Qu’est-ce que l’Indopacifique ? L’indopacifique est un espace qui regroupe l’Océan Pacifique, l‘Océan Indien et les États ayant un accès direct à ces deux océans. Il regroupe ainsi un grand nombre d’États de taille, de culture et de géographie différentes comme la Chine, l’Inde ou encore les États-Unis.
Pourquoi l’Indopacifique est-il au cœur de tensions géopolitiques entre puissances ?
Étant à la fois stratégique et riche en ressources, l’Indopacifique est convoité de tous. Cet espace a toujours été l’objet d’un « Grand jeu ». À commencer par l’Empire russe qui tenta de percer l’Empire britannique par les Indes, joyaux de la couronne britannique, pour avoir accès à l’Océan Indien au cours du XIXème siècle. Cette lutte d’influence donna naissance à la notion de « Grand jeu ».
L’Indopacifique est aujourd’hui au cœur des grandes routes commerciales et pétrolières. Le pétrole du Moyen-Orient et les produits textiles exportés par les pays d’Asie du Sud-Est passent par le détroit de Malacca et traversent l’Océan Indien. Il est entouré des détroits les plus fréquentés au monde comme le détroit de Bab el-Mandeb, le détroit de Malacca et le détroit d’Ormuz.
L’Indopacifique regorge de ressources halieutiques comme le thon rouge. C’est un espace dont la biodiversité est particulièrement riche. On y retrouve par exemple le « triangle de corail » au large de l’Australie, de la Malaisie et de l’Indonésie. Un espace qui représente 1/3 des récifs coralliens mondiaux.
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Quelles forment prennent les conflictualités entre les acteurs de la scène internationale dans l’Indopacifique ?
Elles prennent trois formes : des pratiques économiques agressives, des activités illégales menaçant le dynamisme économique de l’Indopacifique et des tensions géostratégiques entre puissances.
Les routes maritimes sont menacées par la piraterie le long des côtes somaliennes et du détroit de Malacca. En 2008 le Sirius Star, un navire pétrolier Saoudien, fut détourné par des pirates le long des côtes du Kenya. Il fut libéré après le payement d’une rançon de plus de 3 millions de dollars.
Étant donné que l’Indopacifique est un carrefour de routes maritimes, le contrôle de ces dernières devient un enjeu de taille. Dans le cadre de son projet des « nouvelles routes de la soie » lancé en 2014, la Chine noue des partenariats agressifs avec le Pakistan, les pays d’Asie du Sud-Est et le Siri Lanka pour ouvrir de nouvelles routes commerciales qu’elle seule contrôlera. La Chine utilise le « piège de la dette » pour avoir la main mise sur ces nouvelles routes. À titre d’exemple, du fait des difficultés de remboursement de sa dette envers la Chine, le Sri Lanka cède le port de Hambantota à la Chine en 2016 pour une durée de 99 ans laissant ainsi son deuxième plus grand aux mains d’un pays étranger.
Plus que de nouer des pactes économiques agressifs, le contrôle des routes maritimes passe par des pactes militaires qui attisent les tensions entre puissances. Du fait de leurs partenariats militaires avec les pays d’Asie du Sud-Est, les Etats-Unis dominent le détroit de Malacca sur le plan géostratégique. En cas de tension avec les Etats-Unis la Chine risque de voir sa principale route pétrolière fermée. C’est ce que Hu Jintao, ancien président de la République populaire de Chine, appelait en 2003 « le dilemme de Malacca ». En conséquence, la Chine repousse ses frontières maritimes en Mer de Chine et réclame les îles Spratleys et Paracels. Elle s’y investit illégalement petit à petit et y construit déjà des bases militaires.
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Quelles conséquences ont ces conflictualités sur l’Indopacifique et ses acteurs ?
L’Indopacifique devient un espace de coopération sous tension. Les tensions sont pérennes, mais, malgré ces tensions, et même parfois grâce à ces tensions, des coopérations économiques et militaires voient le jour.
L’indopacifique devient un espace de coopérations géostratégiques. L’Occident, cherchant à renforcer sa présence militaire en Indopacifique, lance des opérations de lutte contre la piraterie comme l’opération Ocean Shield (2009-2016) lancée par l’OTAN au large de la corne d’Afrique. L’Inde, les Etats-Unis, le Japon et l’Australie, souhaitant unanimement contenir l’influence chinoise dans la région, forment le Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité). Le Quad est une alliance qui organise des rencontres diplomatiques et des manœuvres militaires communes appelées « Manœuvres Malabar » dans le but de contenir l’influence de la Chine dans l’Indopacifique.
Sur le plan économique, les tensions entre les pays occidentaux, les pays d’Asie du Sud-Est et la Chine n’empêchent pas l’émergence d’une coopération entre ces trois blocs. À titre d’exemple, la Chine fait partie du Partenariat Régional Global (RCEP) signé en 2020. C’est la plus grande zone de libre-échange au monde. Une zone de libre échange qui représente 1/3 du PIB mondial et regroupe l’ensemble des pays d’Asie du Sud-Est, le Japon, la Corée du Sud, la Chine et l’Australie.