Allemand, Géopolitique

L’armée allemande est-elle à un tournant ?

On le voit tous les jours dans l’actualité, le monde qui nous entoure est de plus en plus belligérant : conflits au Proche-Orient, guerre en Ukraine, tension entre la Chine et les États-Unis, les conflits se multiplient partout dans le monde. C’est pourquoi il est primordial de comprendre les différents tenants et aboutissants qui entourent les puissances militaires du XXIe siècle. L’Allemagne a été au cœur des conflits du XXe siècle, mais comment décrire la doctrine militaire allemande actuelle ? L’Allemagne peut-elle compter sur son armée, la Bundeswehr, à l’heure d’aujourd’hui ?

Origine de la Bundeswehr

Aux sorties de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne s’est vu imposer de nombreuses sanctions et le domaine militaire n’y a bien sûr pas échappé. Il fut exigé que l’Allemagne ne pouvait, à cette époque, avoir sa propre armée et ne pouvait également prétendre au statut de puissance militaire possédant l’arme nucléaire. Cependant, en 1955, la Bundeswehr voit le jour. Cette dernière fait suite aux accords de Paris de 1954 qui autorisèrent la RDA à rejoindre l’OTAN. En effet, suite à la guerre de Corée (1950-1953), les puissances occidentales commencent à prendre conscience de l’importance stratégique de la militarisation allemande. L’échec de la CED (Communauté européenne de défense) de 1954 et la formation du Pacte de Varsovie (1955-1991) feront par ailleurs partie des différentes raisons amenant à la création de la Bundeswehr.

Néanmoins, c’est une armée restreinte en termes de nombre d’hommes qui naît à l’époque. Pour autant, au moment de la réunification allemande (1990), la Bundeswehr compte 600 000 soldats dans ses rangs, ce qui est bien plus qu’aujourd’hui où l’armée allemande est composée de près de 180 000 soldats. C’est la fin de la Guerre froide et le désarmement progressif des puissances européennes qui explique cette différence.

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L’annexion de la Crimée de 2014 : une première prise de conscience

L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 marque un vrai premier tournant dans la politique militaire allemande. Cette prise de conscience eût pour conséquence le “Livre Blanc allemand de 2016”, dans ce dernier, on peut lire que l’Allemagne doit “prendre ses responsabilités” pour redevenir une puissance militaire de premier rang. À la suite de cette publication, l’objectif était de redynamiser l’industrie et les effectifs allemands en augmentant les dépenses et les recrutements.

Mais pour autant, l’Allemagne reste, suite à cette prise de conscience, une puissance militaire moyenne. Certes, elle possède un potentiel industriel important, mais l’Allemagne par manque de main d’œuvre accumule les retards de livraison. De plus, cette dernière est prête à défendre son territoire et ses alliés, mais fait preuve de plus de fébrilité en ce qui concerne les interventions extérieures.

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La situation actuelle est-elle alarmante ?

Le 27 février 2022, trois jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Olaf Scholz tenait un discours au Bundestag. Dans ce dernier, il parla d’un changement d’époque (Zeitenwende) et annonça un projet de financement de la Bundeswehr à hauteur de 100 milliards d’euros. L’objectif de cette mesure est de faire grimper les dépenses militaires à hauteur de 2 % du PIB national. Un objectif atteint, pour la première fois depuis des années, en 2024.

En effet, on peut affirmer qu’un réel tournant est observable depuis l’année passée. Nommé ministre de la Défense en 2023, Boris Pistorius est la figure emblématique de ce renouveau cherché par la chancellerie. En avril dernier, il indiqua la formation d’une “nouvelle structure de commandement”, une quatrième force armée nommée “cyberespace et information” verra donc le jour aux côtés de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air.

L’armée allemande a également besoin de soldats. Le service militaire n’est plus obligatoire en Allemagne depuis 2011, ainsi pour enrôler de nouveaux soldats, le ministère de la Défense a récemment opté pour la mise en place d’un formulaire à remplir, avec la possibilité de s’engager à la suite de ce dernier. La question du recrutement de ressortissants européens est aussi aujourd’hui au centre des débats pour gonfler les rangs de l’armée allemande.

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Les défis qui attendent l’armée allemande dans les années à venir

Le principal enjeu qui attend la stratégie militaire allemande est bien celui de la Guerre en Ukraine. Lors de la publication du budget de 2025, c’est bien la part du budget consacré à l’aide aux Ukrainiens qui a fait le plus parler. Contraint à l’austérité, l’Allemagne prévoit 4 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine au lieu de presque 8 milliards l’année passée. Ce qui n’est pas négligeable en temps de guerre, mais malgré tout l’Allemagne continue d’afficher son soutien indéfectible aux Ukrainiens dans une guerre qui commence à durer.

On peut aussi évoquer l’enjeu du couple franco-allemand. En 2016, quand le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, ce dernier laisse une place importante dans la défense européenne que n’a pas encore prise l’Allemagne. Ainsi, la question d’une défense commune à l’échelle européenne continue de se poser. Pour autant, il semble que l’Allemagne ne partage pas la vision française sur ce sujet et préférerait opter pour des accords bilatéraux entre les membres de l’UE. Comme c’est le cas, par exemple, avec le projet du MGCS (Main Ground Combat System), un véhicule blindé “hyperconnecté” annoncé conjointement par la France et l’Allemagne en 2023.

Pour ce qui est de la défense nucléaire, l’Allemagne ne possède pas l’arme nucléaire, mais reste sous la protection de ses alliés dans ce domaine. Une protection qui pourrait être remise en question en fonction du résultat des prochaines élections américaines. En effet, la possible administration Trump future est imprévisible et pourrait remettre en question cette protection.

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Conclusion

Pour conclure, effectivement, il semble que l’armée allemande soit à un tournant. Contrainte à évoluer par le climat de tensions actuel, l’Allemagne se doit de repenser sa stratégie militaire au sein d’une Europe de plus en plus fragmentée et remise en question.