Le 4 août 2020, une double explosion avait eu lieu dans le port de Beyrouth, due à une importante quantité de nitrate d’ammonium stockée sans précaution depuis six ans dans un hangar du port. 214 personnes y ont laissé leur vie et 6 500 personnes furent blessées. De nombreux bâtiments se sont effondrés et des quartiers entiers ont été réduits à néant, à tel point que la Banque mondiale avait estimé à près de 4 milliards d’euros les dégâts causés par cette double explosion. Depuis ce jour, le Liban est donc plongé dans une profonde crise politique et économique dont il peine à s’extirper. Surtout que, s’additionnent à cela, une reconstruction au ralenti, une enquête qui n’a toujours pas donné son verdict et des ingérences étrangères qui affaiblissent encore plus le Liban.
Une enquête qui piétine
Voilà un an que le drame a eu lieu et toujours aucun responsable de l’État libanais n’a été traduit en justice. En effet, l’enquête libanaise piétine et ce, notamment du fait d’interventions politiques. C’est pourquoi, une manifestation a eu lieu ce mercredi 4 août 2021 pour réclamer la vérité et la transparence dans cette affaire.
Le principal obstacle au bon déroulé de l’enquête est le refus des dirigeants politiques libanais de comparaître devant la justice et de lever l’immunité des hauts dirigeants qui sont soupçonnés d’avoir une part de responsabilité dans la double explosion. Selon l’avocat Youssef Lahoud, qui représente plus de 1 000 victimes de l’explosion, ces hauts dirigeants essayent tout bonnement d’échapper à la justice et de ne pas avoir affaire à celle-ci.
Pourtant, le juge d’instruction Tarek Bitar semble tout de même bien avancer dans le dossier, si bien qu’il souhaite annoncer d’ici la fin de l’année les conclusions tant attendues de l’enquête. Il ne doit plus traîner car l’absence d’accusations dans cette affaire, bloque les indemnisations des victimes par les compagnies d’assurance et surtout, empêche les familles des victimes de pouvoir commencer leur processus de deuil.
L’aide internationale pour permettre au Liban de sortir de la crise
Le 4 août 2021, se tenait également, une conférence organisée par la France et l’ONU pour tenter d’alléger les maux du Liban qui traverse une crise politique et économique sans précédent. L’urgence de cette conférence était de répondre à la crise économique sans oublier toutefois, de continuer à faire pression sur les responsables libanais. Car, même si la crise économique semble davantage préoccupante, la crise politique n’est pas des moindres : le Liban demeure sans gouvernement depuis la démission d’Hassan Diab et de son équipe suite au drame de l’an dernier. Et, le nouveau premier ministre, Najib Mikati, désigné le 26 juillet 2021, n’a toujours pas formé de gouvernement. Le Liban traverse alors bel et bien l’une des crises majeures de son histoire tant sur le plan politique qu’économique.
Lors de cette conférence, le président français Emmanuel Macron a fustigé les dirigeants libanais qui n’ont tenu aucun engagement durant un an et qui force donc leur pays à vivre de la solidarité internationale. Il a annoncé de son côté, une aide d’urgence avoisinant les 100 millions d’euros pour que la population libanaise puisse subvenir à ses besoins. Le président américain Joe Biden et le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, ont eux aussi annoncé des aides, respectivement de près de 100 millions de dollars et de 40 millions d’euros. Au total, 370 millions de dollars d’aide internationale ont été promis durant cette conférence.
Enfin, en plus de la crise politique et économique auquel est confronté le Liban, il est également secoué de plein fouet par la crise sanitaire qui touche le monde entier. C’est pourquoi, la France va envoyer 500 000 doses de vaccins contre le COVID-19 et l’Union européenne va aider le Liban à hauteur de 5,5 millions d’euros pour faire face à cette pandémie.
Des ingérences étrangères qui affaiblissent davantage le Liban
En ce jour d’anniversaire du 4 août 2021 a donc eu lieu, une manifestation pour que l’enquête sur les responsables de l’explosion s’accélère et pour rendre hommage aux victimes, une conférence internationale pour aider le Liban mais également des frappes aériennes, revendiquées par Israël ce jeudi 5 août 2021…
L’aviation israélienne a en effet, revendiqué, pour la première fois depuis 2014, une série de bombardements sur le territoire libanais, plus précisément dans le sud du Liban, d’où deux roquettes avaient été tirées en direction d’Israël plus tôt dans la journée. L’armée israélienne indique d’ailleurs dans un communiqué avoir visé des « sites de lancement et des infrastructures terroristes » au Liban. Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a pour sa part, précisé qu’à l’avenir une réponse « appropriée et proportionnée » serait donnée à « toute frappe aérienne d’Israël sur le Liban ».
Les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne coïncident avec une recrudescence des tensions entre l’État hébreu et l’Iran – allié du Hezbollah et ennemi d’Israël – dans la foulée d’une attaque meurtrière contre le pétrolier Mercer Street géré par la société d’un milliardaire israélien, en mer d’Oman, le 29 juillet 2021. Israël, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, avait aussitôt accusé l’Iran d’être derrière cette attaque ayant fait deux morts et qui n’avait pas été revendiquée.
Ainsi, un an après, le Liban n’est pas parvenu à sortir la tête de l’eau et continue d’être amoindri par des problèmes de toutes natures…, surtout que le Hezbollah – groupe chiite basé au Liban à Beyrouth – mène des actions qui vont à l’encontre du Liban et de sa population. Par exemple, ce groupe serait responsable de l’assassinat de l’intellectuel libanais Lokman Slim en février 2021 car ce dernier était un opposant opiniâtre au Hezbollah.
Les sujets sur lesquels vous pouvez utiliser cet article en dissertation
- Les sujets sur la géopolitique au Moyen-Orient. Exemple de sujet de concours : Influences et ingérences étrangères au Proche et au Moyen-Orient (ESCP 2016).
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- Les sujets sur le multilatéralisme (par rapport à l’aide internationale octroyée au Liban). Exemple de sujet de concours : Le multilatéralisme est-il menacé ? (GEM 2019).
Lire plus : Le multilatéralisme est-il menacé ?
- Les sujets sur les enjeux du développement au Moyen-Orient. En effet, le Liban est un État encore largement dépendant de la rente, et dont le contexte politique et géopolitique est difficile et qui doit en plus, depuis l’explosion, parvenir à se reconstruire. Exemple de sujet de concours : Le développement du proche et du Moyen-Orient, otage des ressources naturelles et des fractures géopolitiques (Ecricome 2010).
Une œuvre pour faire la différence
Charif Majdalani, Beyrouth 2020 – Journal d’un effondrement. Dans son livre salué par un prix spécial du Femina 2020, le romancier libanais dresse un témoignage commencé au début de l’été 2020 concernant l’état du Liban, et dont l’explosion du 4 août 2021 n’a été que le bouquet final d’un pays déjà en déliquescence tant économiquement que politiquement.
