Dans cet article, Mister Prépa vous propose une analyse complète du sujet de Culture Générale Audencia 2025, à destination des étudiants de classe prépa ECT.
Cette épreuve demande aux candidats de développer une réflexion solide et bien structurée autour du thème de cette année : “L’image”.
Dans notre analyse, vous trouverez les enjeux du sujet ainsi que des pistes de réflexion possibles.
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Analyse du sujet de Culture Générale Audencia 2025
Sujet : “Les images, c’est la vie”
Le sujet “Les images, c’est la vie” invite à réfléchir à la place importante que les images occupent dans notre quotidien. Les images sont partout : dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les musées, les films, ou encore dans nos souvenirs. Elles nous permettent de mieux comprendre le monde, d“exprimer des émotions, de raconter des histoires ou encore de faire passer des idées. Ce sujet propose de s‘interroger sur ce que les images disent de nous et sur la manière dont elles influencent notre façon de voir la vie, de penser, et même de ressentir. Il peut aussi amener à réfléchir aux dangers liés aux images, comme la manipulation, l‘illusion ou la perte de sens face à une trop grande quantité de visuels. Les étudiants peuvent ainsi explorer les différents rôles que jouent les images, leur pouvoir, leur utilité, mais aussi leurs limites.
Comme chaque année, rappelons que cet article n‘est pas une correction mais bien une proposition d‘analyse de sujet. Il n‘est donc absolument pas grave si vous n‘avez pas parlé d‘une notion abordée ici, ou inversement.
Analyse des termes du sujet :
Le sujet proposé est une affirmation — « Les images, c“est la vie » — qui mérite d’être interrogée, non pas au sens factuel, mais au sens symbolique.
Tout d’abord, cette phrase, bien que brève, appelle une lecture attentive : sa ponctuation — notamment la virgule — oriente le sens.
Elle sépare les deux segments de la phrase : « Les images » et « c‘est la vie », et cette séparation n”est pas purement syntaxique. Elle marque un temps de pause, une suspension pour respirer, qui sonne presque comme une déclaration existentielle.
C’est à cause de cette virgule que nous serons amenés à traiter les deux parties de la phrase séparément puis conjointement.
« Les images »
Le mot “images” est volontairement large. Il ne s‘agit pas seulement des images fixes (photographies, tableaux, affiches), ni seulement des images animées (cinéma, télévision, réseaux sociaux). Il faut penser le mot dans toutes ses dimensions :
- Images sensorielle : ce que nous voyons du monde.
- Images mentales : les représentations que nous construisons dans notre esprit. (souvenirs, rêves, représentations…)
- L’image sociale : apparence, réputation, communication de soi…
- Images culturelles : les images médiatiques, artistiques, les publicités…
- Images technologiques : dans une ère saturée d’écrans et de contenus visuels.
- Images symboliques : métaphores, allégories, icônes…
Avec ce panel de propositions nous pouvons d’ores et déjà concevoir que l’image est polysémique, elle est à la fois représentation du réel, création de l‘imaginaire, projection sociale, et instrument de communication ou de manipulation. En d’autres termes, parler d’images c’est parler à la fois de ce qui est donné à voir, ce qui est produit par l’Homme et ce qui agit sur nous en tant qu’êtres humains.
La virgule : une pause pleine de sens
Cette virgule marque plus qu’une respiration grammaticale : elle sépare deux réalités, tout en les reliant. Elle invite à un regard presque philosophique :
On ne dit pas « les images sont la vie », mais « les images, c‘est la vie » — comme une prise de conscience. On peut l“interpréter ainsi :
D“abord, on nomme un objet du monde : les images. Ensuite, on affirme leur portée vitale : c‘est la vie. Entre les deux : la virgule comme un marqueur d‘interprétation. Elle marque le passage de l‘observation au jugement, du monde perçu à l‘expérience vécue. En d’autres termes, le sujet présente un concept, et amène à en tirer une conclusion.
Elle peut aussi rappeler une formule populaire ou affective :
Comme dans : « Le foot, c‘est la vie. » / « Les livres, c‘est la vie. »
Ce qui donne au sujet une dimension existentielle ou passionnelle, au-delà de la simple description.
« C‘est la vie »
L“expression « c‘est la vie » est ambiguë :
Elle peut être enthousiaste pour exprimer une passion : affirmation joyeuse, déclaration d‘amour à ce qui est montré.
Elle peut être fataliste pour accepter une réalité parfois décevante : résignation face au réel, comme dans l”usage courant : « bah, c’est la vie… ».
Ici, le sens semble plutôt positif :
Les images seraient essentielles, indissociables de la vie, voire ce qui rend la vie vivante
L‘articulation de la phrase
La structure « Les images, c‘est la vie » affirme une équivalence implicite : Les images représentent, incarnent, ou capturent la vie.
Cette équivalence peut sembler troublante, presque provocante.
Cela peut s‘interpréter de plusieurs manières :
Les images capturent la vie, elles en sont le miroir fidèle ou infidèle. Elles donnent forme à nos expériences, nos souvenirs, nos émotions. Elles construisent notre rapport au réel : ce que nous voyons, croyons, imaginons. Elles sont parfois plus vivantes que la vie elle-même : idéalisées, intensifiées, rejouées.
Est-ce que notre époque est tellement marquée par les images qu“on confond le réel et sa représentation ? Le rapport aux images enrichit-il notre rapport au réel ou nous en éloigne-t-il ?
Est-ce que les images sont un moyen de vivre plus intensément, ou au contraire un écran entre nous et le réel ?
En tout cas, le sujet présuppose que l“image n“est plus un simple reflet, mais peut-être la forme même sous laquelle la vie nous apparaît aujourd“hui.
Proposition de problématique
Si l‘image peut capturer ou évoquer la vie, faut-il en conclure qu‘elle en est l“essence même ? L‘image exprime-t-elle la vie, ou au contraire, l‘appauvrit-elle en la simplifiant ou en la falsifiant ? En d’autres termes :
L‘image nous connecte-t-elle au réel et au vivant, ou nous enferme-t-elle dans des illusions, des fictions, des simulacres ?
Proposition de plan :
Plan dialectique (classique mais efficace)
I. Les images révèlent, prolongent et intensifient la vie
L’image comme expression de l’expérience humaine.
Les images capturent des moments, des émotions, des événements.
Exemple : photos de famille, vidéos de vacances, portraits…
Dans l’art, l’image sublime la réalité : peinture, cinéma, photographie artistique.
Exemple : la peinture impressionniste (Monet, Renoir) ne restitue pas la réalité brute, mais la transforme en expérience sensible
L’image fait mémoire : elle permet de se souvenir, de transmettre, d’émouvoir
L’image rend visible ce que l’œil nu ne perçoit pas. Les sciences modernes utilisent l‘image pour prolonger la perception humaine : ce que l’œil ne peut voir, la technique le révèle. Cela montre que les images sont des outils, qui enrichissent notre compréhension du monde.
Exemple : L‘IRM, les images satellites, les clichés astronomiques
Transition : Les images permettent d‘intensifier, transmettre et enrichir la vie réelle. Mais peuvent-elles aussi la déformer ?
II. Mais les images peuvent déformer, manipuler, appauvrir la vie
L‘image comme leurre, filtre ou écran
Les images peuvent remplacer la réalité : la vie sur les réseaux sociaux est souvent mise en scène, falsifiée. La “vie numérique” devient une version stylisée, édulcorée du réel.
Exemple : La “beauté” sur les réseaux est normée par des filtres, générant troubles de l‘estime de soi (cf. travaux de Jean Twenge sur les effets des réseaux sociaux sur les adolescents).
L’inflation d’images peut entraîner une perte de sens : trop d“images tuent l“image. On ne voit plus, on scroll.
Exemple : massification des données. Les “stories” ou “reels” qui défilent sans fin : une consommation d“images sans profondeur, qui crée de la fatigue visuelle (cf. Byung-Chul Han, La société de la transparence).
Elles peuvent aussi manipuler (propagande, publicité, fake news) : l‘image devient un outil de pouvoir Exemple :
Les affiches de propagande du régime nazi ou soviétique illustrent le pouvoir de l’image dans la manipulation des masses. La photographie de Staline avec ses proches, dans laquelle Trotski est progressivement effacé au fil des années, illustre la manipulation politique de l‘image. (cf. Orwell et 1984).
La publicité construit des désirs artificiels à l‘aide d‘images séduisantes.
Aujourd‘hui, l‘essor des deepfakes menace la véracité même de l‘image, rendant la distinction entre fiction et réalité toujours plus floue.
Les images mentales peuvent être stéréotypées (préjugés, représentations sociales), et enfermer la réalité dans des cadres figés.
Exemple : Dans les médias, les représentations des banlieues ou des migrants sont souvent stéréotypées et réductrices, contribuant à forger des opinions biaisées. Pierre Bourdieu, dans La misère du monde, dénonce cette production d‘images sociales déformantes qui figent les individus dans des rôles sociaux assignés.
Transition : Les images ne sont forcément pas la vie : elles peuvent la simplifier, l’écraser ou en donner une vision faussée.
III. Pourtant, l”image est au cœur de notre manière de vivre, de penser, de ressentir
L’image comme vecteur d”humanité et de vérité subjective.
La vie humaine est imageante : nous rêvons, nous projetons, nous racontons le monde par des métaphores, des récits, des films.
Exemple : Platon, allégorie de la caverne
Dans la caverne, les hommes confondent les ombres projetées avec la réalité. Platon invite à se méfier des images trompeuses. Mais paradoxalement, il utilise lui-même une image (l‘allégorie) pour faire comprendre une idée abstraite. L‘image devient ici un vecteur pédagogique puissant.
Les images mentales façonnent nos désirs, nos projets, nos croyances
Exemple :
Même les luttes sociales passent par l‘image (cf. George Floyd, #MeToo, Ouïghours) : ce que l‘on voit mobilise l“opinion.
Exemple : La célèbre photo de The Napalm Girl au Vietnam, prise par Nick Ut, a bouleversé l‘opinion publique mondiale, montrant que les images peuvent réveiller les consciences.
L’art visuel comme langage de l”indicible révèle des vérités que le discours ne peut exprimer : émotions, douleurs, espoir…
Exemple :
Frida Kahlo : ses autoportraits révèlent douleur, souffrance, identité, au-delà des mots. Le Cri d‘Edvard Munch : une image qui donne corps à l‘angoisse existentielle.
Transition : Les images ne sont ni la vie, ni son contraire. Elles en sont un miroir, parfois fidèle, parfois déformant — mais toujours révélateur. Elles constituent un langage spécifique, à la fois subjectif et universel, qui participe de notre humanité.
Conclusion
Ce sujet invite à repenser la richesse, l‘ambivalence et la puissance des images dans notre société. Elles peuvent capter l‘instant, le sublimer, le déformer, mais aussi le faire exister autrement. Comprendre les images, c‘est comprendre comment le monde dans lequel nous vivons aujourd‘hui. À l’ère de l‘hypervisibilité, cultiver une culture de l”image critique devient une condition essentielle pour mieux vivre — et mieux penser — notre société.