’était présenté à un meeting déguisé d’un costume noir et jaune, représentant l’apparat du mythique général Ancap (l’acronymie d’anarcho-capitaliste), un personnage fictif qu’il a créé. Sous le costume, Javier Milei prône la même politique que le “général Ancap” : le libertarianisme qui cherche à abolir l’État en faveur de marchés libres sans entraves. La mission de super-héros de l’économiste libéral et antisystème est simple : “botter les keynésiens et les collectivistes dans le cul”.
La victoire de Javier Milei est un tremblement de terre politique aux effets très concrets : les autorités monétaires ont décidé de dévaluer le peso d’environ 20 % lundi, anticipant la réaction des marchés qui pariaient sur les candidats plus modérés lors de ce scrutin.
Lire plus : Le Brésil accueille un sommet régional pour sauver l’Amazonie
La Banque centrale relève ses taux d’intérêt à 118% face à ce séisme
La victoire de ce candidat antisystème qui rêve de supprimer la banque centrale et de dollariser l’économie argentine a de quoi fragiliser un peu plus une économie déjà plombée par une dette extérieure colossale et une inflation endémique, à deux chiffres depuis douze ans, et de 115 % sur un an. De plus, l’Argentine, troisième économie d’Amérique Latine, est le plus grand débiteur du Fonds monétaire international, qui a approuvé en mars 2022 un programme de 44 milliards de dollars pour refinancer un prêt de 2018. Les derniers programmes n’ont pas réussi à mettre un terme à la crise économique, avec quatre Argentins sur dix vivant désormais sous le seuil de pauvreté. Javier Milei avait d’ailleurs voté contre cet accord que le gouvernement a conclu avec le FMI en 2022.
Ce résultat surprise pouvant affaiblir le peso sur les marchés parallèles lundi et peser sur les obligations qui s’étaient ralliées ces dernières semaines, les autorités monétaires argentines ont pris la décision de dévaluer lundi d’environ 20% le peso, anticipant la réaction des marchés après la percée du candidat “antisystème” Javier Milei. Banco Nacion, plus grande banque publique du pays, affichait lundi un cours officiel du peso à 365,50 pesos pour un dollar, après avoir ouvert à 350, contre 298,50 avant le scrutin. Ainsi, en un mois, la monnaie argentine a perdu 38% de sa valeur.
Quant à elle, la Banque centrale a annoncé une hausse des taux d’intérêt pour les dépôts à terme de 97% à 118%, sa troisième forte hausse en cinq mois, “en ligne avec le réajustement du taux de change officiel”, et afin d’amortir “les anticipations de change, et minimiser la répercussion sur les prix”.
Lire plus : Le resserrement anticipé des politiques monétaires des banques centrales sud-américaines a porté ses fruits
Pour conclure, avec la percée politique surprise du candidat Javier Milei en vue des élections présidentielles d’octobre, la Banque centrale d’Argentine a pris la décision de relever ses taux d’intérêt à 118% pour faire face aux pressions des marchés financiers.
