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Les remises en question de l’Union Européenne

Sommaire

La façon d’envisager la poursuite de la Construction Européenne ou son rejet est au centre des recompositions des paysages politiques. La situation européenne ne répond plus aux enjeux contemporains de certaines sociétés européennes. On assiste alors à l’émergence de nouveaux courants politiques, différents des partis fondateurs de l’Union Européenne, voire même en opposition avec l’idée de cette Union. Leur discours met en avant une volonté à renationaliser la vie politique dans l’UE, fondée sur les idées de souverainisme, de populisme ou de protectionnisme. Ce sont ces remises en question de l’Union Européenne que l’on te propose de découvrir aujourd’hui avec Mister Prépa.

 

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La montée de l’euroscepticisme

Avant le Brexit, l’opposition ferme à l’Union Européenne était faible, voire inexistante. L’euroscepticisme est le rejet de la construction européenne et donc par extension de l’Union Européenne. On constate différents degrés d’opposition de la critique de certains aspects au rejet viscéral de l’intégration supranationale. Il y a deux types d’euroscepticisme : 

  • de circonstance, qui se traduit dans les urnes donc plus ponctuellement 
  • de conviction, d’essence plutôt populiste.

La croissance de l’euroscepticisme est visible dans les urnes. La concrétisation principale du vote eurosceptique est l’élection du UK Independence Party au Royaume-Uni, parti qui a oeuvré à la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le Rassemblement national français, la Ligue en Italie ou encore l’Alternative pour l’Allemagne (AFD) réclament des changements dans le processus de construction européenne, souhaitant plus de place pour les nations et une confédération moins contraignante. La question de l’immigration ou certains débats sociétaux sont des points de discorde.

L’implantation géographique de l’euroscepticisme varie selon les pays. Globalement 14% des habitants de l’UE en ont une image négative contre 47% ayant une image positive à la veille des élections européennes de 2019. Des pays comme l’Italie, la Pologne concentrent des voix estimées en faveur des partis eurosceptiques (plus de 41% des voix). 

 

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Elections européennes et passivités européennes

L’abstention aux élections européennes est symptomatique. Depuis les premières élections au Parlement européen en 1979, les taux d’abstention ont progressé, s’établissant à 50% en 2019. Cette hausse démontre une désaffection vis-à-vis de l’Europe ou de la représentativité des institutions ou des dirigeants européens. L’abstention est d’autant plus forte chez les nouveaux entrants comme en Slovaquie avec 87% d’abstention en 2014 (Sources : Touteleurope.eu). On peut tout de même noter que cette forte abstention s’inscrit dans un contexte de crise économique et d’impopularité des politiques d’austérité. L’abstention aux élections est le symbole du décalage entre l’Europe perçue par les citoyens comme abstraite et lointaine et celle perçue par les élites imprégnées de l’identité européenne.

À cette abstention symptomatique s’ajoute la perception d’une passivité des dirigeants européens. En effet, la génération des démocrates de l’entre-deux-guerres s’est battue contre les totalitarismes et a vu dans la construction européenne le seul moyen d’éviter de nouveaux massacres, la génération qui a réalisé l’union monétaire et créé l’euro s’est comportée comme si la tâche était achevée. Or, l’approfondissement du projet européen supposait une mobilisation de tous les instants et la nécessité de questionner les raisons de l’Union. En effet, la majorité des acteurs qui interviennent dans le champ européen limite l’ambition communautaire à un marché et une monnaie, se souciant peu de faire émerger des projets collectifs non réductibles à l’économisme. Michel Rocard, ancien député européen (1994-2009), déplorait la disparition de «l’enthousiasme fédéralisant des fondateurs», et constatait la lente érosion du projet initial.

 

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La montée du populisme dans l’UE

Le populisme est un mouvement politique se référant au peuple par opposition aux élites. Ce terme se concentre sur trois thématiques : politique, sociétale et économique. Dans le domaine politique, le populisme considère que la défiance à l’égard des partis politiques en place doit être surmontée par le recours au référendum, en privilégiant une démocratie d’acclamation, qui institue un rapport direct du peuple avec le chef. En matière sociétale, le populisme se base sur une critique des élites, il se veut défenseur des catégories populaires menacées par l’économie mondialisée. Enfin, dans la sphère économique, le populisme défend le national protectionnisme, un recensement patriotique, en donnant la priorité à une main d’oeuvre nationale et en rejetant toute supranationalité. L’euroscepticisme des différents partis populistes se fonde sur leur opposition à l’immigration, selon eux, les failles migratoires seraient liées à l’espace Schengen. Les minorités deviennent les victimes de ces partis. L’UE serait la responsable de tous les malheurs de ces sociétés. Par exemple, l’UKIP britannique s’est transformé, d’un parti anti-Europe vers un modèle de droite radicale articulant l’euroscepticisme avec un discours anti-immigration.

La xénophobie de ces courants politiques débouche sur une remise en cause des adhésions récentes à l’UE et creuse un fossé entre la partie occidentale et la partie orientale de l’UE. Le Parti du peuple danois remet en cause tous les principes fondateurs de l’UE. Il prône une sortie de Schengen et le rétablissement des frontières nationales pour lutter contre l’explosion du nombre d’Européens de l’Est dans les prisons danoises (52% de la population carcérale est d’origine étrangère – Sources : fdesouche.com) et demande une baisse des droits sociaux pour les immigrés issus de l’UE.

Lire plus : Le siècle du populisme, Pierre Rosanvallon (2020)

 

Illibéralisme et remises en cause des principes fondateurs

Dans certains pays d’Europe centrale et orientale, les idées populistes s’incarnent dans des partis ultranationalistes qui ont accédé au pouvoir à la suite d’élections démocratiques et sont réélus. À la suite de la chute du mur de Berlin, ces Etats post-communistes voulaient imiter l’Ouest, synonyme de liberté, modernité et ouverture sur le reste du monde. Mais les populismes ont émergés avec une réaction conservatrice face à l’expansion du capitalisme. Le nationalisme de ces partis, antiprogressiste et xénophobe, est fondé sur le présupposé d’une équivalence entre nation et État. Ces partis se représentent la nation comme une entité homogène et fixe, formée par une communauté ethnique idéalisée, composée de natifs. De plus, les flux migratoires et le dépeuplement sont synonymes de perte de souveraineté nationale.

C’est en Hongrie en 2010 avec Viktor Orbán et en Pologne en 2015 avec Jaroslaw Kaczynski que les dérives vers l’illibéralisme se sont manifestées. Les programmes de ces gouvernements néoconservateurs ont affecté la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs et les avancées progressistes. La Commission européenne a eu l’occasion de s’inquiéter face aux modifications des lois de la presse et des droits à l’information en Hongrie. Alors qu’en 2020, une loi légalise l’avortement en Irlande, une loi anti-avortement est promulguée en Pologne. On constate donc que dans ces pays l’Etat de droit n’est plus respecté alors que c’est l’une des valeurs communes sur lesquelles est fondée l’Union Européenne.

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Amelie Matray