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Les relations entre l’Arabie Saoudite et la Chine

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Le 8 décembre dernier, le président Xi Jinping était en Arabie Saoudite pour une visite d’État.  Pour la deuxième fois depuis le début du Covid-19, il était en déplacement en dehors de la Chine. Mais pourquoi le choix de l’Arabie Saoudite ? Un choix qui semble stratégique pour les deux pays sur le plan énergétique mais aussi pour approfondir les relations bilatérales. C’est un message envoyé à l’Occident par Xi Jinping et Mohamed Ben Salmane.

 

L’historique des relations bilatérales entre l’Arabie Saoudite et la Chine

La Chine et l’Arabie Saoudite ont connu différentes phases dans leurs relations. L’Islam fut un des leviers des relations entre les deux pays. Néanmoins, la période communiste, à partir de l’arrivée de Mao Zedong, a créé un refroidissement des relations. Le président chinois de 1949 à 1976 avait une politique de non-alignement. Ainsi, il ne voulait pas pactiser avec l’Arabie Saoudite sous protection américaine. Cette politique a officiellement débuté en 1961 même si la conférence de Bandung en 1955 fut l’une des rampes de lancement.

C’est à partir des années 1980 que la Chine a énoncé des ambitions de puissance au-delà de ses frontières. L’Arabie Saoudite est devenue un fournisseur pétrolier très important de la Chine depuis les années 1990.

Néanmoins, c’est à partir des années 2000 que les deux pays nouent une réelle relation diplomatique. Pour l’Arabie Saoudite c’était l’occasion de se sortir de l’omni dépendance aux États-Unis. Le pays s’ouvre à l’Asie et à la Chine.

Dans les années 2010, la Chine a clairement affirmé sa volonté de développer son soft power (terme utilisé par Joseph Nye en 1990) au Moyen Orient, pour contrecarrer l’influence américaine. La Chine veut se muer en alternative au pouvoir américain.

 

L’Arabie Saoudite dans le projet des Nouvelles routes de la Soie

Depuis 2013, et le lancement officiel du projet « Belt and Road Initiative » à Astana au Kazakhstan, la Chine façonne son ambition. Aujourd’hui, le pays a mobilisé 932 milliards de dollars en 10 ans de projet. Pas moins de 65 pays ont signé et conclu des accords avec la Chine et notamment l’Arabie Saoudite. Pour contrer le mépris occidental envers la monarchie du Golfe, ce dernier s’est rapproché de la Chine. L’Occident qui semble sur le déclin et qui subit de plein fouet plusieurs crises (économiques, sociétales, politiques), n’a plus la faveur des choix saoudiens.

C’est dans cette optique que Ben Salmane s’allie à la Chine dans le cadre de ce projet. D’un côté, la Chine continue de s’étendre au-delà de l’Asie et de l’autre l’Arabie Saoudite coordonne ses accords en vue de l’objectif 2030. La ville Neom, une ville futuriste autonome au bord de la mer Rouge, est l’une des priorités saoudiennes. L’Arabie Saoudite espère en partie que les accords passés avec la Chine lui permettront de prendre un poids plus important dans les relations internationales.

Ce projet des nouvelles routes de la Soie qui s’inscrit dans la liaison entre la Chine et le reste du monde incarne les ambitions de puissance de Xi Jinping. Elles sont notamment notables dans la diversité des partenariats visés et conclus avec la monarchie absolue saoudienne. Une relation sino-saoudienne qui a de quoi inquiéter l’Occident ?

 

La relation sino-saoudienne, signe d’un tournant géopolitique ?

Le monde géopolitique est sans cesse en mouvement. Comme le dit Peter Frankopan dans son ouvrage Les nouvelles routes de la Soie, « Le centre de gravité économique s’écarte de l’Occident ». Et c’est dans cette optique que la Chine s’oriente vers des pays émergents comme l’Arabie Saoudite.

 Néanmoins, l’Arabie Saoudite ne doit pas oublier sa proximité avec les États-Unis de Joe Biden avec lesquels ils sont alliés de longue date. Le partenariat entre les deux pays est centré sur des liens réciproques. Les États-Unis s’appuient sur Riyad pour l’action antiterroriste et la régulation des courants islamistes au Moyen Orient. Cependant, l’Arabie Saoudite se veut réticente envers le soutien américain dans leur lutte contre les houthistes au Yémen.

Les contrats d’une valeur de 28 milliards entre la Chine et l’Arabie Saoudite marquent un tournant des relations entre les deux pays. Les deux pays s’allient dans des secteurs importants, notamment dans celui de l’énergie. La Chine est le premier partenaire de l’Arabie Saoudite, signe d’un penchant vers Pékin pour Ben Salmane. Ce dernier veut montrer sa capacité à être un interlocuteur entre l’Orient et l’Occident. tIl veut que son pays se mue en plaque tournante de ce nouveau monde.

La Chine réfléchit à l’intégration en tant qu’observateur dans l’Organisation de Coopération de Shanghai de l’Arabie Saoudite. Cette organisation se veut être un grand partenariat de coopérations militaires et économiques.

L’Arabie Saoudite n’est pas en reste dans cette relation puisque Pékin s’approvisionne à 17% de pétrole saoudien notamment via Aramco (entreprise nationale saoudienne). Les deux pays s’alignent aussi sur la politique des droits de l’homme car elle n’est pas prise en compte dans les relations. Les projets à plusieurs milliards sont plus importants pour ces deux pays, plutôt que préserver les droits de minorités persécutées.

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Charles Derue