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Cinéma et géopolitique : quel lien ?

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Le cinéma, objet économique et culturel, possède aussi une dimension géopolitique. Élément tout d’abord de soft power, un film peut aussi être source de tensions géopolitiques pour son scénario ou son message par exemple. Il convient donc d’interroger le lien entre le cinéma et la géopolitique internationale.

 

Le cinéma : un objet culturel et économique procurant un soft power

Le cinéma est un objet économique qui rapporte des recettes élevées. En 2018, le cinéma a rapporté 40 milliards de dollars à Hollywood et les vidéos à la demande et produits dérivés ont rapporté 56,8 milliards de dollars. Cependant, le cinéma n’est pas un objet économique comme tous. Il s’agit également d’un objet culturel qui, lorsqu’il est répandu à une échelle internationale, peut procurer un soft power au pays qui le produit. C’est ainsi que le cinéma procure un réel soft power aux États-Unis avec Hollywood qui est la première industrie de production cinématographique en termes de chiffre d’affaires. Hollywood permet d’étendre la culture américaine dans le monde entier grâce à la réalisation de nombreux films qui ont des succès mondiaux.

Durant l’histoire, le cinéma était déjà utilisé comme outil de soft power, même si le terme de Joseph Nye n’est employé que depuis la publication de son livre Bound to lead en 1990. Par exemple, dès la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie réalisait des films de propagande comme Les Dieux du Staderéalisé par Leni Riefenstahl en 1936. Durant la Guerre Froide, les États-Unis utilisaient aussi le cinéma pour prôner la grandeur de leur pays dans des films où les Américains combattaient des soviétiques. Un exemple populaire est Rocky IV sorti en 1985.

Le cinéma : une commercialisation d’objets culturels source de tensions

Avec la fin de la Guerre Froide, nous assistons à la mondialisation économique et avec la création de l’OMC en 1995 à la mondialisation du libéralisme économique. Cependant, si beaucoup de produits commerciaux font l’accord de libre-échange, le cinéma, étant un élément culturel, bénéficie de règles particulières.Par exemple, la France n’applique pas les mêmes lois qu’aux États-Unis quant à la commercialisation des films pour tenter de protéger les industries cinématographique et de vente françaises. Par exemple, les plateformes de streaming comme Netflix ne peuvent pas proposer des films sur la version française de la plateforme si ceux-ci sont sortis il y a moins de 3 ans. Les lois protectionnistes sur le secteur culturel en France peuvent d’ailleurs être des sujets de discorde avec les États-Unis qui dominent largement le secteur du cinéma.

Cependant, la commercialisation d’un film peut être aussi source de tensions pour son contenu. En effet, certains films sont interdits à cause de leur contenu ou du message qu’ils livrent. C’est le cas par exemple du film Barbie de Greta Gerwig qui a été interdit de diffusion en Algérie et au Koweït pour « atteinte à la morale publique ». Le ministre libanais de la culture a d’ailleurs lui aussi réclamé la censure du film. Ces censures du film dans ces pays sont pour les producteurs américains des marchés en moins. Le film est d’ailleurs accusé en Chine de « nourrir les conflits entre les sexes » et de « promouvoir la propagande occidentale » alors que le film est accusé par certains américains de faire de la propagande chinoise en affichant la « ligne en neuf traits » sur une carte.

Lire plus : Hollywood sous la pression de la Chine, nouvel exemple du soft power de l’empire du milieu

Le cinéma : un objet culturel à l’image de la géopolitique mondiale

Le cinéma est un domaine économique dans lequel les États-Unis ont encore peu de réelle concurrence. En effet, Hollywood est de loin le premier producteur mondial de film en termes de chiffres d’affaires. Bollywood essaie de s’imposer comme puissance cinématographique en étant le premier producteur mondial en termes de nombre de films par an avec en moyenne 1600 films produits chaque année entre 2014 et 2019. Néanmoins l’audience de Bollywood reste essentiellement indienne alors que les films américains sont vus sur toute la planète. Le constat est le même avec Nollywood. Le Nigéria produit de nombreux films mais peu obtiennent une visibilité mondiale.

Cependant, on peut voir le cinéma comme une image de la géopolitique mondiale en observant l’importance procurée aux marchés internationaux par Hollywood. En effet, on observe une augmentation de l’importance donnée aux marchés des pays émergents. Lorsqu’avant les recettes des films produits par Hollywood venaient essentiellement des pays occidentaux et développés, aujourd’hui ils ne peuvent plus se passer du marché chinois. C’est pourquoi nous observons une influence croissante de la Chine sur Hollywood, qui censure beaucoup de films à l’entrée de son territoire. Ainsi de nombreux producteurs cherchent à adapter leurs scénarios au public chinois en mettant par exemple en avant des personnages chinois, quelque chose qu’on ne voyait pas auparavant.

Pour conclure, le cinéma est un objet économique et culturel source de soft power, pour les États-Unis notamment, et source de tensions géopolitiques pour la commercialisation des films. Enfin, le cinéma est en parti le reflet de la géopolitique mondial avec une influence croissante de la Chine, notamment grâce à l’importance de son marché de nos jours.

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Margaux Le Thuc