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Comment les pays anglo-saxons règnent ils sur le sport moderne ?

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On retrouve les traces de pratiques pré-sportives dans de nombreuses civilisations antiques à travers divers rituels liant épreuves, danses, musiques et cérémonies et dans lesquels les exploits physiques étaient célébrés. Le sport naît au 6e av J.C. en Grèce Antique lorsque des institutions et des règles sont créés pour l’encadrer. Néanmoins, au Moyen Age, le sport est oublié et laisse sa place à de nouvelles formes de spectacles (jeux du cirque, spectacles hippiques). Ce sont les Anglais qui donnent naissance au sport moderne au 18e siècle lorsqu’ils remettent en vigueur les exercices physiques antiques. Cela est lié d’une part aux activités des nobles Anglais et d’autre part aux réformes des public schools (écoles privées très prestigieuses en Angleterre). Suite à cela, la diffusion du sport à l’échelle mondiale sera en grande partie le fait des modèles anglo-saxons et jusqu’à aujourd’hui leur industrie du sport domine.

 

La Genèse anglo-saxonne du sport moderne

Des sports comme le cricket apparaissent en Angleterre au 16e siècle et se répandent rapidement dans tout l’Empire britannique. Le sport devient un élément clé de la stabilité de l’Empire, il permet d’établir et de transmettre la culture et l’idéologie britannique au sein des colonies et d’unir les populations locales sous des valeurs communes. Plus tard, suite à la réforme des public schools menée par Thomas Arnold, il devient de plus en plus important de transmettre les valeurs du sport au sein de l’École. L’institution scolaire devient rapidement un agent de propagande impérial servant à diffuser des valeurs d’engagement vis-à-vis de l’Empire, notamment via la pratique du rugby et du cricket qui transmettent la forme physique, le sentiment de solidarité, le sens du devoir et du service, la loyauté envers l’équipe…

Au sein de l’Empire, le sport devient également un moyen de développer la cohésion entre classes sociales et d’offrir des possibilités de communication entre classes, et même entre colonialistes et populations autochtones. Mais le sport est aussi un vecteur d’ascension sociale. Au 19e siècle, l’Écossais James Logan émigre en Afrique du Sud, il s’intègre rapidement à la société coloniale sud-africaine grâce à son sens des affaires et voit rapidement dans le cricket un moyen de faire prospérer ses affaires, il investit dans ce sport et rejoint rapidement les élites coloniales sud-africaines.

Par ailleurs, les tournois, expositions et autres événements organisés par les Britanniques pour démontrer la puissance et l’influence de leur empire participent amplement à l’internationalisation du sport. Des compétitions sont organisées au sein du monde anglo-saxon comme l’Inter-Colonial Meet de 1890 à Sydney, (premier grand meeting d’athlétisme en Australie, qui a rassemblé des athlètes de différentes colonies), puis entre équipes européennes de différentes nationalités.

À la fin du 19e siècle, le Canada et les États-Unis donnent naissance au football et au hockey, des sports qui seront par la suite diffusés mondialement. D’autres pays colonisés, dont l’Australie et l’Inde, formeront aussi des élites sportives qui rivaliseront avec celles de la Grande-Bretagne. L’impérialisme anglo-saxon a donc non seulement contribué à la diffusion des sports, mais a également influencé la manière dont ils sont organisés et pratiqués à l’échelle mondiale.

 

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Des modèles universitaires puissants

Aujourd’hui, ce qui fait également la force des pays anglo-saxon dans le sport c’est le modèle universitaire de ces pays. Aux Etats-Unis, le sport et l’éducation partagent une véritable histoire d’amour, là-bas, le terrain est aussi important que la salle de classe. Depuis l’école primaire jusqu’à l’Université, les jeunes sont encouragés à pratiquer leur sport. Les rencontres entre les lycées peuvent atteindre des affluences folles, et certains matchs universitaires déplacent près de 100.000 supporters. Les médias s’arrachent les rencontres, les matchs sont retransmis à la télévision ou sur Internet. Grâce à leurs programmes ambitieux liant sports et études et à la renommée de leurs organismes de sport universitaires (NCAA et NAIA), les universités américaines attirent des athlètes du monde entier (Léon Marchand à l’université de l’État d’Arizona, Clément Ducos à l’université du Tennessee) et forment également de très grands sportifs (Michael Jordan – University of North Carolina, Tiger Woods à Stanford)

Le sport universitaire aux Etats Unis est aussi important que le sport professionnel, et les athlètes y sont très valorisés, entre 2009 et 2016, un étudiant avec d’excellentes notes avait 25% de chance d’être admis à Harvard s’il venait d’un milieu populaire, et 80% lorsqu’il s’agissait d’un athlète de haut niveau. Les universités disposent de budgets considérables pour ce qui est du sport, le budget annuel pour les infrastructures sportives à Harvard serait estimé à environ 49 millions de dollars.

Les Universités jouent ainsi le rôle des centres de formations avec l’avantage considérable d’offrir un diplôme de renommée internationale à la sortie et de lier les jeunes athlètes avec des clubs professionnels.

 

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L’avenir du sport au XXIe siècle

Enfin, à l’ère des nouvelles technologies, le marché des technologies sportives représente déjà des milliards de dollars et devrait continuer de croître, le sport se renouvelle donc et intègre peu à peu l’intelligence artificielle. Aux Etats-Unis, c’est déjà le cas des Next Gen Stats, introduites en 2016 et utilisées dans la NFL pour fournir en temps réel des analyses avancées et des informations pour évaluer les performances des joueurs et des équipes.

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Image de Océane Gouhizoun
Océane Gouhizoun