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Quelles sont les conséquences de la victoire de J. Biden pour l’Amérique Latine ?

Sommaire

Biden est officiellement devenu le 46ème Président des États-Unis le 20 janvier 2020. Si cette passation de pouvoir entre le républicain D. Trump et le démocrate est significative pour les États-Unis, elle l’est également pour l’Amérique Latine, région où de nombreux pays entretiennent des relations étroites avec les États-Unis. La victoire de J. Biden est donc l’occasion de souligner les potentiels changements et conséquences pour l’Amérique Latine.

L’ingérence des États-Unis en Amérique Latine, justifiée par la doctrine Monroe (datant de 1823) a été la règle pendant de nombreuses décennies. Si aujourd’hui l’impérialisme étatsunien fait moins débat, les États-Unis jouissent toujours d’une influence significative auprès de leur voisin ; c’est pourquoi il est intéressant de questionner les conséquences, dans des domaines tels que l’immigration, l’environnement ou les relations bilatérales, des élections de novembre 2020 pour l’Amérique Latine. 

 

Amérique centrale et immigration            

Trump s’est appliqué durant tout son mandat à mener une politique migratoire rigide à l’égard des latino-américains, plus précisément à l’égard de son voisin, le Mexique. Son mandat a en effet été ponctué par de nombreuses attaques et menaces envers le Mexique, berceau de « drogues », « criminalité » et « violeurs », selon les mots du président. Rappelons-nous par exemple que D. Trump menaçait son homologue mexicain en juin 2019 d’augmenter de façon significative (5%) les tarifs douaniers des biens provenant du Mexique s’il ne mettait pas rapidement en place des mesures afin de résoudre le problème de l’immigration clandestine. Finalement, le mur de 1600 kilomètres que D. Trump promettait d’ériger entre la frontière étatsunienne et mexicaine (bien que seuls 450km de barreaux auraient finalement été mis en place jusqu’à ce jour) résume l’hostilité de la politique migratoire du président sortant à l’égard du Mexique, mais plus globalement à l’égard de l’Amérique Latine: les nombreuses caravanes de migrants provenant d’Amérique centrale se sont toutes confrontées à une législation de plus en plus stricte et de moins en moins protectrice, et à des conditions dans les centres d’immigration aux frontières de plus en plus dégradées.

Alors que chaque enfant se voyait séparé de leurs parents en arrivant à la frontière et les pays latino-américains sanctionnés, J. Biden a promis lors de sa campagne de modifier la politique migratoire du pays. Celle-ci prendrait ses distances avec celle du président sortant pour davantage se rapprocher de celle de B. Obama. En effet, la politique migratoire viserait désormais l’amélioration des conditions des pays de départ des migrants, mettrait fin aux séparations des familles, s’appuierait à nouveau sur le programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals, mis en place en 2012 par B.Obama et J.Biden lui-même, et fortement restreint par D. Trump) ayant vocation à donner l’opportunité aux « dreamers », c’est-à-dire aux migrants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents alors qu’ils étaient mineurs, d’y construire leur vie sans être déportés. De plus, J. Biden compte, comme nombre de ses prédécesseurs, aussi bien démocrates que républicains, proposer au Congrès un projet de loi relatif à l’immigration visant l’obtention de la citoyenneté américaine des 11 millions d’immigrants clandestins vivant aux États-Unis. Le président élu semble également apporter une réponse temporaire à l’immigration puisqu’il suspendra les déportations pendant une durée minimum de 100 jours afin de réviser les mesures mises en place par D. Trump.

 

L’environnement et le Brésil

Si la victoire de J. Biden sera synonyme d’un renouveau de la politique environnementale étatsunienne, elle impulsera également un nouveau souffle sur celle menée en Amérique Latine, plus précisément au Brésil. En effet, le brésilien d’extrême droite J. Bolsonaro perd un allié clé dans son combat climato-scéptique avec la défaite de D. Trump. Le silence et l’absence de prise de conscience de J. Bolsonaro à la suite des incendies dévastant l’Amazonie ont prouvé que le mandataire brésilien et le républicain partageaient les mêmes réticences face à l’engagement climatique.  Désormais, la deuxième plus grande économie d’Amérique devra composer avec un nouvel acteur et un nouvel agenda : J. Biden a évoqué la création d’un fond international de 20 000 millions de dollars pour préserver l’Amazonie et sanctionnera économiquement le Brésil s’il ne parvient pas à freiner la déforestation. Cette mesure, couplée à la pression internationale et l’inquiétude des investisseurs, pourrait inciter le dirigeant brésilien à modifier sensiblement sa politique environnementale.

 

Venezuela

Quelques heures suivant l’auto-proclamation de J. Guaidó à la fonction de président par intérim du Venezuela en janvier 2019, les États-Unis de Trump reconnaissaient immédiatement la nouvelle fonction du président du Parlement, devenant ainsi les premiers et fidèles alliés de l’opposant de N. Maduro. Depuis cette date, Trump n’a cessé de soutenir J. Guaidó, faisant ainsi pression sur le régime de N. Maduro. Par exemple, ce dernier s’est rapidement vu sanctionné par des mesures économiques de la part du secrétaire américain au Trésor qui a gelé les actifs de la compagnie pétrolière étatique Petróleos. Sans grande surprise, Trump avait promis, s’il était réélu, d’appliquer la même politique extérieure à l’égard de son « ennemi idéologique », Maduro.

Si J. Biden partage la position de D. Trump sur la nécessité de nouvelles élections démocratiques, il reste à savoir quelle sera la stratégie menée par le nouveau président des États-Unis à l’égard du Venezuela, et face à N. Maduro qu’il qualifiait de « dictateur » en 2018 suite aux élections frauduleuses qui lui ouvraient les portes du Palais de Miraflores pour la deuxième fois consécutive. Cependant, ces déclarations ne ferment pas nécessairement la porte au dialogue entre les deux dirigeants, comme le prouvent les félicitations de N. Maduro suite à la victoire du duo Biden-Harris. Il s’agira donc d’analyser si la relation des États-Unis de J. Biden avec le leader de l’opposition, J. Guaidó, saura apaiser l’instabilité  politique vénézuélienne.

 

Conclusion  

Liées géographiquement et historiquement, l’Amérique Latine et les États-Unis le sont aussi d’un point de vue économique, environnemental et politique ; c’est pourquoi la victoire de J. Biden et donc la défaite de D. Trump sont lourdes de sens pour l’Amérique Latine.  En effet, J. Biden aura pour mission d’apaiser les tensions avivées avec l’Amérique Latine tout au long du mandat de D. Trump, notamment sur des sujets sensibles tels que l’immigration, et aura également la mission de redéfinir les alliances et les stratégies avec des dirigeants populistes comme AMLO ou J. Bolsonaro, davantage partisans des opinions du président sortant.

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Elisa De Figueiredo
Actuellement à l'EDHEC après deux ans de prépa ECE au Lycée Marcelin Berthelot, j'ai à cœur d'aider les étudiants en langues!