La liberté de la presse est essentielle pour construire un Etat de droit et une démocratie solides. Si certains pays en Amérique latine présentent des avancées sur cette question, d’autres sont loin de garantir cette liberté, pourtant fondamentale.
Une situation inégale entre pays
Les conditions de travail des journalistes sont très contrastées selon les pays latino-américains. Le Costa Rica occupe la 8e place dans le classement mondial de la liberté de la presse de 2022. D’un autre côté, des dictatures comme le Nicaragua ou Cuba se situent à la 160e et à la 173e place respectivement.
Certaines lois ont été votées, pour favoriser ou au contraire brider la liberté de la presse. En 2014, l’Uruguay a adopté la loi des services de communication audiovisuelle (ley de Servicios de Comunicación Audiovisual). Elle vise à protéger le pluralisme des médias au sein du pays en instaurant plusieurs objectifs. Par exemple, la loi doit garantir une représentation équitable des différents groupes sociaux uruguayens. De plus, elle érige le droit à l’information de tous les citoyens comme fondamental. Elle prévoit aussi de mettre en place des processus participatifs, où les citoyens prennent part aux décisions concernant les médias.
Une année plus tôt, en 2013, l’Equateur a adopté la loi sur la communication (ley Orgánica de Comunicación). Cette dernière a suscité de nombreuses critiques, car elle mettait en danger la liberté d’expression. En effet, le gouvernement a instauré des restrictions sur le contenu diffusé dans les médias. La loi contraignait aussi les journaux à obtenir une licence de diffusion avant la publication d’articles. Cette licence peut être utilisée pour empêcher la parution d’articles écrits par l’opposition. De plus, les journalistes qui couvraient des thèmes sensibles ou controversés pouvaient se voir octroyer une amende pour violation de la loi.
Le Mexique, pays dangereux pour les journalistes ?
Le Mexique est souvent dénoncé pour les violations faites à la liberté de la presse. Il s’agit du pays le plus dangereux pour les journalistes, parmi les pays qui ne sont pas engagés dans une guerre. En effet, les journalistes sont victimes de violences et risquent leur vie au quotidien. En 2021, 45 d’entre eux sont morts dans le cadre de leur profession.
Le cas de Heber López Vásquez est révélateur quant aux conditions de travail dangereuses auxquelles ils peuvent être confrontés. Vásquez était un journaliste spécialisé dans les actualités touchant à la sécurité du pays. En 2022, il avait dénoncé un cas de corruption. Il s’agissait d’un détournement de fonds dans un projet de construction de brise-lames à Salina Cruz, un village au sud-ouest du pays.
Peu après la publication de son article, Vásquez a été assassiné par des groupes rebelles de la région. Cette mort tragique illustre le fait que la plupart des journalistes visés par ces violences écrivent pour des journaux locaux. C’est lorsqu’ils abordent des sujets sensibles, comme la corruption ou les dérives des gouvernements locaux, qu’ils mettent leur vie en danger.
Cette méfiance vis-à-vis de la presse était encouragée durant la présidence d’Andrés Manuel López Obrador. Ce dernier tenait des propos problématiques en ce qui concerne les médias. Il les accusait de propager des fausses informations ou de défendre leurs intérêts particuliers. Il a également suggéré à de nombreuses reprises que certains journalistes manipulaient l’information pour nuire à son gouvernement.
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Des initiatives mises en place pour protéger les journalistes
Les nombreuses censures de la presse et agressions de journalistes ont poussé à mettre en place des initiatives pour contrer ce phénomène. A commencer par le Mexique, qui a adopté la loi sur le monopole des télécommunications en 2014 (ley federal de telecomunicaciones y radiodifusión). Elle visait entre autres à réduire la concentration des médias, en imposant des restrictions aux entreprises dominantes sur le marché.
À Cuba, en 2014, le gouvernement a bloqué l’accès au blog Generación Y de Yoani Sánchez. Cette journaliste écrivait des articles critiques du pouvoir. La censure de son blog a donc été perçue comme une infraction à la liberté d’expression. Par la suite, en 2018 a été adopté le décret 349 qui exigeait une autorisation pour les journalistes et les artistes avant qu’ils produisent des contenus. Ces événements ont précipité un mouvement de protestation de la part des artistes, journalistes et universitaires. Cette vague de manifestations est connue sous le nom du mouvement San Isidro. Les citoyens mobilisés demandaient une plus grande liberté de la presse.
Par ailleurs, des initiatives plus globales existent aussi. En 2017 a été créé le site “Forbidden Stories” (histoires interdites). Il offre aux journalistes menacés un lieu sûr pour la publication de leurs informations. Il permet aussi de continuer les recherches initiées par des reporters tués dans le cadre de leur travail. Par exemple, Javier Valdez Cárdenas a été tué en 2017 après avoir révélé des informations sur le trafic de drogue dans le cartel de Sinaloa. Certains membres du site ont poursuivi les recherches qu’il avait entamées avant sa mort.
Vocabulaire sur le journalisme
Et pour finir, voici une liste de vocabulaire sur le thème du journalisme.
- periodista : journaliste
- pluralismo : pluralisme
- prensa local : presse locale
- arriesgarse la vida : risquer sa vie
- amenazas : menaces
- atentar contra : porter atteinte à
- infringir : enfreindre
- desfalco : détournement de fonds
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