Méthodologie et 2 premières études de cas pour faire la différence dans vos copies de concours et lors de vos khôlles de géopolitique.
Qu’est-ce qu’une étude de cas ?
À la différence des exemples que vous associez à vos arguments / concepts en dissertation, l’étude de cas est l’expression même de votre idée. Techniquement parlant, l’étude de cas peut prendre différentes formes :
- Une région (pour un sujet global)
- Un pays ou un groupe de pays (pour un sujet régional ou global)
- Une petite zone géographique au sein d’un pays ou entre plusieurs pays (tous les sujets)
Comment les utiliser en dissertation ou en khôlle ?
Les études de cas permettent de concrétiser un propos général ou une idée floue. Ainsi, dans une copie de concours ou aux oraux, l’étude de cas peut largement prendre la place d’une sous-partie (un II.C. par exemple), toutefois il serait maladroit d’en abuser (cela dépend des sujets mais il serait dérangeant d’en mettre davantage que de grandes parties…). Pour être efficace et avoir un OBJECTIF CONCOURS, il faut en maitriser sur le bout des doigts un nombre d’étude de cas suffisant pour en avoir au moins une pour chaque dissertation (2 c’est possible mais 3 risques de nuire à votre argumentation…).
Qu’est-ce qu’une bonne étude de cas ?
Une étude de cas efficace répond à l’ambiguïté du sujet, nuance les propos précédents et explicite la spécifié d’un espace. Mais encore une étude de cas doit contenir au moins une information appartenant à chacune des 3 discipline de la matière : l’HISTOIRE, la GÉOGRAPHIE et enfin la géopolitique.
Comment bien ficher ses études de cas ?
Je vous conseille de faire comme moi ci-dessous :
- Mettre un titre général à votre étude de cas
- Mettre les thèmes du programmes dans lesquelles je pense pouvoir l’incorporer
- Associer un concept
- Présenter des sous-titres (qui seront les idées à apprendre par coeur)
- Ecrire un développement qui doit être compris sans avoir à l’apprendre au mot prêt (NB: écrire permet d’apprendre mais aussi de s’entrainer à écrire comme dans une copie)
Quelques études de cas intéressantes sur l’Europe : le V4 / la mer d’Azov
A. Le V4 : le défi de l’intégration de certains pays d’Europe centrale.
Thèmes : Europe X division X identité X énergie X migration
Définition indispensable « intégration européenne » : processus visant à avoir un espace européen de plus en plus unifier (questionner le supranationale et la notion d’Europe puissance). Le concept reste très polémique, car en Europe il existe une intégration économique mais pas vraiment d’intégration politique.
Le V4 ou Groupe de Višegrad date de 1991 et comprend la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie. L’objectif était de viser une intégration dans l’UE et l’OTAN et a permis de renforcer leur identité en établissant une identité commune. Cependant, aujourd’hui, le groupe de Višegrad est divisé sur de multiples sujets, ce qui peut affaiblir son poids dans l’UE.
La Pologne et la Hongrie : de mauvais élèves européens ?
D’un côté, Pologne et Hongrie apparaissent comme des pays nationalistes autoritaires (on parle parfois de « démocratures »), car ceux-ci remettent en question la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Contre ces deux pays, le parlement européen a même enclenché en septembre 2018 l’article 7 du Traité de l’UE (« pour risque clair de violation de l’État de droit »). Pourtant cet article n’a aucune chance d’aboutir puisque selon le Fidesz (gouvernement hongrois) et le PiS (gouvernement polonais), la réforme de la Justice fait partie du domaine réservé des États (donc l’UE n’aurait pas son mot à dire).
La République Tchèque et la Slovaquie : des pro-européens ?
D’un autre côté, la République tchèque et la Slovaquie ont, elle, une vision davantage constructive et moins souverainiste et nationaliste de l’Europe. En effet, la Slovaquie entrevoit plusieurs grandes priorités : l’environnement ; la digitalisation ; les disparités socio-économiques ; une réponse de fermeté de l’UE face aux ambitions croissantes de la Russie et de la Chine. De même, la République Tchèque apparaît pro-européenne, puisqu’elle vise à renforcer sa représentation dans les institutions de l’UE en vue d’une plus grande convergence entre les anciens et les nouveaux États membres. Finalement l’élément de rupture à mémoriser entre le Pologne-Hongrie et République Tchèque-Slovaquie, c’est que ces derniers se positionne avec l’Autriche dans le triangle de Slavkov (un format similaire au groupe du V4 mais sans le Hongrie et la Pologne).
Quelles disparités dans le domaine énergétique ?
Pologne, Hongrie et République Tchèque s’opposent à l’idée d’une économie européenne neutre en carbone en 2050 alors que la Slovaquie est engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique (ce qui va sûrement se renforcer après la victoire en mars 2019 de la candidate pro-européenne Zuzana Čaputová).
La position par rapport aux États-Unis et à la Russie sous l’égide de la question énergétique.
Pologne a une volonté de couper les relations avec la Russie et de se tourner vers son allié stratégique que sont les États-Unis (au point même de défier les initiatives de l’UE). La Pologne s’oppose au projet Nord Stream 2 et met l’accent sur la diversification en hydrocarbure, grâce au projet Baltic Pipe au nord et au terminal gazier de Krk en Croatie. Slovaquie et Hongrie veulent maintenir des relations plus équilibrées entre les États-Unis et la Russie. Slovaquie et Hongrie entendent construire une centrale nucléaire en coopération avec Moscou. Hongrie soutien le projet TurkStream.
La question plus ou moins piquante de l’immigration.
Alors que la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque s’opposent au mécanisme de relocalisation automatique des migrants (car la migration est selon eux une affaire nationale) et soutiennent le renforcement des effectifs de Frontex, la Slovaquie considère la question migratoire comme une question symbolique au regard d’autres enjeux comme la politique de cohésion, de digitalisation ou de la robotisation.
B. La mer d’Azov : un espace singulier de l’expression du conflit russo-ukrainien.
Thèmes : Europe X conflits X PECO X mer et océan X littorauxDéfinition indispensable « étranger proche » : Ce concept de Ievgueni Primakov désigne les anciens nouveaux États autour de la Russie qui faisaient partie de l’URSS avant son implosion.
La mer d’Azov, coincée entre l’Ukraine et la Russie, sans frontière maritimes délimitées, constitue un nouveau point de frictions entre les deux pays. Alors que Moscou exerce un blocus économique sur le détroit de Kertch, unique passage vers la mer Noire, la militarisation croissance de la mer d’Azov et les accrochages successifs entre les marines russes et ukrainiennes font craindre une possible escalade. La mer d’Azov se trouve au cœur du conflit qui oppose les deux pays depuis la révolution de Maïdan en février 2014, d’autant plus que cette mer représente un accès aux mers chaudes pour la Russie.
La mer d’Azov, un enjeu maritime
La mer d’Azov est l’ancienne mer intérieure soviétique, partagée entre Moscou et Kiev depuis 1991 : un accord bilatéral depuis 2003 avec des droits de regards. Toutefois, il n’existe pas de frontières maritimes et le contrôle de la mer est à l’avantage de la Russie : l’annexion de la Crimée fait que la Russie contrôle les 2 rives et l’inauguration du pont de Crimée (19km) en mai 2018 renforce la domination russe sur l’entrée de la mer d’Azov.
La mer d’Azov, des enjeux économiques et militaires
L’Ukraine rencontre des difficultés depuis 2014 et cela se perçoit parfaitement au port de Marioupol : une chute de 15 millions à 6 millions de tonnes (de transit) entre 2013 et 2017. Ce qui est à noter c’est que l’économie de la ville, de 455 000 habitantes, repose sur 2 fonderies dépendant des exportations et qui totalisaient 80% du trafic du port en 2017. Malgré le déploiement en septembre 2018 de trois petites vedettes en mer d’Azov, Kiev ne peut pas rivaliser avec la marine russe surtout que depuis l’annexion de la Crimée aurait privé l’Ukraine de 70% à 80% de sa flotte qui était stationnée dans les ports de la péninsule.