Épictète, né vers 50 après J.C. à Hiérapolis, en Grèce et mort vers 125 à Nicopolis, était un philosophe de l’école stoïcienne.
Épictète met fortement en avant la partie éthique de la philosophie. Bien qu’il enseigne également la logique stoïcienne, il insiste sur la prépondérance de l’action. Sa philosophie est donc avant tout pratique.
Il présente l’Homme comme soumis à un destin rationnel et inexorable, ordonné par les lois de la nature. Son enseignement se veut une méthode pour atteindre le bonheur en se concentrant uniquement sur ce qui dépend de nous et en acceptant tout décret du destin.
L’Homme doit donc accomplir son devoir en dépit des circonstances, en tenant compte de sa nature et en considérant les autres de manière bienveillante.
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Le Manuel d’Épictète
Le Manuel est l’un des principaux textes de la doctrine stoïcienne qui nous soient parvenus, avec ceux de Sénèque et de Marc Aurèle.
Épictète s’inscrit dans la tradition stoïcienne. Il se réfère largement à la tradition cynique et cite à de nombreuses reprises Diogène de Sinope. Son enseignement se décompose en trois temps :
- L’apprentissage des règles de vie, qui représente l’éthique pratique (l’étape la plus nécessaire)
- La justification de ces pratiques, qui représente l’éthique théorique (complémentaire et explicative)
- Le soubassement dialectique qui soutient la véracité des principes théoriques et constitue la logique
La nature des choses
La question principale à laquelle tente de répondre Épictète est de savoir comment faut-il vivre sa vie. Tous les autres grands questionnements de la philosophie ont peu d’importance à ses yeux.
Selon Épictète, la « nature des choses » est invariable et valable pour tous les hommes sans exception. Il stipule que de toutes les choses du monde, certaines sont en notre pouvoir tandis que d’autres ne le sont pas.
Le Manuel invite à reconnaître l’impossibilité pour l’homme de contrôler ce qui ne dépend pas de lui : l’avis des autres, la richesse, la chance, les malheurs, la mort. Épictète indique la nécessité de n’attacher d’importance qu’à ce qui dépend de nous : opinions, désirs et pensées.
L’homme doit se concentrer sur ce qui est sous son contrôle, c’est-à-dire son âme, seule partie libre de son être. Vouloir changer ce qui ne dépend pas de lui rend l’homme malheureux. D’un autre côté, accepter son impuissance sur ces choses et ne s’occuper que de la partie de lui-même qu’il peut contrôler l’amène à un bonheur immuable et infini.
Les choses à notre portée ne peuvent être restreintes ni par la douleur, ni par la mort, ni par quoi que ce soit qui lui est extérieur. Ainsi, bien que nous ne soyons pas responsables des représentations qui naissent dans notre conscience, nous sommes absolument responsables de la manière dont nous faisons usage de celles-ci.
Quelle attitude faut-il adopter ?
D’après Épictète, il n’existe ni bien, ni mal. Il est vain de tenter de modifier la nature des choses. Quelle est alors l’attitude qu’il faut avoir ? Il faut avoir l’attitude du bon joueur d’échecs, c’est-à-dire le courage de jouer et de vaincre.
Et si nous perdons la partie ? Perdre aussi fait partie de la nature des choses. En effet, il faut accepter ce que les événements et le destin nous apportent, tant que ceci n’est pas de notre ressort. L’Homme est partie intégrante d’un système qui le dépasse.
Plutôt que de s’opposer vainement au sort qui lui est réservé, il l’accepte et dit merci pour l’occasion qu’il a eu de jouer. Cela signifie que, pourvu que nous ayons respecté les règles du jeu, même si nous avons perdu le match d’un jour, le vrai match a toujours été gagné.
Comment atteindre l’ataraxie ?
Épictète développe les trois principes pour l’ataraxie, qui permettent d’apprendre à distinguer ce qui dépend de soi et ce qui ne dépend pas de soi :
- Concevoir et comprendre la fatalité
- Être indifférent aux événements extérieurs qui ne dépendent pas de soi
- Agir au mieux dans les domaines qui dépendent de soi
Pour le stoïcien, rien ne sert de vénérer la nature, les dieux ou d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels doivent permettre de comprendre le mouvement du monde et des hommes. C’est par une analyse rationnelle qu’il détermine ce qui ne dépend pas de lui et c’est grâce à cette même raison qu’il définit ses jugements sur le monde.
Toute chose humaine est éphémère. L’homme doit accepter cette réalité et ne pas s’attrister de la disparition des choses périssables, pas même de la mort de ses proches.
S’attacher aux choses matérielles est une erreur qui amène à la souffrance. De même, le corps, facilement dégradé, ne doit pas être l’objet de toute l’attention, car il est soumis aux aléas du monde.
Il faut également conserver une distance avec les faits. Rien de ce qui nous arrive n’est bien ou mal par nature. Seule l’opinion qu’une chose qui nous arrive est bonne ou mauvaise rend cette chose telle aux yeux de l’homme. En supprimant l’opinion du mal, l’homme supprime le mal et peut vivre libre et droit.
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Informations complémentaires
La psychologie d’Épictète
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils en ont. Lorsque nous sommes contrariés ou tristes, n’accusons point d’autres que nous-mêmes, c’est-à-dire nos opinions ».
Il y a trois disciplines auxquelles doit s’être exercé l’homme qui veut acquérir la perfection :
- La discipline des désirs et des aversions, afin de ne pas se voir frustré dans ses désirs et ne pas rencontrer ce que nous cherchons à éviter
- Celle qui concerne les tendances positives et négatives pour agir d’une façon ordonnée et réfléchie
- La troisième est celle qui concerne la fuite de l’erreur, la prudence du jugement, ce qui se rapporte aux assentiments
Pour Épictète, la plus urgente est la première. La discipline du désir concerne les passions. Les passions amènent les troubles, les infortunes et les lamentations. Les passions rendent envieux, jaloux et empêchent même de prêter l’oreille à la raison. Cette discipline permet de ne s’occuper que de ce qui dépend de nous. Elle permet de développer l’ataraxie (absence de trouble).
La deuxième discipline concerne le devoir et a pour but d’agir au service de la communauté humaine. Il ne faut pas se laisser entraîner par une volonté désordonnée. Il nous faut agir conformément à l’instinct profond de la communauté humaine et la justice. C’est développer la vertu de justice ou l’amour des hommes.
La troisième discipline a pour objet d’assurer la fermeté d’esprit vis-à-vis du réel. C’est la discipline qui permet de ne pas donner son assentiment ni à ce qui est faux, ni à ce qui est obscur. Aimer la vérité, ne pas se précipiter dans ses jugements.
La condition humaine
Ces disciplines se réfèrent aux trois rapports fondamentaux qui définissent la situation de l’homme :
- Le premier est le rapport avec le cosmos (la physique).
- Le second est le rapport de l’Homme avec les autres hommes (l’éthique)
- Le troisième est le rapport de l’homme avec lui-même (la logique)
Épictète recommande de commencer par le thème qui se rapporte aux désirs, qui est le plus nécessaire. En effet, cette discipline purifie nos passions. Il recommande ensuite de continuer par la discipline se rapportant aux actions, pour terminer par la discipline de l’assentiment, réservée à ceux qui sont déjà en progrès, car plus exigeante.
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Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :
Les Bons Profs (chaîne YouTube)