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Résumé de Nourrir sans dévaster, de J. Denormandie et E. Orsenna

Sommaire

Résumé

Dans Nourrir sans dévaster, Erik Orsenna et Julien Denormandie analysent la crise agricole actuelle. La perte de lien entre les aliments et leur origine a entraîné une consommation de produits ultra-transformés, responsables de malbouffe et de problèmes de santé publique. En parallèle, les agriculteurs font face à des difficultés croissantes : isolement social, critiques environnementales, et concurrence inéquitable avec des importations peu régulées. Les auteurs appellent à des pratiques agricoles plus durables, soutenues par des politiques adaptées, pour réconcilier production alimentaire et respect de la nature.

« Génération après génération, nous avons perdu ce lien avec les aliments. Nous les considérons de plus en plus comme de simples choses à ingurgiter. Nous oublions leur richesse. À midi, on ne déjeune plus, on mange. Le soir, on ne dîne plus, on mange. »

 

Une alimentation déconnectée

Nous avons perdu le lien avec notre alimentation. Ce lien s’est brisé, et nous ne connaissons plus l’origine du grain, du lait, de la viande, et des légumes. Ainsi, les enfants d’aujourd’hui ne distinguent plus un poulet d’un cabillaud, tous deux blancs, déguisés sous des préparations panées uniformes. Nuggets, boulettes de viande et poissons panés, ces amas de chair reconstituée sont préférés aux steaks traditionnels, plus exigeants à mâcher. Notre alimentation s’est détachée de la nature, des cycles naturels. La nature, c’est le sol, les saisons, les animaux. Nous ne respectons plus le cycle des saisons, et nous consommons des produits hyper-transformés. Le lien entre nourriture et origine s’est perdu, et la nourriture n’est plus qu’un simple produit de consommation, sujet à la surconsommation.

 

Malbouffe et obésité : se nourrir, un enjeu majeur

« Que ton alimentation soit ta première médecine. » Ces mots d’Hippocrate résonnent particulièrement aujourd’hui. L’alimentation, c’est la vie. Bien se nourrir, c’est bien vivre. Pourtant, la malbouffe est omniprésente. Nous n’avons jamais été aussi gros : un peu moins de 10 % de la population mondiale est obèse. À l’horizon 2050, on estime qu’un humain sur deux sera obèse. Les coupables ? Les produits ultra-transformés, riches en graisses et en sucres mais pauvres en nutriments.

 

Inégalités alimentaires : quand la faim persiste

S’alimenter… Encore faut-il pouvoir le faire. Environ 10 % de la population mondiale vit en dessous du seuil de pauvreté et ne mange pas à sa faim. Cela concerne non seulement les pays les moins développés, mais aussi des pays riches. Les Restos du Cœur, par exemple, comptent soixante-douze mille bénévoles pour cent-soixante-et-onze millions de repas servis durant l’année 2022-2023.

 

Le repas : le lien social en péril

Quid du lien social ? Le lien avec l’alimentation est intrinsèquement lié au lien social. En perdant l’un, nous avons aussi perdu l’autre. Le repas est un moment social par excellence. Se retrouver autour de la table, c’est préparer, partager, converser. En France, cette tradition demeure plus forte qu’ailleurs, mais elle s’effrite : « À midi, on ne déjeune plus, on mange. Le soir, on ne dîne plus, on mange. » Cela traduit un individualisme croissant dans une société de plus en plus divisée, encore aggravée par le numérique. « De jour comme de nuit, les addicts ne quittent plus leurs petits carrés lumineux. La connexion généralisée est un univers de solitudes juxtaposées. »

 

Le malaise des agriculteurs

Cette expression convient particulièrement aux agriculteurs. Isolés, tant géographiquement que socialement, ils font face à une défiance inédite et à un cruel manque de reconnaissance. Victimes d’agribashing, ils sont rendus responsables des dégâts environnementaux causés par les pesticides et accusés de maltraitance animale. Des militants s’introduisent dans les exploitations, des néo-ruraux se plaignent des nuisances, et les reproches sont multiples. Les agriculteurs tentent de faire tenir leurs exploitations sans compter leurs heures, vivant grâce aux aides de la PAC, et subissent les assauts des écologistes. Cela explique le nombre alarmant de suicides : « Connaissez-vous pire contradiction que celle-ci, plus cruel et injuste paradoxe : nulle part ailleurs, dans notre société, on ne met plus fin à sa vie que chez celles et ceux qui nous donnent les moyens de vivre ? »

 

Une agriculture en crise structurelle

L’agriculture traverse une véritable crise structurelle. Le nombre d’agriculteurs a chuté drastiquement, même si cette « petite » part de la population nourrit le reste d’entre nous. Ceux qui subsistent sont souvent âgés, la moitié des exploitants ayant plus de 55 ans. Ce manque d’attractivité chez les jeunes est problématique. Jadis, les parents encourageaient leurs enfants à reprendre la ferme familiale ; aujourd’hui, ils les poussent vers d’autres métiers. Les jeunes préfèrent le salariat agricole, moins contraignant et plus stable.

 

Une dépendance inquiétante aux importations

Nous importons de plus en plus, y compris des produits essentiels à notre patrimoine gastronomique. Le sarrasin pour les galettes bretonnes vient de Chine, la plupart de nos lentilles sont canadiennes, et la production française de moutarde a chuté. Cette situation s’aggravera si nous continuons à importer des produits ne respectant pas les normes strictes françaises. Au Brésil, l’agriculture hyper-intensive pulvérise des pesticides par avions, créant des dégâts massifs. La concurrence déloyale menace notre agriculture, d’où l’importance des clauses miroirs.

 

La PAC et les défis environnementaux

La PAC joue un rôle crucial, mais elle est critiquée pour ses biais en faveur des grandes exploitations. Pourtant, les aides sont essentielles à la survie des agriculteurs français. Julien Denormandie rappelle que ces aides sont conditionnées par des critères environnementaux.

Lire plus : Financer la transition écologique

Pour « nourrir sans dévaster », nous devons allier action climatique et production agricole. Gel tardif, inondations, sécheresses : le dérèglement climatique impacte directement l’agriculture. Les agriculteurs adaptent déjà leurs pratiques, mais ils doivent être soutenus. Changer les pratiques, comme l’agriculture de conservation, est crucial. Utiliser les progrès en robotique et biologie moléculaire est aussi prometteur. Les NBT (New Breeding Techniques) offrent des solutions pour rendre les végétaux plus résistants. Les consommateurs votent trois fois par jour, et il est temps de poser les bonnes questions.


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Malo Dureux