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L’Afrique du Sud: histoire de l’émergent africain

Sommaire

L’Afrique du Sud est un pays qui a une riche histoire, et qui a fortement évolué ces dernières années. Autrefois, la “nation arc-en-ciel” dominait l’Afrique en tant que première puissance économique et militaire. Aujourd’hui, elle se classe comme la troisième puissance économique d’Afrique, derrière le Nigeria et l’Égypte.

Mais comment l’Afrique du Sud en est-elle arrivée là ? Le “lion africain” s’est-il réellement détaché de son image passée ? Enfin, quels sont les défis qui attendent le premier émergent africain ?

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Une colonie britannique pas comme les autres

L’Afrique du Sud a toujours était un pays divisé. Dans un premier temps, les puissances occidentales divisèrent la région et se l’approprièrent. En effet, de 1815 à 1910, ce sont les Anglais, les Boers (des hollandais qui s’installèrent massivement dans les années 1830) ainsi que le royaume des Zoulous et d’autres petits groupes ethniques qui se partageaient le territoire que l’on nomme aujourd’hui l’Afrique du Sud.

Mais la cohabitation n’était pas simple et les volontés d’expansion de certains entraînèrent des affrontements sanglants. En 1879, la guerre anglo-zouloue mit d’ailleurs fin au royaume zoulou qui était pourtant solidement installé depuis le début du siècle.

L’Afrique du Sud est également un territoire très riche en ce qui concerne les ressources naturelles. Les mines d’or y étaient nombreuses et les zones les abritant très disputées. C’est ce qui motiva majoritairement les deux guerres des Boers. Ces dernières opposèrent donc la couronne britannique et les Boers succinctement en 1880-1881 et en 1899-1902. Les agissements des Anglais marquèrent ces deux guerres d’une violence profonde. En effet, plus de 250 000 Boers furent envoyés en camp de concentration au cours des deux guerres.

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L’indépendance sud-africaine et le début de la ségrégation raciale

En 1909, les quatre colonies britanniques qui se trouvaient dans la zone s’unifièrent, ce qui donna naissance à l’Union de l’Afrique du Sud (1909-1961). Ce “dominion” britannique était à l’époque majoritairement dirigé par des politiciens anglais qui avaient de forts liens avec les mineurs capitalistes qui exploitaient les richesses de la région.

Cette domination de la classe blanche était très marquée et de nombreuses lois ségrégationnistes étaient en vigueur à l’époque. Le “Native Land Act” de 1913 attribuait par la force de la loi 90 % du territoire et de l’exploitation de ce dernier aux personnes de couleurs blanches, les “Afrikaners”. Alors que cette partie de la population ne représentait qu’une petite partie de la population totale. Ainsi, à ce moment-là, 20 % de la population détenait plus de 90 % du territoire que constituait l’Union de l’Afrique du Sud.

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L’ère de l’apartheid (1948-1994)

De 1948 à 1994, ce sont une succession de gouvernements majoritairement composés de politiciens du “Parti National” et du “Parti Afrikaner” qui dirigèrent le pays. Cette succession accentua fortement le tournant ségrégationniste qui avait déjà eu lieu depuis le commencement. La population se divisait en quatre groupes ethniques : les Blancs, les Noirs, les “colorés” et les Indiens. En 1970, les législateurs votèrent le “Bantu Homelands Citizenship Act”, qui établissait des “réserves ethniques” appelées des “Bantoustans”. Les autorités expulsent petit à petit la population non-blanche de ces réserves. Les villes divisent également leurs zones en sous-parties, interdisant la circulation libre des populations noires et réservant des quartiers entiers aux Blancs.

Face à cette ségrégation assumée, de nombreux soulèvements de la part de la population opprimée eurent lieu. Comme en 1976 lors des émeutes de Soweto, où des élèves noirs de l’enseignement public protestèrent contre leur condition. Face à ces différentes manifestations, le gouvernement sud-africain intensifia encore plus sa politique répressive avec de fortes dépenses policières et militaires. En 1987, le budget militaire de l’Afrique du Sud représentait près de 27 % de son budget total.

Pour ce qui est des condamnations internationales face à ce tournant autoritaire et ségrégationniste, on peut noter les différents blocages et boycotts mis en place par l’ONU. En 1977, par exemple, le conseil valide un embargo général de l’industrie militaire vis-à-vis de l’Afrique du Sud. Mais l’Afrique du Sud continuait tout de même à s’approvisionner via des pays tiers comme Israël avec lequel elle multipliait les partenariats de développement militaire.

Pour ce qui est de l’opposition à l’intérieur du pays, elle souffrait d’une très forte répression. L’opposition aux différentes politiques en place valait, la plupart du temps, de longues peines de prison à tout opposant qui osait questionner les politiques ségrégationnistes. Le gouvernement a longtemps réprimé Nelson Mandela et son parti, l’African National Congress. Nelson Mandela, qui incarne aujourd’hui la figure du renouveau sud-africain, a été emprisonné de 1962 à 1990.

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L’Afrique du Sud post-apartheid

Après plusieurs événements, dont un référendum, le National Party a dû céder la place à des élections libres et démocratiques en 1994.  Suite à ces élections, c’est le tout fraîchement libéré en 1990, Nelson Mandela qui devint le premier président de la République d’Afrique du Sud. En 1996, les autorités ont voté une nouvelle constitution pour la nouvelle république. Cette dernière mit en place une redistribution des terres jusque-là monopolisées par les Blancs, une multitude de lois visant à mettre fin à la séparation ethnique ainsi qu’à l’abolition de la peine de mort. Mais quand est-il aujourd’hui ? Cette transition démocratique a-t-elle réglé tous les problèmes de l’émergent africain ?

Le pays doit encore aujourd’hui faire face à une multitude de problèmes structurels. Tout d’abord, la pauvreté est encore omniprésente dans le pays. Malgré les différentes lois mises en place depuis, le pays reste l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Selon la Banque mondiale, en 2022, ce sont 10 % de la population sud-africaine qui possédaient 80 % des richesses du pays. La corruption est également intrinsèque au sein de la nation. L’une des affaires les plus connues concerne Jacob Zuma, président de la République de 2009 à 2018, qui a détourné des fonds liés à l’armement à hauteur de 2,5 milliards d’euros. Enfin, comme dans beaucoup de pays du continent africain, le secteur public est largement sous-développé et un manque d’infrastructures criant fait énormément défaut pour une grande partie de la population.

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Conclusion

Ainsi, pour conclure, l’Afrique du Sud a longtemps été un pays à part entière avec un modèle qui lui fut propre. Aujourd’hui, le renouveau du pays est toujours en marche. Mais, ce dernier devra régler un bon nombre de problèmes structurels qui affectent toujours les populations les plus vulnérables composant le pays. Le président Ramaphosa, fraîchement réélu, a encore de grands défis à relever pour que l’Afrique du Sud garde une place stable sur la scène internationale.

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Image de Thibaud Dechaine
Thibaud Dechaine
Etudiant à SKEMA et ancien élève du Lycée du Parc à Lyon, j'ai à coeur d'aider les étudiants en géopolitique et en langues !