Ce mercredi 16 février, Ursula Von der Loyen, Présidente de la Commission européenne a affirmé que « l’UE est capable de se passer du gaz russe cet hiver ». Au travers de cette déclaration, retour sur la dépendance de l’UE aux approvisionnements russes.
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La Russie : premier fournisseur des 27
Dans un récent rapport, le Sénat nous rappel que 40% des importations de gaz de l’UE viennent de Russie. La totalité de ces importations est assurée par la société Gazprom.
Au total, la part du gaz russe dans la consommation totale de l’UE s’élève à près de 19%.
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Des inégalités entre les pays
Assez naturellement, la part du gaz russe n’est pas identique dans tous les mix énergétiques des pays européens. De manière générale, les pays à l’Est sont beaucoup plus dépendant que des pays à l’Ouest comme la France.
- Les états Baltes et la Slovaquie totalement dépendants. En effet, 100% des besoins de gaz de ces quatre pays sont assouvis par les importations russes.
- La Pologne : 80%
- L’Allemagne : 37%
- La France : 24%
P.S. C’est un levier de compréhension pour analyser la diplomatie des différents pays européens envers le Kremlin.
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Une dépendance toujours plus grande ?
Selon la Commission européenne, d’ici vingt ou trente ans, 70% des besoins énergétiques de l’Union devront être assurés par importations, contre 50% aujourd’hui.
Se pose alors la question du choix des pays exportateurs. En dehors de la Russie, la Norvège représente 22% des importations européennes suivie de pays comme le Qatar ou le Nigéria.
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L’instrumentalisation de la question énergétique
Dans son discours devant le Parlement européen à Strasbourg, Ursula Von der Leyen a également critiqué cette instrumentalisation. Pour le pouvoir russe, le gaz est une arme géopolitique, un levier d’influence sur les autres pays.
Par exemple, les nouveaux gazoducs russes contournent totalement l’Ukraine, retirant ainsi une source de revenus conséquente pour Kiev ; et affaiblissant par conséquent le pays.
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Le gaz américain : le nouvel eldorado ?
Bien sûr se détacher de la dépendance à la production russe implique une nouvelle dépendance tant que l’Europe ne produira pas plus de gaz ( c’est la question du gaz de schiste par exemple ) ou d’énergies alternatives.
Aujourd’hui, la part du gaz américain n’a de cesse de s’accroitre dans les importations européennes. Début 2022, les importations de gaz américain s’élèvent à près de 50% pour le GNL ( Gaz Naturel Liquéfié ) des importations totales de l’UE. En un an, les exportations des Etats-Unis vers l’UE ont été quadruplées.
P.S. C’est tout l’enjeu qui se cache derrière le gazoduc Nord Stream 2. Loin de se préoccuper des droits de l’homme, les diplomates américains tentent de bloquer à tout prix l’ouverture du gazoduc pour accroitre la part des importations du gaz américain dans le mix européen.
P.S.2. Selon Carbon 4, l’entreprise de Jean-Marc Jancovici, les importations de GNL américain rejettent 30% plus de CO2 que ne le font les importations russes.
Un bon exemple pour articuler politique énergétique et politique environnementale !
Le plus à ne pas oublier : L’importance de la politique énergétique
Derrière les grandes déclarations diplomatiques se cache bien souvent un jeu géopolitique bien plus profond.
Par exemple, lorsque les Etats-Unis stimulent l’instabilité du Moyen-Orient, il faut toujours garder en tête que derrière se cache un intérêt économique majeur : plus le climat géopolitique est instable dans la région, plus le prix du pétrole s’envole, et dès lors, plus le pétrole américain devient rentable – car la production pétrolière américaine est très coûteuse en comparaison à celle des pays de l’OPEP.
Cet exemple révèle à quel point il est important de lier un exemple à un système, et à fortiori à celui du Grand Jeu géopolitique mondial.
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