Pierre Abélard, né en 1079 à Nantes et mort en 1142 près de Chalon-sur-Saône, est un philosophe, dialecticien et théologien chrétien français. Il est considéré comme le père de la scolastique, l’inventeur du conceptualisme et l’époux d’Héloïse.
Sa renommée à travers tout l’Occident, en tant que penseur à la fois rigoureux et non conformiste, s’est consolidée en un phénomène social du début du XIIe siècle. En effet, sa renommée aboutira à l’extension du statut de clerc à l’ensemble du corps enseignant et étudiant.
Il est l’un des principaux acteurs du renouveau des arts du langage au sortir d’un Haut Moyen Âge carolingien. Il est le premier, au sein des écoles cathédrales, à promouvoir les études aristotéliciennes.
Le conceptualisme de Pierre Abélard
La querelle des universaux
Les universaux sont des concepts généraux ou des propriétés qui peuvent être attribués à plusieurs choses particulières. Par exemple, les notions de “rougeur”, “humanité” ou “chien” sont des universaux parce qu’elles peuvent s’appliquer à de nombreux objets ou êtres spécifiques (un mur rouge, une personne, ou différents chiens).
La question centrale est alors de savoir si les universaux ont une existence en soi (réalisme) ou s’ils sont de simples concepts produits par l’esprit, qui dans le langage s’expriment par des noms (nominalisme).
Une querelle entre réalisme et nominalisme est déjà présente entre Platon et Aristote. C’est à partir du Xᵉ siècle et XIe siècle que la scolastique médiévale reprend le débat et que la Querelle des universaux se développe.
Les écoles s’opposaient sur la question de savoir si :
Les universaux sont des objets de l’esprit humain :
- soit des concepts (idéalisme)
- soit de simples noms donnés à des catégories dans le langage (nominalisme)
ou bien s’ils sont réels, que ce soit :
- au sein des choses dans notre monde (point de vue d’Aristote)
- dans un monde séparé des Idées au sens platonicien, qui serait la vraie réalité (réalisme).
Lire plus : le monde des idées de Platon
Conceptualisme : intermédiaire entre nominalisme et réalisme
Abélard est le plus grand défenseur du nominalisme au Moyen Âge. Il s’attaque au réalisme des universaux et au nominalisme. Il réussit à dépasser les contradictions de ces deux doctrines dans un système : le conceptualisme.
Les mots sont conventionnels, mais ils ont une valeur significative pour la pensée. Ce sont des termes qui ont le pouvoir d’être attribués à plusieurs. C’est le langage qui est créateur de termes universels. L’esprit opère sur l’individuel un travail d’abstraction qui le dépouille de ses particularités, pour ne considérer que les éléments communs. Les universaux ont donc un fondement objectif dans la réalité.
En somme, les mots sont des conventions humaines, mais ils ont un rôle notable dans la pensée.
Bien qu’Abélard se rapproche du nominalisme, il reste influencé par la théorie néo-platonicienne des idées divines. Chaque individu appartient à une espèce parce qu’il dérive d’une idée divine. Par exemple, un homme est un homme parce qu’il reflète l’idée divine d’homme. Les humains peuvent comprendre partiellement ces idées divines, bien que leur connaissance soit limitée et imparfaite.
Abélard aurait défendu une telle position au sujet des universaux à cause du problème du mal. Il aurait pensé qu’adopter la théorie réaliste reviendrait à donner au mal une existence réelle, contredisant ainsi la théorie commune tenue depuis Saint-Augustin, disant que le mal n’est qu’une privation d’un bien.
Connais-toi toi-même
“Connais-toi toi-même” est un traité écrit en 1139 par Pierre Abélard. Avant René Descartes, Abélard pratique le doute méthodique. « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant, nous trouvons la vérité. »
Il élabore une théorie morale fondée sur l’intention. Selon Abélard : « Car, non ce qui se fait, mais dans quel esprit cela se fait, voilà ce que pèse Dieu ». Ainsi, la culpabilité n’est pas dans l’acte, mais dans la disposition d’esprit. La justice pèse, non les actes, mais les intentions.
Ce principe fondamental est aujourd’hui transcrit en droit, par exemple en France. En effet, « il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre » (en particulier dans certains meurtres passionnels).
Lire plus : le doute méthodique de René Descartes
Histoire de mes malheurs
Histoire de mes malheurs est une lettre adressée par Pierre Abélard à un moine inconnu. L’œuvre appartient au genre littéraire de la consolation. Elle constitue un exemple d’autobiographie, influencée par Les Confessions de Saint-Augustin.
Abélard décrit ses premières années en tant qu’étudiant brillant et ambitieux. Il étudie la logique et la philosophie sous les plus grands maîtres, notamment Roscelin et Guillaume de Champeaux.
L’un des aspects les plus célèbres de la vie d’Abélard est sa relation avec Héloïse, une jeune femme extrêmement intelligente et cultivée. La famille d’Héloïse découvre la relation et se venge violemment en castrant Abélard.
Après son castrat, Abélard entre dans la vie monastique. Il écrit plusieurs œuvres importantes, mais ses opinions théologiques lui valent des accusations d’hérésie. Abélard est condamné à plusieurs reprises par les conciles ecclésiastiques, particulièrement lors des conciles de Soissons et de Sens.
Lire plus : Les Confessions de Saint-Augustin
Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :
Les Bons Profs (chaîne YouTube)