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Pierre-Noël Giraud, La mondialisation, Émergences et Fragmentations, 2008

Sommaire

S’appuyant sur les travaux fondateurs d’Angus Maddison puis ceux de François Bourguignon et Christian Morrison, l’auteur rappelle que les inégalités entre les régions se sont accrues au cours des deux derniers siècles. Selon Madison, le PIB par habitant des pays les plus riches était 3,5 fois celui des pays africains en 1820, 7,2 fois en 1910 après la première mondialisation, et 17 fois en 1992.

 

Deux points de vue opposés :

  1. Le libéralisme économique et politique sont des facteurs décisifs pour s’enrichir. Ceux qui sont piégés dans la pauvreté refusent de jouer le jeu libéral.
  2. Pour réduire les inégalités à l’intérieur du pays, il faut ce qu’il appelle « croissance social-démocrate autocentrée », et qui apparaît en réponse aux conséquences de la crise de 1929. C’est l’avènement de l’État keynésien au cours des trente glorieuses.

Le tournant libéral du début des années 1980, avec la libéralisation accrue de la circulation des biens et des capitaux, décriée sous le poids de l’État, a restauré la dynamique des inégalités, y compris dans le tiers-monde, qui va se diviser en deux groupes : les émergents et les autres.

Mais au cœur de cette dynamique se trouve la mondialisation financière, qui a imposé la finance de marché à l’échelle mondiale, couplée à la mondialisation des firmes. La dynamique qui en a résulté a conduit les investisseurs institutionnels internationaux à mettre les entreprises mondiales en concurrence en exigeant les rendements les plus élevés possibles pour les actionnaires et à adopter une approche actionnariale de la gouvernance d’entreprise. Pour répondre à cette question, ces entreprises mondiales (récemment en activité) seront elles-mêmes en concurrence dans différentes régions pour réduire les coûts et maximiser les rendements pour les actionnaires.

 

Le rôle de l’État

Contrairement aux règles libérales, cependant, l’État n’a ni disparu ni vraiment allégé son poids pour deux raisons.

  1. Premièrement, ils contrôlent toujours les mouvements des hommes, ce qui maintient les activités sédentaires qui ne sont pas influencées par la compétition internationale.
  2. De plus, même si de nombreux discours ont préconisé des réductions de la fiscalité obligatoire et des dépenses publiques, celles-ci sont toujours à un niveau record. C’est aussi pourquoi l’auteur soutient que la diversité du capitalisme est maintenue, et propose même l’idée que de nouvelles formes de capitalisme devraient émerger.

La mondialisation n’a donc pas nécessairement amélioré la vie de tout le monde au cours des 40 dernières années. Malgré le poids important de l’État dans les pays les plus riches, les inégalités internes se sont accrues, notamment dans le monde anglo-saxon. C’est le cas aux États-Unis, où la croissance économique des 30 dernières années a été monopolisée par les 1% les plus riches (c’est ce que soutient Stiglitz dans son dernier livre, The Price of Inequality). Mais en Chine, ces inégalités internes se sont également considérablement accrues au niveaux social et géographique. Bien qu’il y ait eu une légère amélioration au cours de la dernière décennie en raison de la hausse continue des prix des produits de base, les inégalités entre les régions asiatiques ont diminué, mais elles ont augmenté en Afrique. Quant aux inégalités mondiales, le débat sur leur évolution ces dernières années reste entier. Enfin, la pauvreté absolue (le seuil PPA de 1,25 $ par jour) montre une tendance à la baisse au niveau mondial, et il existe de grandes disparités territoriales, et la situation en Afrique quant à elle semble toujours aussi mauvaise.

 

Renégocier les règles de la mondialisation

Il est légitime pour P-N GIRAUD de renégocier aujourd’hui les règles du jeu de la mondialisation. Selon lui, face aux entreprises chinoises, bien qu’elles soient protégées par le gouvernement chinois, leurs capacités technologiques sont désormais très élevées. Il propose alors deux types d’accords pour rééquilibrer la répartition du travail nomade :

  1. la formulation d’objectifs stratégiques communs pour l’UE et les grands pays émergents : recentrer ces derniers sur son marché intérieur pour enclencher une croissance de type « social-démocratie autocentrée » ; délocaliser les industries de main-d’œuvre non qualifiée qu’elle exporte vers l’Afrique et L’Asie du Sud pour déclencher son industrialisation, l’Europe ouvre pleinement ses frontières aux produits africains ; la réindustrialisation européenne, notamment dans la production qui nécessite une main-d’œuvre qualifiée, disponible mais qui pourrait disparaître sans elle.
  2. sur une politique industrielle de long terme permettant de rééquilibrer les emplois industriels. 
  3. une totale réciprocité avec les grands émergents. Comme en Chine, tous les biens et services pourraient être vendus sur tout marché sans entraves mais à condition qu’ils soient en partie produits sur place. Mais quel que soit le scénario, sans « préférence subjective pour l’égalité » de la part des nomades, il sera difficile de lutter contre cette montée des inégalités.
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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref