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ESH ECRICOME 2023 – Analyse du Sujet 2

Sommaire

Découvrez sans plus tarder l’analyse du deuxième sujet d’ESH ECRICOME 2023 !

C’est une épreuve à fort coefficient il ne font donc pas la négligée ! 

Tout au long de cet article vous allez retrouver une proposition de plan, mais également une analyse du sujet. Le but étant de vous aidez à réussir et à mieux appréhender la suite du concours ! 

LES SUJETS d’ESH ECRICOME 2023

POUR VOIR L’ANALYSE DU SUJET 1

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L’analyse du sujet 2 d’ESH ECRICOME 2023

Nous avions le droit ce matin aux premiers sujets d’Économie, sociologie et histoire (E.S.H.) dans le cadre de la dernière réforme des classes préparatoires. Bien que cette réforme n’ait pas changé grand chose quant au contenu du programme, l’accent était mis sur le renforcement des dimensions techniques dans les nouveaux sujets de concours. Ces premiers sujets ECRICOME semblent effectivement respecter ce cahier des charges puisque les deux sujets concernent des thèmes/enjeux financiers avec une forte dimension macroéconomique et historique.

 

Sujet  : Qu’est-ce qu’un bon SMI ?

Ce deuxième sujet est un sujet qui semble beaucoup plus classique que le premier. Il aurait même pu être effectué lors des révisions par certains. Néanmoins, il n’est pas si simple que cela puisqu’il concerne un chapitre sur lequel les étudiants d’ECG ont parfois un petit peu de mal : celui du système monétaire international. Ce sujet est donc assez technique même s’il semble plutôt aisé de comprendre le sujet en ayant les bases théoriques sur le chapitre des « dynamiques de la mondialisation financière ».

Dans la forme, le sujet n’est pas simple puisque c’est un sujet commençant par « qu’est-ce que ». Le sujet implique alors de se demander encore une fois les critères de réussite d’un SMI. Si nous partons du principe qu’un bon SMI est un SMI efficace qui remplit ses objectifs, il faut alors en revenir à la question suivante : quels sont les objectifs théoriques d’un SMI ? Peut-on par exemple envisager qu’un bon SMI est celui qui garantit en partie la stabilité financière, l’allocation optimale des capitaux internationaux… Ainsi, ce sujet plus classique que le premier demandait quand même au candidat une forte capacité à problématiser et à comprendre quels étaient les objectifs du SMI. Ce sujet peut intégrer une dimension historique en essayant de comparer les SMI passés avec ce critère de « bon SMI » mais il ne doit surtout pas se résumer à cela. Les candidats doivent normalement savoir que le SMI d’aujourd’hui est plutôt un non SMI, la question et donc la problématique pouvait alors être tournée vers le futur. Au vu des enjeux actuels, qu’est-ce qu’un bon SMI ? Et par-là, comment passer d’un non-SMI à un bon SMI ?

 

Proposition de corrigé :

Pas de panique si votre plan est différent, ceci n’est qu’une proposition !

 

  • Accroche : Selon G. Kebabdjian dans La question politique en économie internationale paru en 2006, « On a conservé une certaine forme d’ordre monétaire internationale, mais il n’y a plus à proprement parler de SMI ». Ainsi selon Kebabdjian qui reprend ici les mots de Robert Mundell, il y a fort à parier que l’on soit aujourd’hui dans un non-SMI plutôt que dans un bon SMI, mais d’ailleurs qu’est-ce qu’un bon SMI ?
  • Système monétaire international : On prendra ici de manière classique la définition érigée par R. Solomon dans le système monétaire international en 1979 : le SMI est « un ensemble d’accords, de règles, de pratiques et d’institutions dans le cadre desquels s’effectuent les paiements correspondant à des transactions franchissant les frontières ».
  • Bon : bon est un mot subjectif à qui il faut donner ici une certaine substance pour pouvoir l’appliquer à la notion du SMI. Un bon SMI semble être celui qui répond aux missions que l’on peut attendre de lui (comme un bon élève est celui qui effectue bien son travail et obtient de bonnes notes pour cela). Or on peut rappeler ici quelques missions du système monétaire international : stabilité financière (gestion et prévention des crises de change), coopération monétaire (le but étant d’éviter les guerres des monnaies), la limitation des déficits et excédents de balance courante, allocation optimale des capitaux… Un bon SMI est donc un SMI qui remplit le maximum de ces fonctions.
  • La question « qu’est-ce qu’un bon SMI » peut interroger autant sur les objectifs de ce SMI (stabilité financière par exemple) que sur les modalités d’atteindre ces objectifs (un bon SMI peut-il être basé sur une devise hégémonique ?).

 

  • Problématique : Encore une fois, plusieurs problématiques sont possibles. Nous proposons ici :
  1. Quels sont les objectifs et les modalités que l’on peut dégager pour qu’un SMI soit jugé satisfaisant et efficace ?
  2. Face à une nécessité de réformer le SMI pour le sortir de sa léthargie, quelle forme pourrait prendre un bon SMI pour le futur ?

 

I- Un bon SMI est celui qui remplit bien ses fonctions premières : stabilité financière, coopération monétaire et bonne allocation des capitaux

On retrouve ces objectifs dans le rapport d’A. Bénassy-Quéré & J. Pisani-Ferry, Réformer le SMI, 2011.

 

A) Un bon SMI est celui qui assure la stabilité financière

  • Un des objectifs du SMI doit être d’assurer la stabilité financière car c’est bien le SMI qui gère les échanges commerciaux et financiers au niveau international. Ainsi certaines crises économiques et financières peuvent être expliquées par un SMI inopérant.
  • Par exemple C. Kindleberger dans Manias, Panics and crashes (1978) explique que la crise de 1929 n’est pas seulement due à la politique monétaire de la FED mais aussi à une crise de leadership dans le système monétaire international : la Grande Bretagne ne peut plus stabiliser les relations financières internationales et les USA ne jouent pas encore ce rôle de prêteur en dernier ressort au niveau international. Dès lors, les mouvements de capitaux et le protectionnisme ont amplifié les déséquilibres. B. Eichengreen dans Le privilège exorbitant (2012) a aussi imputé la transmission de cette crise à un SMI absent durant l’entre 2 guerres.
  • De même P. Artus dans Discipliner la finance montre que les crises de change de 2ème et 3ème génération selon P. Krugman sont provoquées par le non-SMI qui est en vigueur depuis les accords de Kingston (1976) et la fin du système de Bretton-Woods. En effet, les mouvements de capitaux ne sont plus bien régulés dans ce SMI par rapport à celui de Bretton-Woods (changement d’arrête sur le trilemme de Mundell) et ces mouvements de capitaux déstabilisants et procycliques (phénomène de surréaction de R. Dornbusch) expliquent par exemple bien la crise asiatique de 1997 ou la crise russe de 1999.
  • Ainsi, selon tous ces auteurs, un bon SMI est un SMI qui assure la stabilité financière puisque lorsque certains épisodes de crises financières émergent, ils en imputent la faute à un SMI défaillant.

 

B) Un bon SMI semble alors être un SMI avec une devise clé

  • On reprend ici la théorie de la stabilité hégémonique de C. Kindleberger pour montrer que pour assurer la stabilité financière au niveau mondial (bien public), il faut forcément une monnaie qui domine le système.
  • Par exemple, le système de Bretton-Woods a permis d’éviter les crises financières car les USA géraient le SMI en contrepartie d’un privilège exorbitant pour reprendre les mots de Charles de Gaulle. Tout comme le système de l’étalon-or qui a aussi permis la stabilité financière. En effet, c’est avec les balbutiements de ce système que vient la crise de 1929.
  • F. Braudel dans La dynamique du capitalisme pouvait aussi justifier la pertinence d’un tel système puisqu’à chaque époque une ville monde domine le monde, il est en un sens normal que ce soit la monnaie de cette ville qui domine dans le cadre de la stabilité hégémonique de Kindleberger. Ainsi c’est parce que Londres a laissé la place à New-York comme ville monde que la livre a laissé sa place au dollar en tant que monnaie de référence permettant la stabilité financière.
  • En outre, le système de Bretton-Woods a permis une forme de coopération monétaire évitant alors les épisodes des guerres des monnaies comme l’avait annoncé H. Morgenthau  : « La dévaluation compétitive est dorénavant une pratique pernicieuse du passé ».
  • J. Robinson avait montrait d’ailleurs dans son Essay on the theory of employment (1937) à quel point une guerre des monnaies était négative pour les pays et qu’il fallait alors que le SMI puisse empêcher de telles guerres pour relancer correctement l’économie mondiale.

 

C) Néanmoins, ces SMI avec devise-clé ne peuvent pas être caractérisés comme « bon » car un bon SMI est durable et pérenne

  • Problème du dilemme de Triffin pour le système de Bretton-Woods qui semble indépassable car nous le retrouvons même aujourd’hui dans notre système qui peut s’apparenter à un Bretton-Woods II comme le montrent Dooley & al. dans The revived Bretton-Woods (2004) et comme le confirme aussi l’ex dirigeant de la Fed Ben Bernanke en disant « il faut être deux pour danser le tango, à l’excès d’investissement américain répond l’excès d’épargne chinois ».
  • Ces systèmes reposent sur un leader mondial or l’économie actuelle n’est plus dominée par une économie en particulier comme le montre le Rapport Stiglitz pour la réforme du SMI paru en 2008. En effet, le dollar continue de dominer en raison de la faiblesse de ses concurrents et d’effets de réseaux selon P. Krugman dans le NY Times (2022) mais les Usa ne sont plus le leader économique incontestable comme en 1945.
  • Ainsi ce SMI qui a pu être bon par le passé souffre de maux structurels qui n’en font pas un bon SMI pour le futur. Mais alors qu’est-ce qu’un bon SMI pour demain au-delà d’un SMI qui permet stabilité financière et évitement des guerres monétaires dans un contexte géopolitique tendu ?

 

II- En outre, un bon SMI est celui qui  intègre les enjeux actuels dans son fonctionnement

 

A) Un bon SMI est celui qui permettra de financer la transition écologique et d’inclure les nouvelles monnaies numériques

  • M. Aglietta dans La course à la suprématie monétaire mondiale, 2022, montre qu’un bon SMI pour demain sera forcément un SMI qui se soucie de la transition écologique comme aucun système ne l’a fait avant lui puisque cet impératif s’est progressivement imposé à la fin de Bretton-Woods. On rappelle que le rapport Meadows The limits to Growth parait en 1972 soit à la toute fin du système de Bretton Woods puisque le discours de R. Nixon confirmant la fin de Bretton Woods a lieu en aout 1971.
  • Ainsi un bon SMI est selon M. Aglietta celui qui permettra la coopération monétaire pour que les PED et PDEM puissent assurer un développement soutenable.
  • En outre, si on se rappelle que M. Carney (discours de 2016 à la Bank of England) et d’autres chercheurs estiment que la transition écologique a un lien avec l’instabilité financière, il devient alors normal qu’un bon SMI s’occupe de ce problème environnemental.
  • Autre enjeu de taille selon M. Aglietta, l’apparition des cryptoactifs et des stablecoins pouvant mettre en danger la souveraineté monétaire des États selon la théorie de la concurrence monétaire de F. Hayek.
  • Un Bon SMI est alors celui qui saura évoluer face à ces nouveaux impératifs : mettre en place un système incluant les monnaies numériques de banques centrales et réglementant les cryptoactifs (Bitcoin) et autres stablecoins (Libra qui est devenue Diem)

 

B) Dès lors un bon SMI semble passer par l’adoption du DTS en tant qu’actif de réserve international

  • E. Espagne, dans DTS et environnement (2019) estime qu’un système avec une devise-clé ou notre non-SMI actuel ne peut permettre la transition écologique car les PED doivent toujours accumuler des réserves de change pour prévoir une potentielle crise de change or pour accumuler à court terme des réserves, rien de mieux que d’exploiter les ressources naturelles. Ainsi la mise en place d’un actif de réserve indépendant des monnaies des États (partiellement puisque la valeur de DTS se fonde sur un panier de devises depuis sa création, le yuan étant la dernière monnaie entrée dans ce panier en 2016).
  • Ce système rappelle le système exposé par Keynes à Bretton-Woods avec la création du bancor et une politique visant à lutter contre la présence de déficits et ou d’excédents courants permettant de développer les émergents sans trop exploiter les ressources.
  • Ce système serait un bon SMI selon J. Mistral (2014) puisqu’il assurerait stabilité financière, transition écologique, coopération monétaire et équilibre des comptes courants.
  • En outre, ce système est durable dans le temps, ce qui en fait un bon SMI car il n’est pas exposé au dilemme de Triffin.
  • En outre, l’adoption par le SMI des Monnaies numériques de Banques centrales permettrait toujours selon M. Aglietta de régler plus rapidement le problème des crises en évitant de passer par les banques de second rang.

 

C) Néanmoins, ce SMI ne semble pas bon puisqu’il a très peu de chance de voir le jour

  • Un SMI peut être bon en théorie mais s’il n’est jamais mis en place, peut-on réellement dire que c’est un bon SMI ? En tout cas, il n’a pas réussi à convaincre assez de pays. C’est-à-dire que selon ces pays, un SMI non mis en place n’est pas le bon SMI.
  • En effet ce SMI demande des avancées en termes de négociations internationales. Les Usa devraient renoncer à leur privilège exorbitant. Les USA seraient alors en situation où elles confirmeraient que leur puissance n’est plus aussi forte qu’avant (signe de faiblesse).
  • Un tel accord international et donc un tel SMI semble être en effet très difficile à mettre en place.
  • Comme le disait B. Eichengreen dans Le privilège exorbitant, 2012 : La mise en place d’un gouvernement mondial est fortement improbable or « sans gouvernement mondial, pas de banque centrale mondiale et pas de monnaie mondiale, point final ! ».

 

Conclusion

Un bon SMI est donc un SMI qui en tout temps assure la stabilité financière, la coopération monétaire, la fourniture de liquidité au niveau international et surtout est durable dans le temps.

Plus précisément un bon SMI aujourd’hui est un SMI qui arrive à prendre en compte le souci de la transition écologique et des monnaies numériques des banques centrales tout en ayant la possibilité d’être mis en place… La question de l’existence d’un bon SMI se pose alors.

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Léo Bedenc
Diplômé emlyon et SciencesPo Lyon après une prépa ECE à Bordeaux, je suis également agrégé en S.E.S et j'interviens régulièrement sur Mister Prépa en ESH.