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L’Inflation Reduction Act de Biden, le nouveau mal des européens

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Le président Joe Biden a promulgué le 16 août 2022 la loi sur la réduction de l’inflation de 2022 (Inflation Reduction Act of 2022) qui vise à freiner l’inflation en réduisant le déficit, en abaissant les prix des médicaments sur ordonnance et en investissant dans la production d’énergie domestique tout en promouvant l’énergie propre. Pourtant cette nouvelle loi semble très protectionniste et favorise de loin les entreprises américaines ce qui suscite une forte opposition des Européens qui s’inquiètent de son impact sur sa propre industrie.

 

L’Inflation Reduction Act, un grand plan de réformes pour le climat

L’objectif initial de Joe Biden est de créer une filière automobile électrique la plus américaine possible, au détriment des Européens et pour cela, un paquet législatif de 430 milliards de dollars a été voté en août dernier. L’essentiel du coût de ce paquet, 392 milliards de dollars, concerne des aides, subventions et crédits d’impôts pour décarboner l’économie américaine, accélérer la transition énergétique, stimuler l’investissement dans la filière automobile électrique, et rapatrier les chaînes d’approvisionnement aux États-Unis.

Les ménages américains bénéficieront par exemple d’un crédit d’impôt de 7.500 dollars pour l’achat de véhicules électriques neufs américains. Pour les entreprises qui investissent dans les véhicules électriques, l’éolien, le solaire, la séquestration du carbone, les batteries, l’hydrogène vert et les biocarburants, elles recevront un crédit d’impôt. Ce financement sur 10 ans doit permettre aux Etats-Unis d’atteindre leur objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2005.

Lire plus : Le retour de l’inflation et les dilemmes macro-économiques qui vont avec (1/2)

 

L’Inflation Reduction Act met en danger les industriels européens

Le veritable lien entre ce paquet législatif et les européens est l’avantage donné par ce plan aux entreprises américaines, ce qui in fine, désavantage nos entreprises européennes. En effet, l’une des mesures exclut notamment les modèles de constructeurs non-américains des crédits d’impôt de 7500 dollars accordés aux acheteurs de voitures électriques. Il crée des incitations fortes à investir aux États-Unis plutôt qu’ailleurs, notamment dans la filière des véhicules électriques et l’Union européenne n’a pas les moyens de proposer autant. L’IRA conditionne aussi certaines subventions supplémentaires à la provenance des composants ou des matières premières: il faut s’approvisionner auprès d’entreprises américaines, ou bien simplement éviter les fournisseurs chinois.

Finalement, cela pousse les Européens à craindre des délocalisations massives d’entreprises européennes ou américaines ayant investi en Europe et qui préféreront fabriquer sur le sol américain pour pouvoir bénéficier de ces aides.

Lire plus : Le retour de l’inflation et les dilemmes macro-économiques qui vont avec (2/2)

 

Face à l’Inflation Reduction Act, les Européens tentent une réponse rapide et concertée

Le ministre de l’Economie allemand, Robert Habeck, n’a pas mâché ses mots en indiquant à la suite d’une réunion avec son homologue française que « l’Inflation Reduction Act ne correspond pas aux règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce ». De son côté, Bruno Le Maire a déploré que le texte autorise « des subventions très fortes avec des clauses de préférence nationale ».

Finalement, les Européens veulent négocier des exemptions pour des industries européennes, comme il en existe déjà pour les Mexicains et les Canadiens. Ils espèrent des avancées concrètes le 5 décembre, lors de la réunion de la « task force » rassemblant Européens et Américains, lancée le mois dernier, sur l’IRA.

Quant à lui, le président de la république française pousse pour que l’Europe se dote de son propre « IRA », un « Buy European Act », pour rester compétitif à l’échelle internationale.  Paris et Berlin sont en tout cas d’accord pour pousser plusieurs axes d’amélioration de leur compétitivité face aux Etats-Unis, mais également à la Chine, par exemple en accélérant la délivrance des agréments pour les projets d’intérêt européens qui sont subventionnés, et en étendant ces derniers à d’autres domaines.

Lire plus : La hausse des taux du crédit immobilier, nouveau problème majeur ?

 

Pour conclure, la mise en place de l’Inflation Reduction Act par Joe Biden questionne l’avenir du commerce mondial tant la préférence nationale promulguée par cette loi est forte. D’un autre côté, les Européens semblent ne pas vouloir se laisser faire et se disent prêts à répliquer avec peut-être un paquet de mesures protectionnistes, ce qui malheureusement pourrait nous conduire à une escalade tarifaire au détriment de la croissance… La réunion du lundi 5 décembre sera déterminante.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref