Entre le 17 et 19 mai 2021, l’Espagne a dû faire face à une arrivée inédite de migrants sur son territoire. En effet, ce sont près de 8 000 individus qui ont rejoint les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Face à cette arrivée incontrôlée, le gouvernement socialiste espagnol de Pedro Sanchez a pris des mesures drastiques considérant cette crise « grave pour l’Espagne comme pour l’Europe ». Il a ainsi renvoyé près de la moitié de ces migrants arrivés illégalement sur le territoire espagnol. Alors comment expliquer ce soudain épisode migratoire qui a déstabilisé l’Espagne ?
La crise économique et sociale en partie responsable de cet exode massif
Il est en effet indéniable que la pression migratoire a largement été accentuée par la crise économique et sociale qui frappe très durement le Maghreb depuis quelques années déjà, et qui ne cesse de sévir depuis les prémices de la pandémie. Si les épisodes migratoires sont habituels dans le panorama hispanique, il n’en reste pas moins que la pandémie a nettement accentué la fréquence et l’amplitude de ces vagues migratoires. De fait, on peut expliquer une partie de cet exode massif vers l’Europe par la situation économique et sociale des pays d’origine. Toutefois, la pandémie est loin d’être l’unique cause de l’afflux massif de migrants qu’a connu récemment l’Espagne…
La migration, moyen utilisé par le Maroc pour sanctionner l’Espagne
Ce sont en effet, les autorités marocaines qui auraient sciemment organisé cet afflux migratoire en vue de sanctionner l’Espagne et son gouvernement pour avoir accueilli et soigné Brahim Ghali, le leader de l’organisation terroriste au Maroc : le Front Polisario. Ayant contracté une forme grave du Covid-19, celui-ci aurait été pris en charge, à l’abri des regards et sous un pseudonyme dans un hôpital espagnol. Lorsque la nouvelle s’est répandue auprès des autorités marocaines, l’ancien allié de Madrid dans sa lutte contre l’immigration clandestine, a décidé de réprimander l’Espagne pour cette trahison. Le Maroc a, à cet effet pris la décision d’assouplir très largement ses contrôles frontaliers d’une part, et n’a pas hésité à diffuser une fake news d’autre part, afin de provoquer un afflux migratoire sans précédent sur le territoire espagnol. Les autorités marocaines ont envoyé un message à des milliers de mineurs, principale cible de ce guet-apens, intitulé : « Cristiano Ronaldo is playing in Ceuta ». Ces demandeurs d’asile et migrants ont donc été largement manipulés et ainsi victimes d’un jeu politique. Il s’avère que la migration a ici été détournée par le Maroc comme une « arme » à des fins politiques.
La crise migratoire a renforcé les tensions diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc
Suite à cet épisode inédit, les relations entre ces deux pays, jusque-là alliés dans leur lutte contre l’immigration illégale, se sont très nettement détériorées.
Des tensions exacerbées sur le plan diplomatiques sont à déplorer. Toutefois celles-ci ne datent pas d’hier avec la question du Sahara Occidental : point de discorde entre l’Espagne et le Maroc depuis quelques années déjà.
En effet, après la reconnaissance par l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, de la suprématie du Maroc sur le Sahara occidental, le Maroc avait invité l’Union Européenne à suivre cette démarche.
Toutefois, la communauté internationale a préféré rester sur ses positions et a refusé de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Cette annonce avait déjà dégradé les relations entre l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara occidental et le Maroc. Cette situation démontre que ces deux pays traversent depuis des années une crise diplomatique profonde ; renforcée par l’afflux migratoire arrangé de toute pièce par le Maroc.
Conclusion
Bien que les épisodes migratoires hispaniques soient fréquents et similaires dans leurs causes ; il n’en reste pas moins que ce dernier est pour le moins particulier dans la mesure où il s’est déroulé dans un contexte de rupture diplomatique entre les deux pays. Si quelques migrants avaient volontairement choisi de fuir le Maroc pour rejoindre les terres espagnoles, ce n’était pas le cas pour la majorité de ce dernier flux, qui a fait l’objet de manipulations politiques.
Cet article peut être mobilisé dans les essais suivants:
- Comment expliquer les crises migratoires dans les pays hispaniques ? (Como se puede explicar la frecuencia de las crisis migratorias en los países hispanos ?)
- Une coopération internationale pourrait-elle être envisagée en matière de politique migratoire ? (Podria preverse una coopéracion internacional para luchar contra la immigracion ilegal ?)