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La « izquierda de la concertación » en Amérique latine

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Souvent tombé aux oraux d’espagnol des écoles cette année, l’enjeu de la nouvelle gauche en Amérique Latine est l’un des plus importants pour l’année 2022-2023. Alors que le possible retour de Lula à la présidence du Brésil marquerait un tournant politique où les plus grosses économies d’Amérique Latine seraient gouvernées par la gauche, la récente investiture de Gustavo Petro en Colombie est l’exemple parfait pour illustrer cette nouvelle gauche.

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Une élection historique en Colombie : pour la première fois de son histoire, la Colombie a vu un candidat de gauche gagner aux élections présidentielles.

Le 7 août dernier, l’investiture de Gustavo Petro à Bogotá a consolidé un nouveau tournant en Amérique Latine. En effet, c’est la première fois qu’un candidat de gauche gagne en Colombie. Longtemps associée à l’extrême gauche et les guérilleros des FARC, la gauche fut perçue comme dangereuse par une grande partie de la population. Jamais une personnalité de gauche n’avait gouverné le pays et la gauche était généralement associée aux guérillas révolutionnaires. Cependant, les différentes frasques d’Ivan Duque, le candidat sortant, lors de la crise du COVID-19 ont incité de nombreux Colombiens à sortir dans les rues et exiger un changement drastique. Ce dernier menait une politique dure ( « politica de mano dura » ) contre l’accord de paix avec les FARCS qui datait de 2016 et ses politiques, notamment économiques, ont mené de nombreuses personnes à manifester dans les rues de Bogotá et partout à travers le pays.

Dès lors, face au millionnaire sans parti Rodolfo Hernández (souvent surnommé « el Trump colombiano » ), le peuple colombien a fait un choix historique en votant pour Gustavo Petro, un ex-guérillero de gauche.

Lire plus: Zoom sur l’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro en Colombie

 

Une « izquierda » radicale aux dérives autoritaires

En effet, au début du 21ème siècle, la gauche a été incarnée par H. Chavez, N. Maduro , D. Ortega, M. Zelaya, les Kirchner… Une gauche inspirée de la gauche cubaine aux tendances radicales, autoritaires et qui réprime l’opposition. Elle est également souvent associée à la corruption (avec les cas des Kirchner en Argentine ou d’Ollanta Humala au Pérou). Cette gauche a souvent eu des dérives anti-démocratiques et continue à en avoir comme avec N. Maduro ou bien D. Ortega aujourd’hui. Lors des dernières élections de fin 2021, Ortega a mis de nombreux opposants politiques en prison. Ces élections ont eu uniquement pour but de garantir la permanence au pouvoir de ce dernier. Ce sont des élections qui manquent de transparence et de crédibilité, et qui ont été critiquées par une grande partie de la Communauté Internationale.

 

Le nouveau cycle de la gauche d’Amérique Latine

L’arrivée de G. Boric à la présidence du Chili ou celle de Xiomara Castro au Nicaragua sont déjà des tournants importants dans des pays où la droite était bien installée. Ces nouveaux dirigeants sont les marqueurs de nouveaux espoirs pour les habitants de ces pays. Par exemple, les Chiliens ont manifesté pendant des mois et des mois afin d’obtenir la rédaction d’une nouvelle constitution (qui datait de l’époque du dictateur Pinochet) .

Cette nouvelle gauche est marquée par la recherche d’un consensus entre les différents partis et pas forcément des partis de gauche (la vice-Présidente de Xiomara Castro est de centre-droit). Pour sa part, G. Boric a cherché à rassembler et trouver le consensus parmi les partis chiliens entre le premier et second tour afin de gagner (contre l’extrême droite notamment) .

Cette nouvelle gauche est souvent appelée la « izquierda de la concertación », en référence à la concertación de partidos en 1989 de centaines de partis au Chili afin de bloquer le passage de Pinochet et de faire revenir la démocratie.

Signe de ce changement important, de nombreux dirigeants d’Amérique Latine ont salué les récentes investitures de personnalités de la gauche dans la région. Même des dirigeants de droite comme L. Pou ont salué l’arrivée de G. Boric au pouvoir.

 

Des difficultés persistantes pour cette nouvelle gauche néanmoins

Les récentes manifestations des camionneurs au Chili notamment à Araucanía contre les décisions de Boric montrent la fin de l’idylle du nouveau président de gauche. De même, si ce dernier avait dû chercher le consensus, c’était pour faire barrage à J. Kast, l’autre candidat du second tour et faisant partie de l’extrême droite. On peut donc parler d’un nouveau cycle pour la gauche, mais sa prospérité n’est pas automatiquement assurée.

De plus, G. Boric est un ancien communiste et G. Petro un ancien guérillero, ils devront donc essayer de rassurer la population et les marchés ainsi que faire attention à garantir cette « concertación ».

 

Conclusion

L’année 2023 sera donc décisive pour l’Amérique Latine et la « izquierda de la concertación ». Nous te tiendrons au courant au fil de l’année de l’avancée des politiques et des prochaines élections dans la région.

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Anthony Lemay
Etudiant en première année à l'ESSEC après 3 ans de classe prépa à Saint-Michel de Picpus