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Tout connaitre sur les régimes politiques en Amérique Latine !

Sommaire

Cet article a vocation à poser les bases historiques afin de mieux comprendre la permanente instabilité politique sur le continent et ainsi à appréhender plus facilement l’actualité. 

L’Amérique Latine intrigue, par son histoire, ses acteurs, ses coutumes. Elle est un acteur essentiel de la scène internationale mais pourtant, elle est restée cantonnée tout au long des XIXe et XXe siècles à un rôle de second plan, sclérosée par une instabilité politique chronique.

Avant toute chose, il convient de poser ce qu’on entend par « régime politique ». Nous nous référons à un système de partis, d’institutions politiques et juridiques mais également (et surtout) à l’ensemble des rapports de forces, de pouvoir, de domination, d’autorité et de légitimité qui contribuent aux institutions politiques tout en les contestant.  

Avènement des démocraties en Amérique latine : 

Après un XXème siècle turbulent et marqué par les régimes dictatoriaux (oligarchiques, populistes ou dictatoriaux), l’Amérique Latine se tourne peu à peu vers la démocratie dans les années 1980. 

En effet, les régimes populistes sont sans conteste ceux qui ont le plus marqué la période, surtout depuis les années 1930. En 1960-1970, le continent est en grande partie plongé dans l’enfer des dictatures militaires. 

Les démocraties latino-américaines ont émergé à partir de la défaite de ces dits régimes autoritaires, et leur consolidation a eu lieu pendant le processus de libéralisation économique (privatisations, ouverture et dérégulation de l’économie) à la fin du XXème siècle. Cependant, à l’exception du Chili, les pays latino-américains n’ont pas réussi à établir de solides institutions de marché ni, à construire de solides institutions politiques.

C’est pourquoi la démocratie peine à s’installer, peut-être également parce qu’elle ne fait pas partie intégrante des moeurs politiques du continent. En effet, les transitions démocratiques latino-américaines sont marquées par une alternance, une dualité, allant d’abord d’une hégémonie néolibérale durant toutes les années 1990 à un virage à gauche au début des années 2000 (avec comme dénominateur commun le post-néolibéralisme).

Il s’avère que pour certains spécialistes en la matière, ce tournant démocratique n’a été qu’une période « post-dictatoriale » témoignant de la vision étroite qu’ont les dirigeants de la démocratie. 

 

Puis plus récemment, nous assistons à un retour de la droite et à l’essoufflement de ces régimes dits « post-néolibéraux » qui laissent place a des gouvernements autoritaires qui entendent en finir avec les multiples crises que subit le continent (économique, sociale, sécuritaire, migratoire…).  

 

Le virage à gauche au début des années 2000

Au tournant du XXIe siècle, de nombreux pays élisent des gouvernements de gauche : un mouvement singulier et frappant connu comme celui de la « nouvelle gauche latino-américaine » mais aussi appelé la « vague rose ».

Malgré les différences, ces mouvements sont désignés comme appartenant à la « gauche » car leurs programmes partagent au moins deux éléments communs : la réduction des inégalités sociales et l’utilisation de l’État pour y parvenir. 

D’un côté, les gouvernements du Chili et de l’Uruguay acceptent l’économie de marché et la démocratie libérale. À l’opposé, les gouvernements du Venezuela et de la Bolivie refusent à la fois l’économie de marché et la démocratie libérale. Ils consentent néanmoins à une forme très étatique et très protégée de capitalisme ainsi qu’à adopter quelques aspects de la démocratie, comme le principe selon lequel le gouvernement doit être élu et l’opposition doit avoir le droit de participer aux élections. Toutefois, ils en rejettent d’autres, comme la séparation des pouvoirs, et regardent avec méfiance les activités de l’opposition. La frontière entre régime autoritaire et régime démocratique ne semble pas correctement fixée, et les limites sont souvent dépassées.  

 

L’Amérique Latine en 2023 : vers un re-nouveau de l’autoritarisme ?  

L’actualité politique latino-américaine en 2023 est marquée par l’émergence (et l’élection )  de « candidats de la rupture » à l’instar de Nayib Bukele ou de Javier Milei qui re-dessinent et bafouent totalement le paysage démocratique dans leur pays, et même à l’échelle continentale.

Dès lors, depuis quelques années, émergent 3 types de protestations contre les institutions politiques : contre les inégalités, contre un pouvoir jugé corrompu et autoritaire et contre l’insécurité croissante. 

Nayib Bukele, le Président du Salvador, est devenu une référence pour certains chefs d’État et pour l’opinion publique. Il est l’homme qui a réussi à réduire significativement l’influence des bandes organisées (las maras). Même si cela se fait au détriment des droits fondamentaux, de nombreuses personnes approuvent son autoritarisme. 

Dès lors, avec la crise d’insécurité, les régimes politiques du continent se retrouvent dans une tension permanente : à quoi sert la démocratie si elle n’est pas capable d’assurer le minimum vital, c’est-à-dire la sécurité de la population contre les gangs mais aussi la sécurité alimentaire, la sécurité de l’emploi, la sécurité sociale ? 

 

À travers cet article, on comprend bien les fragiles bases sur lesquelles reposent les principes démocratiques latino américains. 

 

Pour compléter cette perspective historique, je vous invite à lire : Comment l’Amérique latine a-t-elle gagné en stabilité politique ? 

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Camille Huentz