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Le parcours inspirant d’Inês : du Portugal à SKEMA

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Rencontre avec Inês, étudiante en M2 à SKEMA qui a su briller lors des concours dans un contexte difficile.

 

Bonjour Inês, présente-toi

Je m’appelle Inês, je suis née au Portugal. À l’âge de six ans, j’ai quitté mon pays natal avec mes parents pour venir vivre en France, en raison des difficultés économiques qu’ils rencontraient. À cette époque, les faibles salaires au Portugal ne leur permettaient pas de subvenir à nos besoins, même s’ils travaillaient énormément. Issus d’une famille très modeste, mes parents ont dû quitter l’école très jeunes pour travailler : ma mère à l’âge de 11 ans et mon père à 13 ans. Ma mère est aujourd’hui femme de ménage et mon père ouvrier. Tous deux n’ont pas de diplômes et rencontrent encore des difficultés avec la langue française.

Malgré ces circonstances, j’ai toujours suivi un parcours scolaire général. J’ai obtenu mon baccalauréat économique et social (ES) au lycée Louise Weiss à Achères. Par la suite, j’ai intégré la classe préparatoire aux grandes écoles du lycée Claude Monet, dans le 13e arrondissement de Paris. Deux ans plus tard, après les concours, j’ai intégré SKEMA Business School. Actuellement, je prépare un double Master 2 en Droit des affaires et en Management du programme Grande École, que j’intégrerai en septembre.

 

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Quelles ont été les principales difficultés que tu as dû affronter dans ton parcours ? Comment les as-tu surmontées ?

Durant ma classe préparatoire, j’ai dû faire face à plusieurs difficultés. Tout d’abord, mes parents ne comprenaient pas vraiment ce que représentait la prépa ni à quel point ce cursus est exigeant et chargé en termes d’emploi du temps. J’ai donc dû leur expliquer la nécessité de prendre un appartement à proximité de mon établissement, même si nous vivions en banlieue parisienne. Le temps de trajet quotidien, soit 1h20 le matin et autant le soir, devenait rapidement insoutenable dans un contexte aussi intense que celui de la prépa.

Cela a été ma première grande difficulté, surtout avec mon père, qui avait du mal à comprendre la valeur de mes études, car pour lui, ne pas être à l’université signifiait que mon parcours avait moins de valeur. Une incompréhension similaire existait chez certains de mes proches, qui ne voyaient pas l’utilité de poursuivre des études aussi exigeantes et m’encourageaient plutôt à entrer dans le monde du travail. Cependant, avec le temps, ils ont commencé à saisir l’importance de ce que j’accomplissais, et je suis devenue une véritable source de fierté pour ma famille.

Je ressentais également une pression supplémentaire liée à la situation de mes parents. Il me faisait énormément de peine de voir ma mère quitter la maison dès 7 heures du matin pour ne rentrer qu’à 20 heures, tout cela pour subvenir à mes besoins et financer mes études. Mon père, en tant qu’ouvrier, exerçait également un métier très exigeant. Leur santé se détériorait, et ils rentraient souvent épuisés. Cette situation me remplissait de crainte face à l’échec, car je me disais que, compte tenu des sacrifices financiers qu’ils faisaient, je ne pouvais pas me permettre d’échouer.

Pendant ma classe préparatoire, j’ai également rencontré de grandes difficultés avec les épreuves orales. Bien que j’aie finalement réussi à obtenir un 20/20 à l’entretien de personnalité de SKEMA, ainsi que des notes comprises entre 17 et 20 dans d’autres écoles, le chemin pour y parvenir n’a pas été facile. De nombreux professeurs nous encourageaient à nous entraîner avec nos proches, mais mes parents, en raison de leur manque de familiarité avec le système éducatif et la langue française, étaient incapables de m’aider. J’étais consciente du caractère très discriminant des épreuves orales et j’étais terrifiée avant chaque entretien. De plus, pour les démarches liées aux inscriptions et au choix des écoles et des cursus, j’ai dû tout gérer seule, sans pouvoir solliciter l’aide de mes proches.

 

As-tu pensé à un moment donné à arrêter la prépa ?

Oui, à la fin de ma première année, j’ai plusieurs fois envisagé d’abandonner la prépa. Je manquais totalement de confiance en moi et chaque épreuve orale me semblait une montagne insurmontable. J’étais terrifiée à l’idée d’échouer, et je répétais sans cesse à mes parents qu’il était inutile de continuer à investir autant dans mes études, car je ne pensais pas être capable de réussir. Finalement, ce sont eux qui m’ont encouragée à persévérer, estimant que j’avais déjà surmonté les épreuves les plus difficiles et qu’il ne me restait plus qu’une année à tenir.

 

Comment as-tu abordé les concours ?

La période de révision a été extrêmement difficile pour moi, marquée par de nombreux doutes. La veille de l’épreuve d’Économie, Sociologie et Histoire (ESH) de l’ESCP, j’étais tellement anxieuse que je ne voulais pas me présenter à l’examen. C’est ma mère qui m’a finalement convaincue d’y aller, et j’ai obtenu un 17/20. Malgré ce succès, j’ai abordé les concours avec beaucoup de stress, notamment pour les oraux. Je devais me contenter de la préparation reçue en prépa, sans pouvoir compter sur l’aide de mes parents, qui ne comprenaient pas bien le fonctionnement des concours. Il m’a fallu leur expliquer comment se déroulaient les épreuves, tout en gérant mon propre stress.

 

Et aujourd’hui, tu es à SKEMA… un dernier mot ?

Tout d’abord, je tiens à souligner l’importance du rôle des professeurs, notamment lorsqu’ils accompagnent des élèves issus de familles non qualifiées. Sans mes professeurs de lycée, notamment ceux de SES et d’Histoire-Géo, je n’aurais probablement jamais intégré une classe préparatoire aux grandes écoles, car je n’en connaissais tout simplement pas l’existence.

Je souhaite également mettre en lumière le soutien inestimable de mes parents. Même s’ils n’ont jamais pu m’aider sur le plan scolaire, leur aide psychologique a été primordiale, particulièrement celle de ma mère. Elle m’a toujours encouragée à persévérer et à ne jamais abandonner, même si elle ne comprenait pas toujours les études que je poursuivais. Sans elle, je n’aurais pas été capable de continuer mon parcours.

À l’école, je ressens encore parfois le poids de mes origines familiales. Beaucoup partent du principe que nous venons tous de familles aisées et diplômées, ce qui est loin d’être vrai. Certains professeurs supposent que nous sommes tous enfants de cadres, alors que ce n’est pas mon cas. De plus, l’importance accordée aux voyages me rappelle également ma situation. Pour moi, les vacances se résumaient souvent à des séjours au Portugal, où réside toute ma famille, et nous n’avions pas les moyens de nous offrir de grands voyages ou de partir au ski, ce qui semble être une banalité pour certains de mes camarades et professeurs. Le coût des week-ends d’intégration et de certains séjours, comme le ski ou les galas, reste parfois hors de portée pour moi. Cela a rendu mon intégration à SKEMA un peu difficile au début, car beaucoup de relations étaient déjà formées.

Je tiens aussi à encourager tous les élèves issus de familles modestes, comme la mienne, à ne jamais renoncer malgré les difficultés et la pression supplémentaire que nous pouvons ressentir. La prépa a été une véritable épreuve, mais j’ai pu prendre confiance en moi, surtout à l’oral. Vos origines sociales doivent toujours être une très grande fierté et votre double culture est une énorme richesse qu’il faut exploiter !

 

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Roni Zengin