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Quels sont les risques d’un endettement sans limite ?

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À la fin de 2021, la dette publique française a atteint des niveaux records : plus de 2 800 milliards d’euros, et 112,5% du PIB. 

Nous pouvons rappeler ici que la dette publique correspond à l’ensemble des engagements financiers pris sous forme d’emprunts par l’état, les collectivités publiques et les organismes sociaux qui en dépendent.

Plus généralement, la dette correspond à l’argent qu’une personne (débiteur) doit à un autre (créancier). 

Il persiste un sentiment général selon lequel les états peuvent s’endetter sans limite, qu’ils peuvent annuler leur dette à tout moment. 

Mais ici, il convient également d’élargir cette réflexion au surendettement de l’État certes mais aussi à celui des agents. 

 

Les risques pour l’État

Dans cette première partie, nous allons souligner quelque uns des risques d’une dette publique trop importante, pour l’État et l’économie dans son ensemble.

 

Effet boule de neige

L’un des premiers risques est l’incapacité à honorer ses dettes. Cela entraîne des retards de paiement, des pénalités, et un effet boule de neige où les dettes s’accumulent rapidement, rendant difficile tout remboursement, puisque les taux d’intérêt augmentent (l’État perd peu ) peu la confiance des investisseurs, qui reportent eux-même cette perte de confiance sur une hausse des taux d’intérêt).

Effectivement, un État surendetté verra ses obligations et ses emprunts affichés avec des taux d’intérêt plus élevés, car les créanciers jugeront le risque de défaut plus important. Cela augmente le coût de la dette, ce qui accroît encore le fardeau financier, créant une spirale où l’État doit emprunter plus cher pour refinancer ses dettes.

 

Lire plus : Joseph Stiglitz sur la dette pour les prochaines générations

 

Risque de défaut de paiement 

Dans les cas extrêmes, un État surendetté peut ne plus être capable de rembourser ses dettes. Ce défaut de paiement (ou défaut souverain) peut entraîner des sanctions financières internationales, une dégradation de la note de crédit du pays, et des difficultés accrues à accéder aux marchés financiers. 

 

Réduction des investissements publics

Pour faire face à la charge croissante de la dette, un État surendetté devra réduire ses dépenses, y compris les investissements dans les infrastructures, l’éducation, la santé et les services publics essentiels. Cela compromet la croissance à long terme du pays et sa capacité à répondre aux besoins de sa population.

 

Inflation ou hyperinflation

Dans certains cas, un État surendetté peut recourir à la création monétaire pour rembourser ses dettes, ce qui peut provoquer une inflation élevée, voire une hyperinflation si la situation est mal maîtrisée. Une inflation excessive réduit le pouvoir d’achat de la population. 

 

Fuite des capitaux et dévaluation de la monnaie

Face au surendettement, les investisseurs étrangers peuvent retirer leurs capitaux, ce qui peut entraîner une dévaluation de la monnaie nationale. Cela rend les importations plus coûteuses, creuse le déficit commercial et aggrave encore la situation économique du pays.

 

Crise bancaire et contagion financière

Le surendettement d’un État peut provoquer une crise bancaire si les banques nationales détiennent une part importante de la dette publique. Si l’État fait défaut ou si la valeur de la dette chute, cela affaiblit les bilans des banques, risquant de provoquer une crise bancaire. La crise de la dette publique peut également s’étendre aux autres secteurs de l’économie et toucher d’autres pays, surtout dans les économies intégrées, comme dans la zone euro.

 

Perte d’influence internationale

Un pays surendetté perd de son poids sur la scène internationale. Sa capacité à négocier des accords économiques, politiques ou diplomatiques s’en trouve affaiblie. Les partenaires internationaux peuvent hésiter à traiter avec un pays en situation de grande fragilité financière, ce qui peut affecter ses alliances stratégiques et son influence.

 

Ainsi, le surendettement d’un État peut avoir des effets dévastateurs sur son économie, sa société et sa souveraineté. Pour éviter ces risques, la gestion prudente de la dette et la mise en place de politiques budgétaires rigoureuses sont essentielles.

 

Quid des agents économiques ?

Les conséquences économiques sont, à moindre échelle, similaires à celles évoquées pour les États. Mais les conséquences sociales sont tout autre…

 

Marginalisation sociale

Le surendettement peut entraîner un isolement social, car les individus surendettés évitent souvent les interactions sociales qui impliquent des dépenses ou ressentent de la honte quant à leur situation financière. Cela peut également conduire à des tensions dans le cadre familial et amical.

 

Dégradation de la santé mentale et physique

Les personnes en situation de surendettement sont souvent confrontées à un stress, à de l’anxiété, à des troubles du sommeil et à une dépression. Cette pression peut entraîner des problèmes de santé physique comme des maux de tête, de la fatigue, voire des troubles cardiovasculaires.

 

Perte de patrimoine

Les personnes surendettées peuvent être contraintes de vendre des biens personnels pour rembourser leurs dettes, comme des voitures, des biens immobiliers ou d’autres possessions. Dans les cas extrêmes, cela peut mener à la saisie d’une résidence principale.

 

Accès restreint au crédit

Les individus surendettés auront des difficultés à obtenir des crédits ou prêts à l’avenir, en raison de leur historique de remboursement. Leur cote de crédit sera généralement très basse, ce qui limitera leur accès à des financements pour des projets futurs (immobilier, achat de véhicule, etc.).

 

 

En définitive, le surendettement, qu’il touche un individu ou un État, comporte des risques considérables qui affectent la stabilité financière, économique mais aussi sociale.

 

Lire plus : La dette publique et le déficit public en France

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Camille Huentz