Les éléments à retenir des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence
Les rencontres Économiques d’Aix-en-Provence sont des forums économiques organisés par Le Cercle des économistes depuis 2001 dans la ville d’Aix-En-Provence dans le but de discuter, débattre des grands sujets économiques actuels. Cette année le thème était « Réussir les transformations du monde ».
Qu’est-ce que Le Cercle des Economistes ?
Le Cercle des Economistes est un cercle de réflexion fondé en 1992 par Jean-Herve Lorenzi et qui a pour but de rendre les grands débats économiques accessibles et ouvert à tous. Leurs évènements les plus populaires sont Les Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence qui sont des forums économiques international ouvert à tous et qui regroupent des figures importantes de notre paysage politique (notamment Bruno Le Maire et Elisabeth Borne cette année). Ceux sont également eux qui remettent chaque année Le prix du meilleur jeune économiste de France (attribue cette année à Éric Monnet).
« L’état d’urgence économique »
En conclusion de ce sommet, le Cercle des Economistes a déclaré l’état d’urgence économique en citant les grands enjeux à court terme que les politiques se doivent de surmonter, l’inflation et le pouvoir d’achat. En effet dans un contexte économique de plus en plus tendu en France, avec un déficit commercial record (13,1 milliards d’euros en juin 2022), une inflation qui a atteint 5,2 % sur un an en mai (l’Insee prévoit une inflation de 6,5% à 7% en automne) et une dette qui a atteint 114,5% du PIB au premier trimestre 2022 couplée à une augmentation des taux longs (1,8530% pour les taux à 10 ans le 08 juillet 2022 contre 0,3630% le 20 janvier selon les données de la Banque de France), l’avenir économique semble peu prospère. Pour autant, Le Cercle des Economistes a mis en avant une stratégie économique en 3 points qui pourrait permettre de résoudre ces problèmes.
- A court terme, il met en avant l’importance de maintenir le pouvoir d’achat des plus modestes avec la mise en place d’un chèque unique d’une durée maximum de 12 mois afin d’éviter la spirale inflationniste. En effet proposer un chèque pour une plus longue durée ne ferait qu’augmenter les prix du fait de la hausse importante de consommation que celui-ci engendrerait, les consommateurs anticipant un revenu permanent plus élevé (Milton Friedman, Théorie du revenu permanent)
- Un objectif de réduction des dépenses publiques par deux manières, premièrement renforcer et remettre en avant la Loi Organique des finances publiques (LOLF), dans le but d’implanter une culture du résultat (déjà inscrite dans la réforme constitutionnelle de 2001) avec des objectifs et des indicateurs de performances pour chaque utilisation de budget. Deuxièmement, soutenir la reforme Touraine de 2014 implantée en 2014 en augmentant le nombre d’annuités ce qui augmenterait le taux d’emploi, donc les cotisants, et permettrait d’augmenter le rapport démographique (cotisants/retraites), qui ne cesse de baisser et s’établissait a 1,67 en 2020 (Chiffre de l’Insee dans l’étude intitulée Cotisants, retraites et rapport démographiques tous régimes).
- Un plan d’investissement à hauteur de 100 milliards dans des secteurs clés comme l’éducation et la formation (selon leur étude intitule « Discuter, agir et changer » 1 pauvre sur 2 a moins de 30 ans), la recherche, l’innovation et la transition écologique.
Pour approfondir sur l’inflation : Le retour de l’inflation : une inflation durable ou éphémère ?
Un effacement progressif de l’Europe face à la Chine et aux Etats-Unis.
Bien que l’Europe puisse se vanter d’être en bonne position dans certains secteurs clés comme les matériaux avances (même si Taiwan reste largement devant avec 60% de la production de semi-conducteurs), en témoigne notamment l’investissement de STMicroelectronics et GlobalFoundries à hauteur de 5,7 milliards d’euros en France (construction d’une usine de semi-conducteurs en Isère), et les technologies vertes, elle n’est pas moins à la traine dans certains secteurs comme l’intelligence artificielle ou encore la confiance numérique ce qui pourrait à terme nuire à la puissance économique de l’Europe selon Clarisse Magnin-Mallez directrice générale de McKinsey. D’autant plus qu’historiquement la part de l’Europe dans le commerce mondial n’a cessé de baisser passant de 50% en 1850 à 20% aujourd’hui. Pour expliquer cet avenir pessimiste, la directrice générale de McKinsey a mis en avant deux points. Premièrement, elle considère que les géants nationaux de n’importe quels pays européens ont du mal à sortir de leur frontière et à s’exporter sur le marché mondial, restant dans sa logique de « favoriser les fusions-acquisitions nécessaires à la souveraineté européenne » à contre-courant ainsi de certaines décisions de l’Autorité de la Concurrence la plus connue étant son refus de fusions-acquisitions entre Siemens et Alstom. Deuxièmement, elle met en avant le manque d’homogénéité dans les politiques sociales et fiscales à l’intérieur de l’Europe. Ce tout accentue par un manque de ressources dans le système éducatif rejoignant ainsi l’idée du Cercle des Economistes qui souhaite investir massivement dans l’éducation.
La transition écologique, le rôle d’EDF
Afin de favoriser la transition écologique, les intervenants ont mis en avant deux points. D’une part l’importance du rôle de l’Etat pour encourager les consommateurs à réduire leur consommation énergétique par des politiques incitatives en augmentant par exemple le prix du carbone. D’autre part, la nécessite du doublement de la production d’électricité avec notamment la montée en puissance du parc nucléaire couplée à d’autres sources d’énergie comme l’énergie hydraulique ou encore l’éolien off-shore. Le gouvernement semble déjà avoir pris conscience de ces éléments, en témoigne le projet de renationalisation d’EDF. En effet, la mise en place d’une nouvelle direction pour EDF, semble être une priorité pour le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il espère une nouvelle direction opérative des la rentrée de septembre. Rien d’étonnant, quand on sait que la production d’électricité de l’entreprise tourne a moins de 60% de sa capacité maximale. Pour autant le projet du grand carénage d’EDF, qui consiste en la rénovation et la modernisation des centrales nucléaires existantes laisse entrevoir du bon pour l’écologie française.
Pour en savoir plus sur EDF : EDF, sur le chemin d’une renationalisation
Sources :
https://www.lesrencontreseconomiques.fr/wp-content/uploads/2022/07/20220710_reaix2022-df.pdf