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Commerce international : tout savoir pour cartonner au concours

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COMMERCE INTERNATIONAL REUSSIR CONCOURS

Depuis quelques années aux concours de la BCE et d’Ecricome, on assiste à une recrudescence des sujets qui traitent de la mondialisation commerciale. En effet, il suffit de prendre le sujet ESCP 2024 : « L’ouverture au commerce international appartient-elle au passé » ou encore le sujet HEC 2022 : « L’ouverture commerciale est-elle toujours facteur de prospérité économique et sociale ». Ces sujets diffèrent évidemment sur certains points mais force est de constater qu’en 2 ans, nous retrouvons dans les concours les plus prestigieux les termes de commerce international et d’ouverture. Répondre à ces sujets implique alors de répondre à une question en apparence simple : qui gagne au commerce international ? Existe-t-il des gagnants et des perdants ? Si nous arrivons à prouver cette idée-là alors nous avons déjà des éléments de réponse pour affirmer que l’ouverture au commerce international n’est pas toujours synonyme de prospérité !

 

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Avantages comparatifs : Tout le monde gagne à être inséré dans le commerce international

Cette question est étonnante puisqu’en théorie, tout le monde gagne au commerce international.

En effet, David Ricardo (1817) envisageait la mondialisation comme un modèle gagnant-gagnant. Pour rappel, Adam Smith (1776) pensait que le système productif le plus efficace au niveau mondial était la division internationale du travail (DIT) dans laquelle certains pays pouvaient s’insérer grâce à leurs avantages absolus (productivité dans un domaine meilleure dans l’absolu que les autres).  D. Ricardo était plutôt en accord avec la théorie d’A. Smith mais il remarquait un problème dans son raisonnement : si seuls les pays avec un avantage absolu pouvaient s’insérer dans la DIT alors énormément de pays seraient voués à importer sans exporter (augmentation des dépendances et creusement du déficit commercial). Dans ce système, difficile de dire qu’il n’y a que des gagnants au commerce international.

D. Ricardo propose alors un modèle novateur, celui des avantages comparatifs. En résumé, il ne faut plus disposer d’un avantage absolu de productivité dans un secteur mais d’un avantage relatif, même un pays moins productif dans tous les secteurs se spécialise dans celui où il est comparativement le moins mauvais/meilleur par rapport aux autres. Grâce à cette spécialisation, chacun réalise des économies d’échelle et des gains d’expériences qui permettent à chaque pays d’importer moins cher certains biens et d’exporter massivement. Le commerce international ne fait alors que des gagnants ! En s’inspirant de D. Ricardo, P. Krugman va aussi montrer que les pays ont un avantage certain à participer au commerce international car la concurrence est principalement imparfaite et qu’il existe dans beaucoup de secteurs de l’économie des rendements croissants. Or si les secteurs d’activité se caractérisent par des rendements croissants, il est possible de se construire un avantage comparatif choisi au préalable (en se spécialisant, on devient spécialiste grâce à l’augmentation des rendements !).

Ainsi, même un pays qui n’a pas d’avantage comparatif initial peut gagner au commerce international en se spécialisant. Son avantage comparatif découlera de cette spécialisation qui est choisie en quelque sorte ex-nihilo.

 

Un avantage inégal qui fait des perdants

Pour autant, même ce modèle fait des perdants. Premièrement, il existe un échange inégal (Amin et Emmanuel) entre ceux qui ont une spécialisation à forte valeur ajoutée et ceux qui ont une spécialisation dans les matières premières par exemple. Cet échange inégal pourrait conduire à une dégradation des termes de l’échange en échangeant des produits non transformés contre des produits transformés. C’est le cas de la France qui connaît un déficit commercial important dans les meubles en bois… Nous exportons du bois provenant de nos forêts vers la Chine pour le réimporter sous forme de meubles finis. 

La théorie néo-marxiste portée par Amin et Emmanuel permet de montrer comment la théorie de la valeur travail de Marx peut s’appliquer au chapitre du commerce international. Si la valeur d’un bien dépend normalement du travail incorporé dans le bien alors les pays qui ont une spécialisation primaire sont lésés car ils importent des biens à un prix plus élevé que les biens qu’ils exportent pour potentiellement un volume similaire de travail incorporé à la production.

 

Un commerce international qui crée des dépendances pernicieuses

En outre, toute la population a compris lors du COVID-19 qu’il n’était pas automatique de gagner au commerce international car celui-ci entraînait des dépendances qui pouvaient être dangereuses en cas de conflit géopolitique (dépendance à l’Ukraine, à Taiwan pour les semi-conducteurs…). Ici, nous gagnons au commerce international tant que celui-ci se fait dans un contexte de paix.

Or il n’est plus évident, comme l’affirmait Montesquieu, que ce commerce soit en lui-même synonyme de paix. Enfin, que dire des individus qui réalisent d’autres activités que celle de l’avantage comparatif d’un pays ? Le projet d’accord de libre-échange Union Européenne-Mercosur aurait largement fait gagner les producteurs de vins et de fromages mais aurait détruit la filière bovine (face aux monstres brésiliens du secteur). Il y a donc bien des gagnants et des perdants au commerce international même lorsque l’on applique le modèle de D. Ricardo.

 

Cet article est un passage adapté du livre La dissertation d’ESH : méthode et sujets corrigés écrit par Léo Bedenc, Patrick de Vaugiraud et Etienne Morin. Si vous souhaitez en savoir plus sur le livre, vous pouvez cliquer ici.


Lire plus : ESH ESCP/SKEMA 2024 – Copie de Borhane (20/20)

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Lou Adam de Beaumais