Dans cet article, nous allons voir quelle est la situation politique en Amérique Latine. En 2021, 5 pays d’Amérique du Sud (Equateur, Pérou, Nicaragua, Chili, Honduras) ont organisé ou organiseront les élections présidentielles et législatives dans un contexte de Covid 19.
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Situation actuelle
La pandémie de Covid 19 pourrait accélerer la triple crise sociale, économique et politique que traverse le continent sud-américain, notamment depuis 2018. Les conséquences sont multiples : chômage, accroissement des inégalités sociales, augmentation de la pauvreté (37,3 % de la population en 2020, soit plus de 230 millions de personnes (une augmentation de plus de 45 millions d’individus par rapport à 2019)), et de l’extrême-pauvreté, (15,5 % de la population, soit près de 96 millions d’individus, le taux le plus élevé depuis deux décennies), effondrement des remesas.
L’économie latino-américaine devrait se contracter de 7,7% en 2020, en raison de la pandémie, mais la relance de l’activité et les aides gouvernementales ont atténué la chute, estime la Commission économique de l’ONU pour la région. En 2021, la croissance est estimée à 4,1%, trop peu pour compenser le repli de 2020.
Les gouvernements devront donc répondre à cette situation, et leur gestion de la crise conditionnera en partie les élections présidentielles.
Une réponse régionale ?
Le rebond économique pourrait passer par une gestion régionale, mais le manque d’alliances dans la région (malgré la multiplicité des organisations créées) et de leadership (puissances divisées sur de nombreux sujets), ainsi que l’intensité des crises, contraignent les Etats à agir de manière unilatérale.
L’Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), fondée sur la pétrodiplomatie vénézuelienne, et l’Union des nations sud-américaines n’ont pas réussi à dépasser la polarisation idéologique des gouvernements. Les alliances régionales se font et se défont au gré des élections présidentielles.
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Les élections présidentielles de 2021 : Fin de la droite en Amérique Latine ?
La vague rose des années 2000
D’abord, le retour de la démocratie dans les années 1990, à la suite des dictatures, s’était accompagné d’un néolibéralisme ayant entraîné une hausse de la pauvreté, du chômage, des inégalités et un rejet du néolibéralisme.
L’élection d’Hugo Chavez au Venezuela en 1998 marque le début de la « vague rose » sur le continent sud-américain. Les chefs d’Etats accédant au pouvoir appartiennent pour la majorité à des mouvements ou des partis politiques regroupés dans le Forum de Sao Paulo, en 1990, mené par Fidel Castro. Ils étaient qualifiés de populistes, par leur opposition aux élites et au grand capital (Lula au Brésil, Nestor Kirchner en Argentine, Evo Morales en Bolivie, Michelle Bachelet au Chili, Rafael Correa en Equateur, Daniel Ortega au Nicaragua, José « Pepe » Mujica en Uruguay, puis Dilma Rousseff et Nicolas Maduro qui succèdent à Lula et Hugo Chavez).
Les gouvernements de gauche ont financé leurs politiques sociales d’assistance, qui ont permis de sortir 70 millions de personnes de la pauvreté en dix ans, grâce à un modèle « extractiviste » et au boom des matières premières. Mais ces gouvernements n’ont pas résisté à la crise mondiale de 2008 et à la chute du prix des matières premières.
Virage à droite dans les années 2010
Les gouvernements de gauche n’ayant pas réussi à proposer de vision de l’avenir, les présidents n’ayant pas trouvé de successeur au sein de leurs partis et les enquêtes de corruption (Kirchner, Otto Perez Molina au Guatemala, Dilma Rousseff) ont favorisé la droite, qui apparaissait comme le camp du changement.
La défaite du péronisme et l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri en 2015 en Argentine marquent la fin de l’hégémonie de la gauche latino-américaine. Sebastian Piñera est élu président du Chili en 2018 et Luis Alberto Lacalle Pou est élu président de l’Uruguay en 2020, avec une faible marge (50,79%). Ivan Duque, membre du parti de droite radicale Centre Démocratique, est élu président de la Colombie en 2018. Jair Bolsonaro, ultra-conservateur, est président du Brésil depuis le 1er janvier 2019.
En 2020, le continent sud-américain est en grande majorité dirigé par des gouvernements de droite. Le Mexique, avec l’élection d’Andres Manuel Lopez Obrador en 2018, et l’Argentine, avec l’élection d’Alberto Fernandez en 2019, mais également le Venezuela, font figure d’exceptions. La situation est plus complexe au Nicaragua, où Daniel Ortega est assimilé à la gauche radicale et progressiste, mais certaines de ses positions, comme son opposition à l’avortement et sa conversion aux politiques du FMI le placent plutôt dans le camp conservateur.
La fin de la droite en Amérique Latine ?
Les contestations populaires qui ont lieu dans certains pays d’Amérique Latine depuis 2019, en Colombie et au Chili, accompagnées de la pandémie de Covid-19 et le besoin d’une réponse immédiate de la part des gouvernements pour relancer la croissance pourraient mener le continent vers la gauche lors des élections à venir en 2021 et 2022.
En Bolivie, Luis Arce, candidat socialiste et dauphin d’Evo Morales, a été élu en novembre 2020.
En Equateur, Guillermo Lasso (Mouvement CREO, Créer des Opportunités), libéral-conservateur, a été élu pour 4 ans et succède à Lenin Moreno.
Au Pérou, Pedro Castillo (gauche radicale) a été élu pour 5 ans et succède à la fujimoriste Kuiko Fujimori après des élections marquées par des accusations de fraude inexistante.
Au Nicaragua, les élections présidentielles auront lieu le 7 novembre. Cristiana Chamorro, non-membre d’un parti, apparaît comme une sérieuse concurrente à Daniel Ortega. Accusée de blanchiment d’argent, Daniel Ortega attend qu’elle soit interdite de se présenter aux élections présidentielles. La journaliste dénonce les faits, l’Organisation des Etats Américains dénonce une « nouvelle attaque contre la démocratie », et ajoute que « le Nicaragua se dirige vers les pires élections possibles ».
Le Chili élira son nouveau président le 21 novembre et l’un des favoris est le candidat du Parti Communiste, Daniel Jadue.
Le Honduras élira son nouveau président le 28 novembre.
Enfin, les élections municipales du Brésil, qui ont eu lieu en novembre 2020, ont été marquées par la déroute de la gauche ainsi que des candidats soutenus par Jair Bolsonaro. Le centre-droit en ressort gagnant.
Conclusion
La gauche doit se reconstruire, trouver de nouvelles idées, programmes et analyses. Le Venezuela est encore un sujet de discorde entre les gauches d’Amérique Latine. L’une des stratégies de reconstruction a été la constitution du Groupe de Puebla, formé par des pays et leurs dirigeants, et non par des partis, et représentent l’axe « progressiste ». Aucun politique cubain ni vénézuélien ne fait partie de ce groupe. Ce groupe diffère donc du Forum de Sao Paulo, qui était un groupe homogène et uni contre le Consensus de Washington.