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Gary Becker : l’entreprise doit-elle investir dans l’éducation ?

Sommaire

La théorie du capital humain montre que l’investissement en capital humain accroit la productivité des salariés et donc la rentabilité de l’entreprise. Cet investissement passe avant tout par la formation : la formation générale (general human capital) et la formation spécifique (firm-specific capital).

Cette distinction entre formation générale et formation spécifique est intéressante pour analyser les déterminants du « turnover » (les départs et les arrivées du personnel dans l’entreprise) et jette les bases d’une réflexion sur les coûts de transaction sur le marché du travail.

 

La formation générale

La formation générale, acquise dans le système éducatif, accroît la productivité de l’agent dans toute entreprise car elle reste attachée au travailleur qui peut la faire valoir sur tout le marché du travail. C’est pourquoi, les entreprises sont peu incitées à supporter les coûts de formation d’une personne puisque celle-ci risque de la faire prévaloir dans une autre entreprise prête à mieux la rémunérer. L’accord entre le travailleur et la firme consiste donc en l’achat par l’entreprise de la « force de travail », tandis que le travailleur achète sa formation.

La formation spécifique

A l’inverse, la formation spécifique augmente la productivité du travailleur dans l’entreprise qui l’a formé mais peu ou pas en dehors de celle-ci. L’entreprise n’accepte le financement de la formation que parce qu’elle estime avoir des chances de rentabiliser son investissement : le salaire qu’elle versera à l’issue de la période de formation sera supérieur au salaire du travailleur pour des emplois situés à l’extérieur de l’entreprise de façon à l’encourager à rester en son sein, mais inférieur à sa productivité en valeur, la différence avec le salaire versé représentant la rémunération de l’investissement en capital spécifique de l’entreprise. La valeur de l’investissement dans une formation spécifique est perdue lorsque le contrat de travail s’arrête. Elle ne peut être renouvelée qu’au prix de nouveaux investissements.

L’entreprise a donc intérêt à financer les formations spécifiques mais pas les formations générales car l’employé pourrait ensuite proposer son travail (devenu plus productif) dans une autre entreprise.

L’éducation, un bien collectif

La théorie du capital humain n’aborde donc pas le caractère collectif du processus d’accumulation de connaissance, en faisant de l’individu un être maximisant ses revenus futurs en arbitrant entre travailler et se former.

Néanmoins, en distinguant l’éducation générale (qui hausse le niveau de compétence des individus) et la formation professionnelle (qui élève la productivité de l’individu dans l’entreprise pour laquelle il travaille), la théorie du capital humain introduit l’idée d’éducation comme bien collectif.

Effectivement, Gary Becker estime que la formation générale peut être fournie par l’Etat ou directement payée par l’individu, tandis que les entreprises ont intérêt à financer la formation professionnelle (spécifique). Ces constats permettent de justifier l’intervention de l’Etat dans l’investissement en capital humain au travers de l’éducation gratuite qui permet de dégager des externalités positives.

 

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Nora Lucchesi