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La colonisation anglaise en Amérique du Nord

Sommaire

Je vous propose une fiche sur le premier chapitre de l’ouvrage de référence Les Américains écrit par André Kaspi. Il aborde en profondeur le début de l’histoire des colonies américaines. Cette fiche vous aidera à étoffer votre connaissance en civilisation. 

La colonisation anglaise en Virginie

 

1) Une arrivée tardive

Les Anglais ont longuement hésité avant de prendre la mer pour l’Amérique. Ils se sont laissés devancer par trois nations : le Portugal, l’Espagne et la France. Dès lors, deux questions essentielles se posent : 

Pourquoi l’Angleterre est-elle absente de ce jeu de colonisation ? Elle est tout simplement trop faible. Elle est occupée par ses conflits internes, par sa rupture avec le pape et trop intéressée par les affaires du continent européen. Vers la fin du 16ème siècle, l’Angleterre change. La querelle religieuse s’apaise. L’économie du pays prospère. Des aventuriers de talent, les “loups de mer” sont prêts à se lancer dans des expéditions lointaines.

Si l’Europe a déjà découvert et colonisé l’Amérique, pourquoi l’Amérique du Nord est-elle encore inexplorée ? La vérité est que le Portugal et l’Espagne ne sont pas vraiment intéressés par l’Amérique du Nord, notamment à cause de quelques expéditions infructueuses. Quant à la France, elle a déjà exploré l’Amérique du Nord. En 1535, Jacques Cartier remonte le Saint-Laurent et fonde le Québec : il pose les fondements d’une présence française. Mais encore une fois, l’Amérique du Nord ne séduit pas énormément les Français : elle est jugée comme une terre inhospitalière et sans importance économique. 

 

2) Le début d’une grande expédition anglaise

Les Anglais partent à la conquête de l’Amérique. En 1576, Sir Humphrey Gilbert suggère d’y implanter une colonie qui constituerait une base maritime contre l’Espagne, l’ennemi principal de l’Angleterre, et une source d’exploitation des richesses locales. L’idée d’une grande expédition anglaise est dans l’air. 

Bien que toutes ces expéditions se révèlent être des échecs, les Anglais ne se découragent pas. Ils ressentent désormais “les effets du virus de la colonisation” : Ils se mettent à rêver de l’Amérique. C’est la naissance d’une utopie. 


3) Les problèmes de l’Angleterre 

En 1607, les Anglais posent enfin le pied en Amérique, plus précisément en Virginie. 

Mais l’Angleterre rencontre deux problèmes dans sa quête de coloniser l’Amérique. D’abord : l’état d’esprit des colons anglais. Ils ne sont pas agriculteurs, et ne veulent pas travailler la terre. Ils s’inspirent du modèle espagnol : les indigènes travaillent, les Européens surveillent, organisent et empochent le profit. Mais cela n’est pas possible : les Indiens d’Amérique du Nord ne sont pas très dociles, et le maïs cultivé massivement en Amérique ne rapporte pas grand-chose. 

L’autre problème est le peuplement des colonies. En d’autres termes : il faut amener des femmes en Amérique. Une propagande est mise en place pour convaincre les jeunes filles qu’elles y trouveront un mari et du bonheur. 

 

Une autre colonisation anglaise

 

1) Une colonisation religieuse…

En 1620, une autre colonie est fondée sur le continent américain. La raison n’est pas économique, mais religieuse et trouve racine en Angleterre.

Depuis 1534, L’Eglise anglaise ne reconnaît plus l’autorité du pape, mais celle de leur roi. Sous l’influence des idées calvinistes, les anglicans deviennent de plus en plus protestants. De plus, on voit éclore certains autres courants : le presbytérianisme, le congrégationalisme, le puritanisme.  Rompant tout lien avec les anglicans, les Pèlerins (qui sont puritains) décident de fuir et arrivent en Nouvelle Angleterre. Leur installation est très difficile : augmentation lente de la population, difficulté à se nourrir, à lutter contre les populations natives. 

 

2) … qui se transforme en véritable Hégire vers l’Amérique

Les puritains continuent à affluer vers la Nouvelle-Angleterre. Pour les puritains, c’est le temps de l’émigration, de “l’hégire” vers l’Amérique, où ils construiront une nouvelle Angleterre débarrassée de ses péchés. Cette colonisation se révèle finalement être un succès. Comment ? En fait, les puritains d’Angleterre quittent le pays sans idée de retour. Ils vendent tous leurs biens et partent en famille. Plus rien ne les retient dans la métropole.  Des lettres particulièrement positives et encourageantes sont expédiées en Angleterre. Ces lettres étaient vénérées comme “de saintes écritures, comme les écrits d’un prophète”. 

 

3) Une quasi-indépendance vis-à-vis de la couronne  

Une charte politique signée les met à l’abri d’une intervention royale. La Nouvelle Angleterre est pratiquement indépendante de la couronne. Tout un système se met en place : élections de gouverneur, d’adjoint, d’assistance, formation d’une assemblée nationale (la General Court), et mise en place d’un système représentatif. Les élus sont des congrégationnistes, ce qui permet aux puritains de conserver le pouvoir : l’homogénéité culturelle est assurée. Au centre du village est construite l’église (la meeting house) entourée d’une pelouse pour les réunions (le green). 

Est-ce le Paradis ? Pas tout à fait. Certains conflits apparaissent et scindent la communauté religieuse. En conséquence, on observe la création de multiples colonies (dans le New Hampshire, le Maine, le New Haven, etc).

 

Un troisième type de colonie ? 

André Kapi constate ainsi 3 différents types de colonisation : celle de la Virginie qu’il caractérise de colonisation “charnelle” (économique) en ce qu’elle recherche du profit, celle de la Nouvelle-Angleterre qui repose sur des motivations religieuses, et enfin un troisième type de colonisation qui se situe entre les deux premières. Cette dernière emprunte ses motivations aux deux premiers modèles. 

Exemple : Le Maryland, fondée par George Calvert. A l’origine, cette colonisation est religieuse. Maryland signifie littéralement “la Terre de Marie”. Calvert veut en faire le refuge des catholiques. Sur le plan religieux, l’entreprise échoue. Sur le plan économique, c’est un succès puisque cette colonie devient un remarquable producteur de tabac.

 

 

En moins d’un siècle et demi, l’Angleterre a disséminé treize colonies sur la côte atlantique et a ainsi créé un empire américain.  Les explications sont nombreuses – hasard, désir de s’enrichir ou de trouver un refuge pour glorifier Dieu – et ne s’excluent pas. Aussi, c’est une histoire assez surprenante. Ce sont des milliers d’hommes, de femmes et parfois d’enfants qui ont bravé les mers pour plonger dans l’inconnu. Ils trouvent certes un nouveau départ, mais aussi beaucoup de souffrances et de difficultés pour apprivoiser une terre inhospitalière. L’Amérique, c’est d’abord un fantasme que rien ne peut faire disparaître : c’est aussi l’expression d’un volontarisme à toute épreuve.   

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Thibault Combret