Les villes sont des espaces essentiels à étudier pour comprendre les dynamiques géographiques et économiques contemporaines. Voici la deuxième partie sur les références à connaître sur ce thème !
Rapport sur l’état des villes dans le monde, rapport de l’ONU, 2013
Le “mal développement” des villes
Ce rapport de l’ONU analyse la situation des villes à l’échelle mondiale. Les auteurs du rapport déplorent ce qu’ils appellent un “mal développement” dans de nombreuses villes. Ce sont surtout les villes considérées comme émergentes qui sont touchées par ce problème. On peut citer Dakka, Nairobi ou encore Bangalore. Ce “mal développement” se manifeste par le fait qu’il y a de fortes inégalités de développement en fonction des régions. En effet, certains fragments de la ville sont bien desservis et bénéficient d’infrastructures fonctionnelles. Au contraire, dans certains quartiers, il y a une absence inquiétante de services publics. Les habitants de ces zones se trouvent pour la plupart dans une situation de pauvreté. Ainsi, l’expression “mal développement” renvoie au fait que les villes émergentes se sont développées de manière irrégulière.
Or, ceci a des effets sociaux négatifs. En effet, dans les zones délaissées par les pouvoirs publics, il est commun de chercher des solutions informelles et illégales. Ceci se fait pour avoir un accès aux services urbains. Ces services sont proposés par des groupes rebelles. Par exemple, les Frères musulmans sont très actifs dans les quartiers défavorisés au Moyen-Orient. Il s’agit d’une organisation panislamique fondée en Egypte en 1928. Afin de s’assurer un soutien des citoyens, ils mènent des projets d’infrastructures dans les zones délaissées par les pouvoirs publics.
Un nouvel indicateur pour les villes
Le rapport critique également les politiques urbaines focalisées uniquement sur la croissance économique. La plupart se sont soldées par des échecs et ont engendré des “mal développement”. Ceci est principalement dû au fait que ces politiques ont négligé la redistribution. On peut donc constater une baisse du PIB par habitant couplée à une hausse de la croissance urbaine dans les pays en développement entre 1970 et 2000.
Finalement, le rapport propose un nouvel indice afin de mesurer la qualité du développement des villes : le city prosperity Index. Il prend en compte de nombreux critères, ce qui peut permettre d’élaborer des politiques publiques efficaces. Les critères sont entre autres la productivité, la qualité de vie, le développement des infrastructures, la durabilité environnementale ou encore l’inclusion sociale au sein de la ville étudiée.
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La planète bidonville, Mike Davis, 2005
Dans cet essai, Mike Davis nuance l’idée selon laquelle il y aurait une hausse constante du nombre de métropoles dans le monde. Par exemple, en Chine, la part relative des grandes métropoles a décliné par rapport à l’ensemble de la population urbaine. En effet, après les réformes libérales de 1979, les habitants des zones rurales ont été expropriés et donc chassés de leurs terres. Ils se sont donc installés dans les petites villes et bourgs avoisinants. Ainsi, beaucoup de citoyens résident dans des villes à taille modérée.
L’auteur étudie également le phénomène des bidonvilles, présents dans la plupart des métropoles. Dans les pays en développement, les habitants de bidonvilles représentent 78 % de la population urbaine.
Dans certains espaces, on retrouve même des “bidonvilles à l’intérieur des bidonvilles”. C’est le cas de Delhi en Inde. Les bidonvilles sont surpeuplés. Ainsi, les nouveaux arrivants en villes qui ne peuvent se loger autre part que dans des bidonvilles s’installent en périphéries de ces espaces. Ainsi, les bidonvilles s’étendent de plus en plus.
Rebel cities, David Harvey, 2012
Dans cet essai, David Harvey étudie les villes, et plus spécifiquement leur rôle dans la création d’inégalités, tant sociales qu’économiques. Il analyse le phénomène de capitalisme urbain. Ce dernier participe à une forme de ségrégation spatiale. Les classes les plus riches s’installent dans des espaces gentrifiés, tandis que les plus pauvres résident dans des quartiers défavorisés. De plus, des activités comme la spéculation foncière accentuent les inégalités dans la redistribution des richesses.
Le capitalisme engendre également une tendance à la surproduction. Or, les villes concentrent un grand nombre de citoyens. Ainsi, elles deviennent des espaces qui offrent des conditions favorables à la production de masse. De fait, il y a une forte demande et un marché en expansion, avec la densification croissante des métropoles. Les villes sont donc particulièrement influencées par les logiques capitalistes.
Cependant, l’essayiste souligne que ces mêmes villes peuvent se transformer en foyer de résistance anticapitaliste. Ce sont des espaces qui accueillent de nombreux mouvements sociaux protestant contre les inégalités persistantes. On peut citer le mouvement “Occupy Wall Street”. En 2011, de grandes manifestations ont eu lieu à Wall Street, rue mythique à New York qui concentre le siège des plus grandes banques et sociétés américaines. Les participants ont dénoncé les abus du capitalisme financier.
David Harvey invite donc les citoyens à se réapproprier leur lieu de vie. Ils peuvent le transformer, de manière à ce qu’il réponde à des besoins sociaux plutôt qu’à des impératifs économiques.
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