Depuis la réélection de Nicolás Maduro au Venezuela en juillet 2024, de nombreux doutes sur une possible fraude électorale ont été évoqués par les figures politiques du continent. L’objectif de cet article est d’expliquer une innovation qui semble apporter un vent de fraîcheur à la liberté d’expression au Venezuela.
1. La réélection de Maduro : une élection sans traces ?
L’élection de Nicolás Maduro en 2024 a été qualifiée par certains observateurs comme une “élection sans trace” en raison de plusieurs éléments qui suggèrent un manque de transparence et de vérifiabilité dans le processus électoral.
Après l’élection, les autorités n’ont pas publié les résultats officiels, ce qui est un
élément clé pour vérifier la légitimité du processus électoral. L’absence de ces résultats soulève des doutes quant à l’intégrité du scrutin. Ainsi, elle empêche les citoyens et les observateurs indépendants de vérifier les votes et de confirmer si le processus a été mené de manière juste et transparente.
De nombreuses figures politiques, y compris des dirigeants régionaux comme Lula au Brésil et Petro en Colombie, ainsi que des organisations internationales comme l’ONU, ont dénoncé une fraude électorale. Ces accusations sont fondées sur l’absence de transparence dans le processus et sur des antécédents de pratiques douteuses sous le régime de Maduro.
Le passé de Maduro est ce qui pousse à croire que les élections ont été volées. Entre tentatives d’annexer des territoires, détentions arbitraires de figures de
l’opposition, et fausses accusations contre ses opposants, le Venezuela de Nicolas Maduro est en réalité un pays contrôlé de manière autoritaire, ou l’on peut ainsi penser à des élections sans traces.
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2. Une élection qui fait écho au manque de visibilité de certains médias
En 2023, le rapport d’Espacio Publico, une ONG vénézuélienne, document 28 cas de journalistes arrêtes pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Ces
arrestations sont placées sous le motif que les messages diffusés étaient «
antigouvernementaux ».
La répression des journalistes vise à dissuader les journalistes de critiquer le gouvernement, ne laissant alors que les informations du gouvernement chaviste s’exprimer, et rendant le travail de journaliste indépendant au Venezuela dangereux.
En 2022, ce sont 80 sites web et 12 émissions télévisées qui ont été bloquées ou
fermées par les autorités vénézuéliennes. Les médias touchés, étaient principalement ceux qui critiquaient la politique du gouvernement de Maduro, notamment en ce qui concerne les droits humains. La stratégie de censure du gouvernement chaviste a réussi à restreindre l’accès du public à l’information, limitant ainsi la visibilité des journalistes et médias indépendants.
La peur, comme outil de contrôle, est utilisée par le gouvernement chaviste non
seulement en censurant les médias, mais aussi en persécutant ceux qui osent
publier des informations qui ne sont pas alignées avec la ligne officielle. Pour donner suite à cette atmosphère de terreur, de nombreux journalistes se sont contraints à l’autocensure ou à fuir le pays pour continuer leur travail à distance.
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3. La naissance de l’initiative « Operación Retuit», vers un libre accès de l’information au
Venezuela ?
Lancée au Venezuela à travers les réseaux sociaux du compte Connectas, la principale plateforme de collaboration entre les médias d’Amérique Latine, « Operación Retuit » est une initiative pour contrer la censure imposée par le régime de Nicolas Maduro.
Ce projet innovant réunit plus d’une douzaine de médias indépendants, qui utilisent l’intelligence artificielle pour diffuser des informations vérifiées et de qualité, le tout en minimisant les risques de représailles contre les journalistes.
Un des aspects les plus marquants de l’opération est son utilisation des nouvelles technologies, en effet, ce sont deux avatars IA nommés « La Chama » et « El Pana » qui présentent les nouvelles sous forme de vidéos partagées sur les réseaux sociaux.
Les avatars sont utilisés pour protéger l’identité des journalistes et éviter les persécutions. Cette initiative vise à remplir le vide informatif laissé par la répression gouvernementale, mais aussi à offrir une voix aux journalistes malgré les difficiles conditions qu’ils affrontent.
Plus qu’une simple réponse technique à la censure, « Operación Retuit » peut se vanter d’être une collaboration entre divers médias qui ont à cœur la circulation
d’informations fiables au sein du pays. Il faudra noter que cette initiative a été possible grâce à des partenaires internationaux.
Conclusion
En conclusion, « Operación Retuit » représente une tentative d’utiliser l’intelligence
artificielle pour contrer la censure du régime chaviste. Innovante et audacieuse, cette opération devra tout de même arriver à surmonter les évolutions des tactiques de censure. Si elle y parvient, elle pourra bien marquer une étape significative dans la lutte d’expression au Venezuela, offrant une lueur d’espoir pour d’autres régimes confrontés à des défis similaires sur le continent tels que le Nicaragua ou El Salvador.
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