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Patrick Artus, L’économie post-covid : Les huit ruptures qui nous feront sortir de la crise

Sommaire

Patrick Artus et Olivier Pastré commencent leur livre par deux certitudes : la première certitude de cette crise quant aux entreprises est qu’elles vont voir leurs taux d’endettement augmenter. Elles vont pouvoir le compenser par une baisse de salaire ou une baisse des investissements cependant elles vont avoir un besoin en fonds propres à court terme. C’est un vrai problème et à long terme évidemment, l’endettement en est un autre. Déjà que les entreprises françaises souffraient d’une sous-capitalisation, la crise va accentuer la baisse d’investissement de ces dernières ce qui va in fine conduire à une sous compétitivité de nos entreprises. Deuxième certitude pour les entreprises, les ETI, qui sont déjà endettées, elles vont emprunter à court terme ce qui les sauvera mais à long terme ce sera un « vrai bain de sang » pour reprendre l’expression de l’auteur. On peut donc s’attendre à une explosion des faillites et un recul historique de la création entreprise.

La solution serait donc de suspendre les règles prudentielles comme Bâle III qui limitent fortement les investissements des institutions financières dans les fonds propres de l’entreprise. Il faut booster l’investissement dans les fonds propres.Il faut cependant éviter deux choses : que des entreprises zombies soit perfusées, autrement dit, il faut que l’entreprise souffre d’une crise de liquidité et non de solvabilité. Ensuite il faut absolument que les pouvoirs publics donnent une priorité au TPE.

 

 

Quel capitalisme après la crise ?

Ensuite, Patrick Artus et Olivier Pastré émettent une critique du capitalisme neo-liberal en plusieurs points :

  • Le point central, peut-être le plus important est le rendement exigé par l’actionnaire, le rendement du capital (ROE)
  • L’écart entre le rendement des fonds propres et les taux d’intérêt à long terme. Pour les pays de l’OCDE, l’écart était de trois points dans les années 1990 alors qu’il est de 13 points aujourd’hui
  • Les délocalisations qui ont couté cher pour l’emploi des pays de l’OCDE, de 20% en 1990 à 11% aujourd’hui 
  • L’augmentation depuis 2004 du rachat d’actions financé par l’endettement ce qui conduit à une explosion de l’endettement des entreprises
  • Le partage défavorable des revenus pour les salariés puisque leur salaire réel a augmenté de 22 % en 30 ans alors que leur productivité a augmenté de 50%. L’état a dû compenser ce manque par une explosion des investissements publics et donc de la dette publique
  • L’utilisation d’énergies fossiles extrêmement polluantes provoquant des dérèglements climatiques
  • Pour finir, la reconstitution des monopoles, notamment pour les entreprises technologiques est un réel problème même si ce phénomène n’est par essence pas lié au capitalisme neo-libéral

Ils expliquent également qu’il risque d’y avoir un véritable décalage entre les opinions publiques et ce que les entreprises vont réellement mettre en place. Alors que beaucoup pensent qu’en sortant de la crise, le capitalisme sera beaucoup plus soutenable et durable, que les besoins des salariés seront mieux pris en compte, que des relocalisations auront lieux, cela parait complexe voire incertain. 

Quelles politiques économiques face à la crise ?

Face au risque d’affaiblissement durable et dramatique de la croissance potentielle de l’économie française, Patrick Artus et Olivier Pastré proposent « une politique économique de rupture » autour de huit propositions :

  1. Un soutien aux catégories les plus touchées par un revenu universel ciblé sur les catégories les plus fragilisées (les jeunes et les précaires notamment) 
  2. Une réforme des retraites pour alléger la pression fiscale sur les entreprises et les aider à investir 
  3. Créer un choc de compétences par une réforme de la formation professionnelle et un investissement en capital humain pour accompagner les réallocations d’emplois entre les différents secteurs de l’économie 
  4. Inventer un partenariat entreprises-État sur les technologies d’avenir : un soutien public par des commandes publiques, des financements et des orientations claires, et une prise de risque des entreprises autour de grands projets 
  5. Refonder les normes prudentielles : un moratoire et un recalibrage des normes prudentielles de la banque et de l’assurance (Bâle III ) 
  6. Mener une véritable transition énergétique et la mise en place d’une taxe carbone 
  7. Inverser le processus de décentralisation, avec un éclaircissement en termes de répartition des pouvoirs entre les différents échelons administratifs du pays 
  8. Opérer une rénovation du syndicalisme et de son financement pour le rendre plus transparent 

Finalement, penser l’après-Covid est vital. Deux scénarios sont envisageables. Le premier est celui d’une aggravation de la crise sanitaire, économique et sociale, faute de réponses adaptées. Le scénario alternatif est celui de la maîtrise, même imparfaite, de la pandémie et d’une refonte de l’économie mondiale sur des bases plus saines et durables. 

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref