En 2021, le taux de pauvreté en Allemagne a atteint un record : 16,6% soit 13,8 millions de personnes. Ce niveau n’avait pas été atteint depuis la réunification du pays en 1990.
En Allemagne, on dit d’une personne qu’elle est pauvre si elle dispose d’un revenu inférieur à 60% du revenu moyen. Ce dernier se situait autour de 2 045 euros en 2021.
Les réformes du marché du travail : les causes
Entre 2003 et 2005, les lois Hartz avaient pour objectif de réduire le chômage en Allemagne, qui s’élevait alors à plus de 11%. Le pays avait, par ailleurs connu une croissance inférieure à la moyenne de l’Europe entre les années 1990 et 2005. Pour ne pas arranger la situation, le taux de chômage a augmenté de 3% durant cette période.
A cette époque, le marché du travail allemand faisait face à plusieurs problèmes.
- Tout d’abord, la conjoncture économique du pays ne permettait que difficilement l’attribution de CDI du fait de la fixité des salaires, ce qui rendait le marché rigide.
- Ensuite, les salaires augmentaient plus vite que la productivité.
- Enfin, il existait des allocations chômages élevées, financées par l’impôt, qui ne permettaient pas de dynamiser suffisamment le marché de l’emploi. Ce type de financement a eu par la suite un impact énorme sur l’économie allemande qui attirait de ce fait de moins en moins d’investisseurs.
Pour le gouvernement Schröder (socio-démocrate), l’idée était alors de booster le marché de l’emploi et diminuer le chômage.
Les lois Hartz
Les lois Hartz se répartissent en 4 axes et s’accompagnent d’un durcissement des aides pour les chômeurs afin de les pousser à trouver un emploi rapidement. Ces changements passent par la création d’agences facilitant la formation des demandeurs d’emplois (Hartz I). Ensuite, la loi Hartz II aide à la création d’entreprises, Hartz III entraîne un durcissement des conditions d’indemnisation chômage.
Lors d’une proposition d’emploi, ces derniers étaient dans l’obligation d’accepter, même si les emplois étaient sous-qualifiés. Par conséquent, il y a eu une augmentation d’emplois rémunérés à hauteur de 450 euros, sans cotisations sociales ni retraites. En cas de refus de l’offre, l’allocation chômage peut être réduite voire même supprimée au bout de la troisième fois.
Conséquences des lois Hartz et réformes de 2010
Au total, quatre lois Hartz ont été passées. Cela a conduit à une baisse du taux de chômage. De 12% en 2005, il est passé à 7% en 2010, 5% en 2015. Cependant, elles n’ont pas permis de réduire le taux de pauvreté qui a cru de 2,5% entre 2010 et 2019.
Tout d’abord, cela s’explique par les conséquences des lois Hartz. La part des très bas salaires et des petits boulots a augmenté et a ainsi participé à la hausse de l’écart de pauvreté dans le pays. Et c’est notamment l’acceptation obligatoire d’emplois de la part des chômeurs qui a participé à l’aggravation de la situation.
En 2010 a été mis en place l’agenda 2010. L’indemnité chômage a alors été fusionnée à l’aide sociale pour donner l’allocation chômage. Par conséquent, les chômeurs pouvaient toucher cette allocation que durant 12 mois, 24 pour les personnes ayant plus de 58 ans. Par ailleurs, en cas de refus d’une offre d’emploi, l’allocation chômage peut être réduite voire même supprimée au bout de la troisième fois.
Ensuite, durant cette période a également eu lieu des arrivées de réfugiés, avec un pic en 2015 (crise des réfugiés). Néanmoins, la pauvreté ne touche pas seulement les adultes puisque la pauvreté infantile est également à la hausse avec près d’un enfant sur cinq, dépassant donc la part de personnes pauvres dans le pays. Par ailleurs, le passage de la pandémie aura certainement des conséquences au long terme sur la pauvreté. En effet, les enfants issus de familles défavorisées n’ont pas pu recevoir un enseignement à distance de la même qualité que les autres issus de catégories sociales plus élevées.
Une situation actuelle appelant à des changements ?
A partir de 2019, la crise du coronavirus a entraîné une hausse de la précarité des personnes détenant des mini-jobs. Malgré des aides du gouvernement et des Länder pour le chômage partiel et des prêts aux aides financières d’urgence, la situation de pauvreté en Allemagne s’est d’autant plus détériorée. La guerre en Ukraine accompagnée d’une crise énergétique sont allés renforcer cette trajectoire. Or, cela a pour effet une augmentation des tensions sociales qui provoquent une baisse de confiance envers le système du pays.
En ce qui concerne la pauvreté infantile, l’actuelle ministre de la famille Lisa Paus du parti des Verts, souhaite faire passer des aides pour les enfants d’ici 2025. Les situations sociale et économique des familles conditionneraient ces aides. Les ménages à faible revenu recevraient par ailleurs une aide financière supplémentaire. Les négociations seront menées d’ici là, au sein de la coalition gouvernementale. Affaire à suivre.
Vocabulaire
La pauvreté : die Armut
La pauvreté infantile : die Kinderarmut
L’écart de pauvreté : die Armutkluft
Une réforme du travail : eine Arbeitsreform
L’aide sociale : die Sozialhilfe
Une allocation chômage : eine Arbeitslosenhilfe
Le taux de chômage : die Arbeitslosenrate
L’impôt : die Steuer
Le salaire : das Gehalt
Les emplois sous qualifiés : unterqualifizierte Arbeitsplätze
La précarité : die Prekarität
Un enfant sur cinq : jedes fünfte Kind / eines von fünf Kindern