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La Chine : une puissance émergée ?

Sommaire

Depuis la fin des années 1970, la Chine a connu une transformation spectaculaire, devenant l’une des principales puissances économiques mondiales. Cette ascension repose sur des réformes économiques majeures, une insertion réussie dans la Division Internationale du Travail (DIT) et une politique d’industrialisation massive. Cependant, cette croissance fulgurante a engendré de nombreuses mutations sociales et territoriales, ainsi que des défis importants, notamment en matière de disparités régionales et sociales.

 

La mobilisation des forces productives de la Chine

À partir des années 1980, la Chine entame une série de réformes économiques sous l’impulsion de Deng Xiaoping. La décollectivisation des terres permet aux paysans de bénéficier de baux de longue durée tout en restant sous le contrôle de l’État. Cette réforme stimule l’essor de l’agriculture, faisant de la Chine le premier producteur mondial de riz, blé et coton.

En parallèle, la création des Zones Économiques Spéciales (ZES) marque une ouverture au capital étranger, favorisant l’industrialisation et le transfert de technologies. Shenzhen, première ZES en 1980, devient rapidement un pôle économique majeur. Cette dynamique s’étend progressivement à d’autres régions côtières avant d’être diffusée à l’intérieur du pays au début des années 2000.

L’essor du secteur privé, favorisé par la privatisation de nombreuses entreprises d’État dans les années 1990, contribue à la transformation du modèle économique chinois. Aujourd’hui, 70 % de la population active travaille dans le secteur privé, qui représente plus de la moitié du PIB chinois. L’émergence de Shanghai comme centre financier illustre cette transition vers une économie plus diversifiée.

Durant les décennies 1980-2000, la Chine adopte un modèle de croissance extraverti, devenant le principal centre de production manufacturière mondiale. Grâce à des coûts salariaux très bas, elle attire massivement les Investissements Directs Étrangers (IDE), qui augmentent de manière exponentielle en 25 ans. Les industries chinoises s’intègrent dans la DIT en tant que sous-traitantes des grandes firmes multinationales.

Toutefois, ce modèle repose sur une exploitation intensive de la main-d’œuvre et une faible régulation sociale, entraînant de nombreuses tensions internes. La montée des salaires et la volonté de développer un marché intérieur dynamique poussent la Chine à réorienter son économie vers des industries à plus forte valeur ajoutée et à favoriser l’innovation.

 

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Les mutations sectorielles et territoriales de la Chine

Depuis les années 2010, la Chine amorce une transition vers une économie de services, qui représente aujourd’hui plus de 50 % de son PIB. Cette mutation s’accompagne d’une modernisation du secteur financier, avec un système bancaire puissant et des investissements massifs dans les infrastructures et la technologie.

La stratégie du gouvernement vise également à limiter l’emprise des entreprises étrangères sur le marché chinois. L’imposition de joint-ventures, où les entreprises chinoises détiennent au moins 51 % des parts, permet un transfert de savoir-faire tout en protégeant les industries stratégiques nationales.

L’urbanisation rapide de la Chine transforme profondément le pays. Entre 1980 et 2016, la population urbaine passe de 20 % à 60 %. Toutefois, cette croissance urbaine se heurte à des défis majeurs, notamment en matière de logement, de transports et d’inégalités sociales.

Le système du Hukou (certificat de résidence) freine les migrations internes en limitant l’accès aux services publics pour les travailleurs ruraux installés en ville. Des réformes progressives visent à assouplir ce système et à intégrer davantage les populations migrantes aux villes, avec l’objectif de délivrer 100 millions de permis de résidence urbaine entre 2015 et 2020.

 

Les avancées et défis sociaux

La politique de l’enfant unique, instaurée en 1979 et assouplie en 2015, a conduit à un vieillissement accéléré de la population. D’ici 2050, la Chine comptera 440 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, ce qui pose un défi majeur pour le système de protection sociale.

Par ailleurs, le ralentissement de la croissance démographique entraîne une diminution de la population active, affectant la compétitivité du pays. La hausse des salaires et la rareté de la main-d’œuvre dans les zones côtières poussent les entreprises à délocaliser certaines activités vers l’intérieur du pays.

La réforme du système éducatif, désormais sous la responsabilité des municipalités, entraîne une privatisation progressive et une augmentation du coût de l’éducation. Cette évolution renforce les inégalités sociales, l’accès aux meilleures écoles étant de plus en plus réservé aux classes aisées.

D’un point de vue social, l’absence d’un véritable État-providence se traduit par une insécurité sociale généralisée. Le coût élevé des soins médicaux et de l’éducation incite les familles chinoises à un fort taux d’épargne, représentant près d’un quart de leur revenu.

Malgré la croissance économique, les inégalités se creusent fortement. Aujourd’hui, 1 % de la population détient un tiers de la richesse nationale, tandis que 83 millions de ruraux vivent sous le seuil de pauvreté. Cette situation engendre une augmentation des mouvements sociaux et des manifestations contre les abus des autorités locales. En vingt ans, le nombre d’incidents de masse a doublé.

Le gouvernement tente de répondre à ces tensions par des politiques de redistribution et des réformes économiques visant à favoriser l’émergence d’une classe moyenne stable.

 

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Conclusion

La Chine a réussi sa transition d’un modèle communiste à une économie de marché dynamique tout en maintenant un contrôle étatique fort. Son essor économique repose sur une industrialisation massive, une insertion réussie dans la DIT et une urbanisation accélérée. Cependant, cette croissance rapide a engendré des inégalités profondes et des défis sociaux majeurs. La Chine doit désormais concilier développement économique et stabilité sociale afin de poursuivre son ascension en tant que puissance mondiale durable.

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Image de Augustin Hirtzberger
Augustin Hirtzberger
Etudiant en première année à Audencia après deux années de classe préparatoire au lycée Hoche.