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Nicolas Malebranche : nous ne décidons de rien

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Nicolas Malebranche : nous ne décidons de rien ?

Nicolas Malebranche, né à Paris le 6 août 1638 et mort le 13 octobre 1715 dans cette même ville, est un théologien, prêtre, oratorien et philosophe français. Dans son œuvre, il est amené à synthétiser la pensée de Saint-Augustin et celle de René Descartes.

Il y développe une pensée originale, qui a pour ambition d’intégrer les nouvelles sciences de l’époque, tout en se voulant conforme aux dogmes du christianisme. Par son esprit à la fois innovant et synthétique, il tente d’édifier un système explicatif qui prétend résoudre toutes les questions et tous les problèmes en s’appuyant sur l’idée d’action divine.

 

La Recherche de la Vérité

Ce traité philosophique explore la nature de la connaissance humaine et les moyens de surmonter les erreurs dans la recherche de la vérité. L’ouvrage s’inscrit dans la tradition rationaliste et cartésienne, tout en y ajoutant des éléments mystiques et théologiques distinctifs.

La métaphysique de Malebranche est théocentrique, affirmant le rôle de Dieu en tant qu’unique principe. Dieu y est interprété comme un agent rationnel, il n’a donc pas choisi le meilleur de tous les mondes possibles (comme le soutient Leibniz). Dieu a seulement choisi le meilleur monde possible, réalisable par les voies les plus simples, les seules qui soient dignes de la perfection de son être.

Occasionalisme

Malebranche est principalement connu pour ses thèses de l’âme irrémédiablement déchue de l’homme, de la vision des idées en Dieu et de l’occasionnalisme. Ces notions lui permettent ensemble de démontrer le rôle pleinement actif de Dieu dans chaque aspect du monde ainsi que l’entière dépendance de l’âme humaine vis-à-vis de lui.

Aucune chose créée n’est véritablement cause d’une action ou d’un mouvement, car conçu par Dieu. Il est illusoire de prendre nos désirs ou nos volontés pour les causes réelles de nos actions. Dieu est la source de tout ordre et de toute loi dans le monde.

La raison humaine est limitée et incapable de comprendre la réalité telle qu’elle est en elle-même. Nous ne pouvons connaître les choses que par les idées produites par Dieu. Malebranche considère que le but ultime de l’existence humaine est de se rapprocher de Dieu.

Pour Malebranche, il n’y a rien qui, pensé comme il faut, ne nous ramène à Dieu. Sa philosophie est ainsi essentiellement religieuse, mais avec un caractère rationaliste marqué, car la vie selon la raison fait pour lui partie intégrante de la vie selon la religion.

L’être humain n’est plus qu’une substance passive. Notre esprit se borne à apercevoir en Dieu cette infinité d’idées.

Traité de la nature et de la grâce

Dans ce traité, Malebranche explore la relation entre la nature (le monde physique et les lois naturelles) et la grâce (l’intervention divine et les opérations de Dieu dans le monde). L’œuvre est une tentative de concilier les concepts de Providence divine et de libre arbitre humain.

La nature

Malebranche définit la nature comme l’ensemble des lois que Dieu a établies pour gouverner le monde matériel. Il affirme que ces lois naturelles sont constantes et immuables, reflétant la sagesse et la volonté de Dieu. Selon Malebranche, les événements dans le monde physique se produisent conformément à ces lois, ce qui garantit l’ordre et la prévisibilité du monde naturel.

La grâce

La grâce, dans la théologie chrétienne, est l’aide et l’influence divine qui permettent aux êtres humains de faire le bien et d’atteindre le salut. Malebranche soutient que la grâce est une manifestation de la volonté de Dieu. La grâce divine intervient dans le monde pour orienter les actions humaines vers le bien et le salut. Tout cela, sans violer les lois naturelles ou la liberté humaine.

Malebranche propose d’expliquer l’ensemble du monde par un système comprenant cinq lois principales.

Il y a d’abord les trois lois de la nature : la loi de communication du mouvement, la loi de l’union de l’âme et du corps et enfin la loi de l’union de l’âme à Dieu.

Ces trois lois rendent compte de tous les événements physiques et spirituels du monde créé.

Malebranche rajoute deux grandes lois supplémentaires, l’action des anges et du Christ, permettant ainsi d’expliquer rationnellement les événements surnaturels décrits dans la Bible.

La Providence divine

Malebranche insiste sur l’idée de la Providence divine. Dieu non seulement a créé le monde, mais continue à le gouverner activement. La Providence de Dieu s’exerce à travers les lois naturelles et les interventions de la grâce, assurant que le monde progresse selon le plan divin.

Le libre arbitre

Malebranche aborde également la question du libre arbitre. Bien que les lois naturelles déterminent les événements physiques, les êtres humains conservent leur liberté de choix. La grâce divine ne contraint pas la volonté humaine, mais l’influence et la guide. Cela permet ainsi aux individus de coopérer avec la volonté divine sans être forcés.

 

Lire plus : les hommes n’ont pas de libre arbitre (Spinoza)

Informations complémentaires

La connaissance selon Malebranche

Malebranche distingue dans sa réflexion trois modes de connaissance différents :

  • La connaissance de l’être par lui-même. Celle que nous avons de Dieu, car Dieu n’a évidemment pas d’archétype et l’infini ne peut se voir qu’en lui-même.
  • La connaissance par conscience, celle qui convient exclusivement aux choses qui ne sont pas distinguées de soi. Autrement dit, la connaissance que nous avons de notre propre âme.
  • La connaissance que nous avons des choses par leurs archétypes. La seule que nous puissions avoir des choses différentes de nous et inconnaissables par elles-mêmes. Autrement dit, la connaissance des corps et de leur étendue.

 

C’est ce troisième type de connaissance qui implique, selon Malebranche, la vision en Dieu. L’idée étant un archétype divin, elle est intelligible en soi, mais elle n’est pas en tant que telle représentative d’une réalité extérieure.

Le meilleur des mondes ?

Dieu n’a pas choisi de créer le monde le plus parfait, mais celui qui réalise la combinaison optimale entre la perfection de l’ouvrage et les voies de son action. En effet, pour réaliser un ouvrage absolument parfait, Dieu aurait dû multiplier à l’infini ses volontés créatrices.

Il a par conséquent préféré un monde moins parfait, avec une conduite plus parfaite, à un monde plus parfait, mais dont les lois auraient été plus compliquées.

Les malheurs et les désordres apparents du monde s’expliquent ainsi par la simplicité des voies qu’il a choisies. C’est ce qui explique également l’indifférence de Dieu concernant le sort particulier des individus. Le Dieu de Malebranche est en effet un être formel qui ne répond pas aux prières des hommes.

 

Lire plus : Michel Foucault : sommes-nous façonnés par l’Etat ?

 

Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :

Les Bons Profs (chaîne YouTube)

Digischool (site Internet / chaîne YouTube)

Cyrus North (chaîne YouTube)

Le Précepteur (chaîne YouTube)

 

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Stéphane Westermann
Après deux années de prépa ECG au Lycée Georges de la Tour à Metz, j'ai pu intégrer Neoma avec pour objectif d'assister les étudiants dans l'excellence de leur Culture Générale et de leur langue allemande !