Dans le paysage économique contemporain, la question des politiques industrielles demeure un sujet d’une importance cruciale pour la promotion de la croissance économique et du développement durable. L’économiste Ha-Joon Chang, bien que moins connu du grand public que certains de ses pairs, apporte une perspective profonde et novatrice à ce débat, en mettant en avant l’importance des politiques industrielles pour le développement économique des nations.
L’approche de Ha-Joon Chang : un rôle étatique crucial
L’approche de Chang repose sur une compréhension profonde de l’histoire économique et sur une analyse rigoureuse des politiques industrielles adoptées par les nations ayant réussi leur industrialisation. Contrairement à certaines théories économiques mainstream, Chang met en avant le rôle actif de l’État dans la promotion de l’industrialisation, notamment à travers des politiques telles que la protection tarifaire, les subventions industrielles et les investissements dans l’infrastructure.
Pour formaliser cette idée, on peut utiliser un modèle économétrique simple qui montre l’impact des politiques industrielles sur la croissance économique. Supposons qu’un pays (P) mette en place des politiques industrielles (PI) qui favorisent le développement de secteurs clés de son économie (S) :
ΔGDPP = β0 + β1 ⋅ PIS + ε
Dans cette équation, ΔGDPP représente la variation du PIB du pays, PIS représente les politiques industrielles spécifiquement ciblées sur le secteur S, et ε représente l’erreur aléatoire. Les coefficients β0 et β1 mesurent respectivement l’effet constant des autres facteurs sur la croissance économique et l’impact spécifique des politiques industrielles sur le secteur ciblé.
Imaginez que vous avez un pays qui cherche à développer son économie. Pour ce faire, il peut mettre en place ce qu’on appelle des “politiques industrielles”. Ces politiques sont comme des décisions que le gouvernement prend pour aider certaines industries à se développer.
Maintenant, ce pays aimerait savoir si ces politiques industrielles fonctionnent vraiment. Pour le découvrir, il regarde ce qui se passe avec son économie, mesurée par quelque chose qu’on appelle le Produit Intérieur Brut (PIB), qui représente la valeur de tous les biens et services produits dans le pays.
Dans ce modèle, on suppose que lorsque le pays met en place des politiques industrielles, cela a un effet sur son PIB. Si les politiques sont bien conçues et mises en œuvre efficacement, le PIB pourrait augmenter. Mais si les politiques sont mal conçues ou mal exécutées, le PIB pourrait stagner ou même diminuer.
Donc, pour résumer, dans ce modèle, les politiques industrielles agissent comme un levier pour stimuler la croissance économique. Si le levier est bien utilisé, cela peut aider le pays à prospérer économiquement.
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Le cas de la Corée du Sud dans les années 60
Illustrons cette thèse à travers un exemple concret, mais peu connu : le cas de la Corée du Sud dans les années 1960 et 1970. Confrontée à une économie agricole en déclin et à une faible industrialisation, la Corée du Sud a adopté une approche interventionniste en matière de politiques industrielles, axée sur la promotion de secteurs clés tels que la sidérurgie, l’automobile et l’électronique.
Cette politique a été soutenue par des mesures de protectionnisme sélectif, des subventions à l’industrie et des investissements massifs dans l’infrastructure. Ces politiques ont permis à la Corée du Sud de passer d’une économie agraire à l’une des principales économies manufacturières au monde en quelques décennies seulement, démontrant ainsi l’efficacité des politiques industrielles bien conçues.
Pourtant, l’approche de Chang ne se limite pas à l’analyse historique des politiques industrielles. Il souligne également l’importance de l’adaptation des politiques industrielles aux réalités spécifiques de chaque nation, en tenant compte des particularités culturelles, institutionnelles et géographiques.
“Les politiques industrielles ne sont pas une recette universelle, mais doivent être adaptées au contexte spécifique de chaque pays.” – Ha-Joon Chang
Cette citation met en avant l’importance de l’approche pragmatique et contextuelle de Chang dans l’élaboration des politiques économiques. Ainsi, il faut revenir à l’idée d’un État intelligent qui s’adapte plutôt qu’un État borné qui n’écoute que ces politiques aux visions dépassées.
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