Nul ne peut ignorer la magnitude du problème que constitue le réchauffement climatique. Au regard des dernières annonces du rapport du GIEC, il semble capital que tous les acteurs s’emparent de la question: état, société civile, entreprises et même les banques centrales. Nous allons donc voir comment les banques centrales, plus particulièrement la banque centrale européenne (BCE), agissent pour la transition écologique.
Lire plus : Hausse historique des taux d’intérêts directeurs de la BCE : quelles conséquences ?
Pourquoi la BCE n’agissait pas avant ?
De prime abord, il est légitime de penser que les fonctions des banques centrales n’ont aucun lien avec la transition écologique. La BCE a longtemps estimé que la question du réchauffement climatique n’entrait pas dans le cadre de de ses missions, à savoir maintenir la stabilité des prix à une cible fixée de 2%. Ce choix a notamment été justifié, jusqu’en 2015, par le principe de neutralité de la BCE. Autrement dit, la BCE ne doit en aucun cas modifier la structure des marchés. Or, si elle s’implique dans la lutte contre le réchauffement climatique, la BCE va inéluctablement favoriser les titres verts, au détriment d’autres titres, ce qui va impacter la structure des marchés.
L’inclusion de la transition écologique dans les préoccupations de la BCE
La BCE a deux objectifs clairs. Le premier est d’assurer la stabilité des prix. Le second, plus subsidiaire, est le soutien aux politiques économiques de la zone euro. Ainsi, pour que la BCE agisse dans la transition écologique, il faut que le réchauffement climatique impacte un, ou deux, de ces objectifs et c’est le cas. Le réchauffement climatique a des répercussions sur les prix des matières premières notamment. Les sécheresses, les inondations, en somme l’ensemble des catastrophes naturelles qui se multiplient, provoquent des tensions sur les marchés des matières premières comme celui du blé par exemple. De plus, l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ainsi, en juillet dernier, dans la cadre d’une révision stratégique, la BCE a reconnu ces liens et a intégré la transition écologique dans ses objectifs.
Quelles sont les actions mises en place par la BCE?
La BCE a donc annoncé le « verdissement » de sa politique monétaire. Ce « verdissement » touche particulièrement la supervision avec une amélioration des indicateurs, des données, des modèles d’évaluation des risques et des tests de résistance. À titre d’exemple, le NFGS (Network for Greening the Financial System) a été crée. Ce réseau pour le verdissement du système financier est un réseau de 83 banques centrales européennes et superviseurs financiers qui vise à accélérer le développement de la finance verte en établissant des recommandations sur le rôle des banques centrales dans la lutte contre le changement climatique. Ils réalisent des stress test climatiques afin de déterminer la vulnérabilité des institutions financières face aux risques liés au climat.
Lire plus : La dépendance de l’Union Européenne au gaz russe
Un rôle toutefois critiqué
Pour l’économiste Jézabel Couppey Soubeyran, la BCE prononce de mots très favorables au regard de la transition mais il subsiste un décalage avec les actes. La défaillance du marché est reconnu par la majorité des banques centrales ce qui est une bonne chose. Cependant, elle estime que les opérations de politiques monétaires, en tant que telles, ne verdissent pas suffisamment ce qui est préjudiciable. Comme énoncé précédemment, ce qui verdit ce sont les indicateurs majoritairement. En revanche, ce qui devrait davantage verdir, selon elle, ce sont, par exemple, les refinancements qu’obtiennent les banques auprès de la BCE. Ils pourraient être conditionnés par leur implication dans le financement de la transition écologique. Ainsi, si les banques s’impliquent beaucoup dans la transition écologique, elles pourraient obtenir des conditions de refinancement plus attractives.
Elle prône également l’adoption d’un quantitative easing vert c’est-à-dire orienter le quantitative easing (achat de titres de dettes publiques sur les marchés financiers) de la BCE vers la transition. À noter que la tâche risque d’être plus complexe que prévue puisque qu’avec la montée de l’inflation, les banques centrales vont devoir réduire leurs politiques monétaires ce qui va réduire l’impact de la banque centrale sur le transition écologique.
Conclusion
En somme, l’implication de la BCE dans la question climatique est inéluctable et primordiale pour assurer la transition écologique, le réchauffement climatique impactant indéniablement la stabilité des prix. Néanmoins, ses actions restent, pour certains, en deçà des attentes. Reste à savoir si la BCE poursuivra sa trajectoire et intensifiera ses actions.
Lire plus : L’importance de l’environnement et de l’écologie en Chine