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ESH HEC 2019 – Copie de Julien 18/20
Sujet : Performances économiques et justice sociale
Cet article sera principalement porté sur l’analyse de l’introduction puisque comme vous le savez, une fois l’introduction lue, le correcteur a déjà une idée de votre note. C’est pourquoi vous devez l’impressionner dès l’intro et le mettre dans votre poche. L’intro est selon moi l’élément primordial de votre dissertation.
Analyse de l’introdution
La copie commence par une accroche peu commune qui attire l’œil du correcteur : la distinction que fait Aristote entre « justice redistributive » et « justice commutative ». On imagine que le correcteur apprécie de voir une autre référence que la controverse des gilets jaunes, souvent évoquée dans les médias et dans les copies à cette période.
Il s’ensuit une définition rigoureuse de « justice sociale », celle évoquée par J. Rawls dans Théorie de la justice sociale (1971). Cette définition était clairement celle attendue par les correcteurs. Selon moi, si vous avez des définitions faites par des auteurs (exemple la définition de l’innovation par J. Schumpeter), apprenez celle-là et complétez par d’autres points si vous la trouvez un peu légère. Plus la définition est rigoureuse, plus le correcteur verra que vous êtes un(e) candidat(e) sérieux(se). Rawls est de plus l’auteur phare sur la justice sociale donc l’évocation de Rawls sur ce sujet est inévitable. En le mentionnant tôt, le correcteur voit immédiatement que vous ne faites pas fausse route.
Au concours et particulièrement aux épreuves d’HEC, vous tomberez sur des expressions dont vous n’aurez pas forcément appris la définition au préalable (cf. HEC 2015 : La crédibilité des accords monétaires où il faut définir rigoureusement crédibilité), c’est le cas ici de « performances économiques ». La définition proposée dans la copie n’est pas très rigoureuse mais aborde l’aspect d’amélioration des résultats économiques pour les différents agents (individus, entreprises et Etats) donc elle est recevable. Cette définition aurait pu être complétée par des exemples de performances économiques, par exemple les gains de productivité pour un travailleur, le chiffre d’affaire pour une entreprise et le PIB à l’échelle d’une nation.
Une fois les définitions faites, vous devez expliquer l’intérêt du sujet et ce à quoi il réfère. En l’occurrence, la justice sociale permet de prime abord une redistribution plus juste des ressources (justice commutative aristotélicienne) qui augmente la productivité des travailleurs car mieux rémunérés donc les performances économiques de l’entreprise (hausse du chiffre d’affaire). En revanche, une redistribution trop élevée (comme des allocations sociales ou le montant d’un RSA trop élevé) pourrait nuire aux performances économiques en désincitant les individus à travailler et adopter un comportement de « passager clandestin » (M. Olson, Logique de l’action collective, 1965). Expliquez donc pourquoi le sujet ne semble pas si facile à traiter et soulevez l’intérêt du sujet.
Enfin pour chaque grand thème d’économie, des auteurs se confrontent. C’est le cas sur la justice sociale de Rawls et de F. von Hayek (Le mirage de la justice sociale, 1971) pour qui la justice sociale est une illusion, un « mirage » et lutter pour elle serait contre-productif. De même qu’en évoquant Rawls dès l’introduction, la mention d’Hayek à la fin montre au correcteur que vous ne faites pas fausse route et que vous développerez ces points dans le développement. Pour l’annonce de plan, je vous conseille d’écrire I, II et III à côté de vos parties. Le but est de simplifier au maximum la lecture de votre copie au correcteur, en faisant apparaître clairement vos parties c’est le cas. Je vous conseille de faire de même pour les sous-parties.
Brève analyse du développement
Partie I : un graphique qui attire l’œil du correcteur, celui de Phelps-Rawls. Votre graphique doit être rigoureux et bien expliqué. Peut-être superflu de vous le rappeler mais dans chaque partie il vous faut : des auteurs (Rawls, Pigou, Okun, Keynes ici), des chiffres et des faits historiques (surtout en épreuve pour HEC, ici la période des Trente Glorieuses et l’instauration du SMIG). Il est fortement préférable que les faits historiques évoqués dans une partie soient dans l’ordre chronologique.
Partie II : idem que la partie I ; des auteurs centraux sur le sujet (Malthus, Hayek, Arrow, Condorcet), des chiffres (sur l’Economic Recovery Tax Act de Reagan) et des faits historiques (le retour du libéralisme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni avec M. Tchatcher, et surtout ce qui a fait gagner des points ici je pense est la référence à l’URSS, cette « économie de pénurie » qui ne parvînt ni à un équilibre de justice sociale ni à des performances économiques pérennes)
Partie III : la conciliation de la justice sociale et de performances économiques est possible par le développement de la démocratie (A. Sen, Poverty and Famines, 1981). Sen développe l’idée de “capabilités” (capacité de transformer le “pouvoir” d’un individu en “avoir”) en montrant que le “Grand bond en avant” de Mao (1954-1956) ne l’a pas permis. Enfin une justice sociale doit passer par une fiscalité optimale (règle de Ramsey, il faut ouvrir le champ de “justice sociale” à la notion de fiscalité), fiscalité optimale qui passerait ici par la conciliation de performances économiques et justice sociale. A l’inverse de cela, E. Saez, T. Piketty et C. Landais (Pour une révolution fiscale, 2011) montrent que la fiscalité française est profondément injuste.
Conclusion : conclusion synthétique qui reprend les parties précédentes et fait une ouverture sur le modèle danois qui est parvenu à concilier performances économiques et justice sociale mais assurément grâce à un civisme assuré.