Marc Aurèle, né en l’an 121 à Rome et mort en 180 à Sirmione, est un empereur romain régnant de 161 à 180.
Dernier des « cinq bons empereurs » selon Machiavel, il est aussi le dernier empereur de la période de la « paix romaine ». Cette période se caractérise par une relative stabilité commencée sous le règne d’Auguste, succédant à la période des guerres civiles.
Dernier grand monument du stoïcisme, les Pensées pour moi-même sont une source importante pour la compréhension moderne des philosophes antiques.
Pensées pour moi-même
Lors de campagnes militaires entre 170 et 180, Marc Aurèle écrit ses pensées comme source d’inspiration et d’amélioration personnelle. Les Pensées sont considérées comme un chef-d’œuvre de littérature et de philosophie. Elles contiennent les principales maximes du stoïcisme.
Elles font partie des principaux ouvrages de ce mouvement philosophique, avec le Manuel et les Entretiens d‘Épictète, ainsi que l’œuvre de Sénèque. Le livre fait partie des lectures de John Stuart Mill, Johann Wolfgang von Goethe, Arthur Schopenhauer, Simone Weil, Michel Onfray et Bill Clinton.
Le Stoïcisme de Marc-Aurèle
Marc Aurèle souligne le sentiment d’impuissance de l’être humain face à la divinité et au destin. Il s’est laissé guider par la philosophie même pendant les moments difficiles de sa vie publique et personnelle.
Marc Aurèle affirme que l’homme est capable de rester indifférent peu importe la situation, positive ou négative. Le bien moral et le mal moral sont les seuls concepts qui comptent. La mort, la pauvreté, la maladie et l’échec, tout comme leurs contraires, ne doivent provoquer que de l’indifférence. Il faut dès lors suivre sa raison et rester le même dans les moments les plus difficiles.
Marc Aurèle développe la tradition d’Épictète. Selon ce dernier, tout homme a le profond devoir de ne pas s’inquiéter de ce qui ne dépend pas de lui, c’est-à-dire les biens matériels, les honneurs et l’opinion des gens, mais doit en contrepartie se rendre parfaitement maître de ses émotions, avis, opinions et jugements, seules choses dont il possède une parfaite maîtrise.
Par rapport à Épictète, Marc Aurèle est fortement orienté sur la notion de devoir et de responsabilité. L’auteur se remémore la nécessité de ne pas éprouver de colère et de haine à l’intention des mauvaises personnes. Il ne veut pas laisser le mépris ou la honte l’atteindre. Au contraire, il veut se conformer à son devoir et à la justice, pour être un exemple d’homme droit et ainsi tenter de corriger son entourage plutôt que de le punir.
Pensées pour moi-même est divisée en plusieurs livres et se présente sous forme d’aphorismes.
Livre I : hommage
Marc-Aurèle rend hommage à ses parents et maîtres. Il y énumère ce qu’il doit à chacun et érige en modèle les exemples qu’ils lui ont donnés.
Livre II et III : la condition humaine
Ces deux livres sont centrés autour du thème de la mort : « Il faut accomplir chaque action de la vie comme si c’était la dernière ». La mort y est une possibilité perpétuelle et marque l’urgence d’une réforme personnelle. Le sentiment du vieillissement, du temps qui passe est le point de départ d’une urgence d’agir avec le sens du bien commun, en harmonie avec la nature et les autres.
La finalité de la vie humaine est de vivre selon la nature, c’est-à-dire la vertu. Il faut vivre selon l’expérience des évènements qui arrivent selon la nature, car notre nature est une partie de l’univers, en accord avec la nature universelle et individuelle.
Livre IV : la mort
Ce livre contient des méditations sur la mort et la brièveté de la vie. Marc-Aurèle souligne le caractère éphémère de la vie. Son travail est similaire à celui des Lettres à Lucilius de Sénèque. Ici apparait l’antagonisme entre la vie d’apparence et la vie de sagesse.
Marc-Aurèle propose une méthode de méditation, route vers la quiétude comme ordre parfait. La méthode est la méditation de doctrine associée à la nécessité de mémorisation de préceptes ou d’argumentations. Il ne s’agit donc pas de construire et défendre une thèse, mais de mettre en présence des arguments opposés et indépendants qui renforce la thèse initiale.
Lire plus : Lettres à Lucilius de Sénèque
Livre V et VI : comment vivre ?
Marc-Aurèle stipule que le bien et le mal résident uniquement dans la moralité de nos actions et décisions, c’est-à-dire ce qui dépend de notre volonté. Le reste, ce qui ne dépend pas de nous, n’est ni bien, ni mal.
Il y a dans l’univers un « principe directeur ». La Raison universelle qui produit les êtres et les évènements selon un plan rigoureusement rationnel. Elle induit en l’homme un principe directeur, la raison, qui donne à l’homme la possibilité d’être tel qu’il veut.
De là découlent des règles de vie dans les trois grands domaines de l’existence humaine : ce que l’homme fait, subit et pense.
- Ce qu’il subit, c’est tout ce qui ne dépend pas de lui.
- Ce qu’il doit faire, c’est tout ce qui dépend de lui.
- Ce qu’il pense, ce sont les représentations de la réalité et les jugements de valeur qu’il dépend de lui de porter.
De ces trois domaines de la vie humaine découlent des règles de vie. Il ne faut pas juger ce qui ne dépend pas de nous. Il faut traiter autrui avec un véritable amour et de la bienveillance ainsi que bien agir dans la société. Enfin, il faut accepter les évènements que la Raison universelle nous a attribués comme destin.
Les citations de Marc-Aurèle
« Si tu souffres à propos de quelque chose d’extérieur, ce n’est pas cette chose qui te trouble, mais ton jugement sur elle. Il dépend de toi de le faire disparaître. Nos passions et nos émotions sont dues aux jugements que nous portons sur les choses. À la première représentation objective, nous ajoutons un jugement de valeur. C’est ce jugement qu’il faut apprendre à discipliner.
« Le propre d’un homme bon est d’aimer et d’accueillir avec joie ce qui lui arrive. » Marc-Aurèle dessine le monde comme un Tout dont toutes les parties sont en harmonie les unes avec les autres. Même si le destin peut avoir des conséquences cruelles, celles-ci sont nécessaires à l’harmonie du Tout. Accepter le destin, c’est accepter d’être partie du Tout, et aimer l’œuvre de la nature.
Lire plus : Épictète : arrête de te préoccuper de tout !
Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :
Les Bons Profs (chaîne YouTube)