La population espagnole reste à l’heure actuelle un enjeu considérable pour le pays. Pourquoi cela ?
Il convient de rappeler que l’Espagne est le cinquième pays le plus peuplé de l’Union Européenne. Toutefois, on ajoutera à cela que ce dernier dispose d’une répartition inégalitaire de la population sur son territoire. Également, il présente un solde naturel négatif (il s’agit de la différence entre le nombre de naissances vivantes et le nombre de décès). Autrement dit, il y a plus de morts que de naissances. En outre, la chute des naissances reste un sujet très préoccupant en Espagne (baisse de 21% depuis 2008). Nous verrons que l’immigration est très importante et atténue cette chute. De plus, on observe un vieillissement de la population espagnole, ce qui n’est pas sans causer de nombreux défis au pays. C’est ce que nous allons étudier plus précisément dans cet article.
I. Une répartition inégalitaire de la population espagnole – un territoire à deux visages.
En ce qui concerne la répartition de la population sur le sol espagnol, il est clairement apparent qu’il subsiste de nombreuses inégalités. Et pour cause, il existe une brèche considérable entre les différentes régions. En guise d’exemple, les communautés autonomes les plus peuplées sont par ordre croissant : l’Andalousie (18% de la population espagnole), suivie de la Catalogne (16%), la Communauté de Madrid (14%) ou encore, la Communauté de Valence (11%). D’un autre côté, on retrouve des régions autonomes isolées telles l’Extremadura, Castille-la-Manche, Aragon, la Galice et Castilla et Léon. C’est ce qu’on surnomme « Espana vacia ».
II. L’effondrement du taux de fertilité…modéré par l’immigration.
La chute des naissances est un phénomène ayant eu lieu dès les années 70. Comment expliquer cette tendance ? L’arrivée des femmes sur le marché du travail, la généralisation du mode de vie urbain, l’évolution du modèle familial, la libéralisation sociale ou encore l’avènement de crises économiques plongeant les ménages dans l’incertitude quant à leur futur (ex : crise de 2008 qui explique le fait selon lequel dès 2010 ait été recensé les taux les plus bas de natalité avec seulement 1,3 enfant par femme) sont des facteurs explicatifs.
Par ailleurs, selon les projections futures de l’Instituto Nacional de Estadistica (INE), si se poursuit la tendance à l’avalanche des naissances, la population espagnole chutera de manière significative sur les années à venir et ce, même en ayant le recours à l’immigration agencée depuis de nombreuses années. Et pour cause, si l’Espagne était à l’origine un pays d’émigration, il est devenu un pays dont la tendance est à l’immigration depuis le milieu des années 90. Les motifs qui ont poussés les migrants à se tourner vers l’Espagne sont divers, on distingue : l’amélioration du niveau de vie incluant les conditions climatiques, saisir davantage d’opportunités au niveau professionnel ou encore un cadre de vie idéal pour les retraités provenant notamment de Grande Bretagne ou d’Allemagne. En 2011, les étrangers représentaient un taux record de 12% de la population espagnole totale. Aujourd’hui ce chiffre se situe entre 9% et 10% car avec la venue de la crise de 2008, beaucoup d’étrangers ont dû retourner dans leur pays.
III. Le vieillissement démographique : un constat alarmant
Tout d’abord, en Espagne, l’espérance de vie de la population détrône tous les pays de l’Union Européenne (UE) où celle-ci est évaluée à 83 ans. De ce fait, la population vit plus longtemps et, étant donné le faible taux de naissance, cela signifie que la proportion de personnes âgées dans la population totale augmente. On assiste ainsi, au vieillissement de la population. Pour citer quelques chiffres clés, en moins de 30 ans, le nombre de personnes âgés ayant plus de 65 ans parmi la population totale a doublé. Si aujourd’hui elles ne représentent pas moins de 17% de la population (INE, 2008), selon les projections menées par les Nations Unies pour 2050, l’Espagne sera qualifiée comme le pays le plus vieillissant au monde avec 40% de sa population qui sera âgé de plus de 60 ans (Population, vieillissement et développement 2009 : www.unpopulation.org).
Le vieillissement de la population pourrait poser problème. En effet, le manque de main d’œuvre pourrait rendre insoutenable le système économique et social d’Espagne. Il est indubitable que la société espagnole doit se préparer à financer des soins de santé plus coûteux. C’est notamment la question de la répartition et du financement des retraites qui est amenée sur la table.
Pour aller plus loin, il serait intéréssant de s’interroger sur : comment garantir la soutenabilité des pensions de retraite tout en anticipant un « sur vieillissement » de la population espagnole ? (https://www.jubilaciondefuturo.es/es/blog/las-consecuencias-para-espana-de-una-poblacion-envejecida.html plusieurs pistes y sont étudiées).