La région du Caucase reste encore méconnue en Europe, alors qu’elle est à proximité directe des politiques européennes. Trois États composent cet espace : la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Le Caucase est une région montagneuse située entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, aux portes de l’Europe. Elle se trouve depuis toujours au carrefour de cultures et d’influences. Au Nord, c’est l’Empire russe, l’URSS puis la Russie de Poutine, qui possède un rôle d’arbitrage. Au Sud-Ouest nous trouvons les Ottomans puis les Turcs, frères des Azéris mais ennemis des Arméniens. Au Sud-Est c’est la Perse puis l’Iran. L’objectif de cet article sera de comprendre les différents risques et enjeux de la région du Caucase, aussi riche culturellement que complexe.
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La Géorgie, entre Est et Ouest
La Géorgie est une nation chrétienne orthodoxe peuplée de 4 millions d’habitants. Elle borde la Russie au Nord, la Mer Noire à l’Ouest et la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Sud. Tout comme les deux autres pays du Caucase, la Géorgie était au XXe siècle une république socialiste sous l’URSS. Joseph Staline en est d’ailleurs originaire.
À son indépendance en 1991, la Géorgie a connu des tensions intra-territoriales avec des régions séparatistes. L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud déclarent leur indépendance en 1992 et sont soutenues par la Russie. Après des conflits armés impliquant Moscou, ces deux régions sont aujourd’hui toujours occupées par le voisin russe. Tbilissi entretient donc des relations tendues avec Moscou, qui se sont amplifiées avec la guerre en Ukraine de 2022. La Géorgie est sûrement le pays du Caucase voulant le plus se rapprocher de l’Occident. D’ailleurs, il a officiellement déposé sa candidature auprès de l’Union européenne le 3 mars 2022, juste après le début de la guerre russo-ukrainienne (21 février 2022).
L’Arménie, fragile pays chrétien
L’Arménie est le plus petit des trois pays du Caucase avec 3 millions d’habitants. Il est également le seul à ne pas avoir de façade maritime. Le pays est enclavé avec la Géorgie au Nord, l’Azerbaïdjan à l’Est et au Sud, la Turquie et l’Iran au Sud. C’est le premier pays au monde à avoir adopté le christianisme comme religion d’État. De ce fait, l’Arménie est proche de l’Europe et surtout de la France, pays dans lequel une grande diaspora arménienne est implantée.
Le génocide des Arméniens, perpétré par l’Empire ottoman à partir de 1915, a marqué le pays. Les Ottomans voulaient éradiquer la minorité arménienne en mettant en place massacres et déportations. C’est entre 1.2 et 1.5 millions d’Arméniens qui périssent dans le premier génocide du XXe siècle. Ce génocide, que la Turquie n’a jamais considéré comme tel, engendre encore des tensions entre Ankara et Erevan.
L’Arménie entretient également des relations compliquées avec Bakou, notamment autour de la région du Haut-Karabagh. Cette région, à majorité ethnique arménienne, se situe dans le territoire de l’Azerbaïdjan. Ces deux pays ont connu une première guerre de 1992 à 1994, de laquelle l’Arménie sort victorieuse. Mais cette guerre reprend en 2020 puis en septembre 2023 et voit l’Azerbaïdjan s’imposer comme la puissance dominante.
En Europe, l’Azerbaïdjan est souvent qualifié comme étant l’agresseur. Des manifestations ont déjà eu lieu, notamment en France, pour dénoncer les attaques contre l’Arménie chrétienne. Ce sujet est devenu politique en France. Mais bien que le Haut Karabagh soit à majorité chrétienne, la région fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan depuis 1921, lorsqu’elle a été donnée par Staline à l’Azerbaïdjan pour affaiblir l’Arménie. C’est la notion de “prison des peuples” ; ces derniers sont enfermés dans des conflits perpétuels.
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L’Azerbaïdjan en quête de puissance
L’Azerbaïdjan est le plus grand des trois pays du Caucase. Avec plus de 10 millions d’habitants, le pays a une population supérieure à celles de la Géorgie et de l’Arménie réunies. C’est une nation turcophone, d’où sa proximité avec la Turquie. Ces deux pays se considèrent comme étant “une seule nation, deux États”. C’est également un pays musulman chiite, au même titre que son grand voisin du Sud, l’Iran.
Le pays est pleinement impliqué dans sa guerre face à l’Arménie. Mais contre toute attente, l’Europe a pris relativement peu de mesures contre l’État azerbaïdjanais. C’est sans doute lié à l’accord énergétique signé entre l’Europe des 27 et Bakou, qui fait suite à la guerre en Ukraine. L’Azerbaïdjan s’impose comme étant un acteur incontournable dans la géopolitique énergétique, notamment grâce à ses réserves de gaz et de pétrole.
Dans cette guerre, Bakou bénéficie du soutien officiel de la Turquie. Le pays est aussi un grand partenaire commercial et militaire d’Israël, qui lui fournit des armes. La Russie semble avoir rendu la casquette d’arbitre dans la région en se préoccupant uniquement de l’Ukraine. L’Iran cherche à ne pas prendre parti, même si une montée en puissance de l’Azerbaïdjan ne lui serait pas favorable. D’un côté, son rival turc gagnerait encore davantage en influence dans la région. D’un autre, l’Iran possède des régions au Nord à majorité azéri et craint donc le développement d’un sentiment pro-azéri. C’est le concept nationaliste du Grand Azerbaïdjan. Le pays doublerait donc sa population et atteindrait les 20 millions d’habitants azerbaïdjanais.
Conclusion
Le Caucase est donc un carrefour complexe d’influences et de tensions géopolitiques. Cette zone est depuis toujours prise en étau entre trois empires : Russie, Turquie et Iran. D’un côté, la Géorgie aspire à l’Occident. De l’autre, l‘Arménie porte le poids de l’histoire et des conflits territoriaux tandis que l’Azerbaïdjan, fort de ses ressources énergétiques et de partenariats stratégiques, monte en puissance. La récente offensive réussie dans le Haut-Karabagh souligne son rôle central dans la région. Alors que l’Europe s’intéresse davantage au Caucase, la compréhension de ses enjeux et de ses risques revêt une importance cruciale pour la stabilité régionale et internationale.