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Résumé Podcast : La course mondiale au leadership climatique

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Suite à la crise du Covid l’Europe a décidé de mettre en place un plan de relance sans précédent de 800 milliards d’euros, avec pour objectif une transition vers une économie plus verte. Si ce projet avait déjà été amorcé avec le Green Deal, la pandémie a permis de concrétiser rapidement cette aspiration, avec la mise en place de subventions et de prêts afin de stimuler l’innovation. L’objectif ? Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

 

L’enjeu climatique, un enjeu de puissance ?

Avec ce plan de relance, l’Europe affiche clairement son ambition : devenir le premier continent neutre au niveau climatique. Et pour se faire, elle compte jouer sur la réglementation afin d’orienter les investissements vers l’innovation verte mais également les entreprises. En parallèle, le gouvernement européen cherche à stimuler les innovations de rupture, notamment grâce à la création de Horizon Europe, autrement appelée la DARPA européenne. Ce projet consiste à réunir un grands nombre d’acteurs du progrès afin de mettre en place des innovations de rupture tout en mutualisant le risque. Cela implique donc une action groupée entre le public et le privé ainsi que la mise en place d’un juste équilibre entre monopole et concurrence pour optimiser au maximum l’innovation.

Mais l’Europe n’est pas la seule à vouloir dominer sur la scène climatique, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de J. Biden. Ce dernier, en réintégrant les accords de Paris, a montré sa bonne volonté quant à la question climatique. Non seulement cette reprise d’engagement est importante dans la mesure où les Etats Unis sont de gros émetteurs de gaz à effets de serre (GES), mais en plus cela incite des pays moins ambitieux à se pencher sur la question climatique. Pour autant la partie n’est pas gagnée d’avance dans la mesure où le mandat de D. Trump a refreiné les avancées du pays au niveau des innovations vertes : l’Europe a 50% de plus de brevets dans ce domaine. Pour rattraper leur retard, le gouvernement à d’ailleurs décider d’investir près de 1000 milliards de dollars dans des projets durables, afin de pouvoir in fine être à la tête de tout le processus de transition mondial.

 

Quels moyens pour orienter cette transition ?

Sans surprise, l’un des premiers moyens pour amener à cette transition écologique serait d’appliquer une forme de réglementation sur les différents agents économiques, que ce soit les entreprises ou les consommateurs. Le but ? Encourager les innovations vertes dans la sphère privée. Par exemple, c’est grâce à la réglementation sur les tarifs de rachats des panneaux solaires en France que le cout de ces panneaux à baisser. Cette mesure consistait à garantir aux agents de racheter l’énergie produite par leurs panneaux solaire à un certain prix, rendant ainsi les investissements dans ces produits attractifs. Si la réglementation est très appréciée en Europe, il n’en reste pas moins qu’elle se confronte à quelques limites. En effet, les réglementations sont efficaces mais elles n’ont pas forcément d’effets concrets sur le pays à l’origine de celles-ci. De fait, si l’on reprend l’exemple des panneaux solaires, la garantie de rachats de l’énergie a surtout bénéficié aux entreprises chinoises qui produisaient en grande partie ces panneaux. Ainsi, se sont ces entreprises qui ont innové et non les entreprises françaises.

Mais alors comment faire en sorte de surtout faire progresser la transition à l’échelle nationale ? Tout simplement en favorisant directement la recherche et le développement via des investissements. Dans ce cas, le gouvernement choisi non pas d’impulser la transition écologique indirectement en finançant des projets produits par le reste du monde, mais plutôt de produire lui-même les outils utiles au verdissement, quitte à avoir un léger retard sur le court terme. C’est cette stratégie qu’a d’ailleurs décidé de suivre les Etats-Unis, contrairement à l’Europe, davantage encline au premier choix.

En bref, sans innovation, pas de transition écologique. Mais encore faut-il que ces innovations soient acceptées et utilisées pour que cela fonctionne. En effet, certaines innovations font aujourd’hui face à une certaine opposition, comme c’est le cas pour les éoliennes. Outre leur coté peu esthétique souvent reproché, l’une des idées reçues à propos de cette énergie renouvelable est qu’elle coûte très cher comparé au nucléaire. Or, selon la ministre de la transition écologique française Mme Pompili, cette accusation est à temporiser : ce qui coûte cher avec ces nouvelles énergies renouvelables, c’est le stockage. Nos connaissances actuelles ne permettent malheureusement pas un stockage sur le long terme de l’énergie produite, ce qui rend la production très peu rentable. Par ailleurs, la comparaison de coût avec le nucléaire semble aujourd’hui obsolète dans la mesure où le nouveau nucléaire (d’ici 10 à 15 ans) coûtera 3 à 4 fois plus cher que les énergies renouvelables. Pourquoi ? Tout simplement parce son utilisation nécessitera le démantèlement des usines nucléaires françaises vieillissantes, mais également à cause des coûts de traitement des déchets et de sureté.

 

La transition écologique, un combat national ?

Il semble évident que la transition écologique débute avant tout avec des efforts à l’échelle locale. Pour autant, une action mondiale peut avoir lieu grâce à la révolution du digital, dans la mesure où aujourd’hui des pays peuvent acheter des technologies au reste du monde pour devenir vert. De fait, il existe une forme de concurrence émulatrice entre pays afin de développer les meilleures technologies et/ou énergies, pour pouvoir ainsi les revendre au reste du monde et rentabiliser leurs efforts en recherche et développement.

Par ailleurs, il est apparu depuis quelques années une volonté parmi les pays développés d’agir communément face au changement climatique, en témoigne la mise en place des différentes COP entre gouvernements. D’ailleurs, lors de la COP 26 à Glasgow en novembre 2021, la Chine s’est faite remarqué pour son discours volontaire quant à la possibilité de réduire fortement ses émissions de GES. Pour autant il ne faut pas perdre de vue que ces engagements restent avant tout verbaux : beaucoup de pays ayant promis une neutralité carbone d’ici 2050 sont encore loin du compte. Ceci s’explique notamment par des difficultés rencontrées autour de la question de la fin de l’utilisation du charbon et autres énergies fossiles, qui restent une source de revenu non négligeable dans beaucoup d’économies.

La limite de cet effort international est que les mesures prises par les pays restent cantonnés à l’échelle nationale, si bien que certains pays peuvent être pénalisés par des réglementations dites trop sévères. C’est notamment un des soucis rencontrés par le marché du prix du carbone. Il en existe plusieurs dans le monde, dont un en Europe. Le problème ? Des prix qui diffèrent selon les marchés. Le risque ? Une incitation au dumping écologique qui aboutirait à accentuer le changement climatique. La solution ? Mettre en place une taxe aux frontières pour rééquilibrer la perte de compétitivité subie par les entreprises fortement concernées par le prix en hausse du carbone ou la réglementation verte. C’est d’ailleurs une solution qui va apparaitre en Europe à partir de 2023 et sur laquelle travaillent activement les Etats-Unis aujourd’hui. Par ailleurs, l’enjeu dans cette réglementation verte est de limiter au mieux le risque de faire reposer l’ensemble des mesures sur les plus pauvres, qui sont les premiers touchés par celle-ci. Pour cela, le gouvernement pourrait par exemple tenter de verser des indemnités ou des aides financières afin que la transition écologique ne devienne pas un facteur d’accélération du creusement des inégalités.

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Dorian Feaux