L’alimentation est un sujet central, qui influence grandement l’organisation des sociétés. Voici les références à connaître sur ce thème !
Une thèse fondamentale sur les ressources alimentaires
Evolution agraire et pression démographique, Ester Boserup, 1970
Dans cet essai, l’autrice développe la thèse selon laquelle une hausse de la population rurale favorise une intensification de la production agricole dans les pays en développement. Elle considère que la force de travail est primordiale pour satisfaire les exigences de développement. De fait, le recours au financement et l’accès au capital reste difficile.
Cette thèse est novatrice puisqu’elle s’oppose à la vision malthusienne. Dans Essai sur le principe de la population (1798), Malthus explique qu’une hausse de la croissance démographique crée des pénuries, puisqu’il n’y a plus assez de ressources pour l’entièreté de la population.
Les disparités entre différents systèmes alimentaires
Le système alimentaire mondial, J. L. Rastoin, 2010
Rastoin définit le système alimentaire comme un réseau interdépendant d’acteurs liés dans un espace géographique donné et participant à la création de flux de biens et services orientés vers la satisfaction de besoins alimentaires.
L’auteur différencie quatre stades du système alimentaire. Le premier est une agriculture fondée sur une autosubsistance en circuit court. Par la suite, il peut évoluer vers un modèle “artisanal“, où il existe des petites transformations de matières premières en lien avec l’urbanisation. Ensuite, on passe à un modèle “agro-industriel“. La valeur ajoutée des industries agricoles et industrielles sont alors aussi importantes que celle de l’agriculture dans un complexe de production alimentaire. Finalement, le stade le plus évolué est le stade “agro-tertiaire“, où l’on retrouve une prépondérance de services dans le domaine.
Le modèle “agro-tertiaire”se caractérise par une intensivité et une forte spécialisation dans l’exploitation. Les activités sont concentrées et financiarisées. Par exemple, 80 % de la part du commerce mondial de blé est contrôlée par quatre grands négociants. Il s’agit des groupes Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus. Ainsi, avec ces évolutions dans le secteur, il devient de plus en plus difficile de savoir d’où vient la production. Cependant, Rastoin rappelle que le modèle “agro-tertiaire” n’a pas remplacé tous les autres. En effet, les formes traditionnelles d’exploitation avec une dimension artisanale continuent de représenter 55 % de la consommation alimentaire mondiale.
L’agriculture comparée, Hubert Cochet, 2011
Dans cet ouvrage, Hubert Cochet dresse une comparaison de la “corn belt” aux Etats-Unis et de la production agricole en zone sahélienne. Les différences entre ces deux espaces sont frappantes. Par exemple, un agriculteur américain peut cultiver 450 hectares de maïs et soja par actif. En comparaison, au Burkina Faso, un actif cultive en moyenne seulement 0,6 hectare. Ceci ne représente même pas assez pour l’alimentation annuelle d’une famille.
De plus, les agriculteurs de la “corn belt” ont en majorité une production automatisée et mécanisée, grâce à l’usage de technologies de pointe. Dans la zone sahélienne, il existe très peu de capacité d’innovation, ce qui limite les possibilités de croissance de la production.
La question des famines
Pauvreté et famines, Amartya Sen, 1982
Dans cet essai, Amartya Sen donne une nouvelle perspective en ce qui concerne les famines. De fait, il attribue leur origine non pas à une insuffisance de nourriture, mais à des problèmes liés à son accessibilité. Il aborde entre autres les famines survenues en Inde, au Bangladesh et en Afrique Subsaharienne. Ce sont les inégalités engendrées par les mécanismes de distribution qui créent ces “droits d’accès” différenciés à la nourriture.
Ainsi, les famines sont avant tout la conséquence de mauvais choix politiques. C’est pour cela que l’essayiste plaide pour des gouvernements démocratiques. Il déclare que “la famine apparaît seulement là où il n’y a pas de démocratie“.
Lire plus : Zoom sur Amartya Sen, prix Nobel 1998
Famines et politique, Sylvie Brunel, 2002
Sylvie Brunel dresse dans cet ouvrage une typologie des différentes famines, en montrant qu’elles sont très liées à des contextes politiques.
L’autrice divise les famines politiques en deux grandes catégories. Elle aborde en premier lieu la question des famines traditionnelles. Parmi elles, il y a celles qui sont orchestrées dans le but d’éliminer des minorités (à l’image de celles des années 1931-1933 en Ukraine). D’autres sont décrites comme assumées, puisqu’elles correspondent à des effets collatéraux de mauvais choix politiques. Ce fut le cas de la crise en Chine en 1958. Au contraire, certaines sont niées et donc masquées aux yeux du monde, comme celle du Darfour en 1991.
Un deuxième type sont les famines modernes. Elles peuvent être exposées, dans le but d’obtenir de l’aide internationale, comme a pu le faire l’Ethiopie dans les années 1990.
Certaines sont même créées pour attirer l’aide internationale. Au Liberia, des seigneurs de la guerre avaient supprimé des sources de nourriture pour faire venir des ONG. Les ressources alimentaires fournies étaient alors reprises pour être redistribuées dans des réseaux de contrebande.
Ainsi, les famines ont un lien fort avec les décisions politiques.
Vers de nouvelles formes d’agriculture ?
Famine au Sud, malbouffe au Nord, comment le bio peut nous sauver, Marc Dufumier, 2013
Selon Marc Dufumier, le modèle capitaliste ne convient pas à l’agriculture. En effet, l’exploitation des terres pour maximiser les profits a des conséquences néfastes sur l’environnement. Ceci nuit donc à la production sur le long terme, puisque la qualité des sols est dégradée. Ce modèle n’est donc pas durable s’il reste dominé par les grands intérêts de l’agro-industrie.
Ainsi, pour contrer ce problème, il s’agirait de passer à une agriculture biologique. Cette dernière valorise les écosystèmes et s’inscrit donc dans une démarche écologique.
Lire plus : Les enjeux de l’alimentation et de l’agriculture dans le monde (analyse de sujet)