Léon Walras (1834-1910) est un économiste français, très connu pour ses contributions à la théorie de l’équilibre général.
Bien que son travail ait pris du temps à être reconnu, il est désormais considéré comme l’un des fondateurs de la pensée économique moderne. En effet, Walras a été redécouvert et célébré par les économistes du XXe siècle, notamment dans les années 1950 et 1960, marquées par un regain d’intérêt pour la théorie de l’équilibre général.
Biographie de Léon Walras
Il a commencé par étudier l’ingénierie avant de se tourner vers l’économie. Puis c’est à l’Université de Lausanne, là où il est devenu professeur, qu’il a développé ses théories économique.`
Quelques idées clé sur Walras :
- Courant de pensée : néoclassique (importance des marchés, des prix et des mécanismes d’offre et de demande dans la formation de l’équilibre économique) et collectivisme (en matière de gestion des ressources naturelles, il croyait que la terre devait être nationalisée)
- Champ d’étude : économie politique, théorie de l’équilibre général et utilisation des mathématiques en économie
- Oeuvres principales : Éléments d’économie politique pure (1874-1877) introduit l’idée que les marchés s’équilibrent automatiquement grâce aux ajustements des prix.
Les apports de Walras à la science économique
Théorie de l’équilibre général
Cette théorie est sans conteste son plus grand apport. L’idée principal du modèle est qu’il a démontré comment les marchés de biens, de services et de facteurs de production (comme le travail et le capital) peuvent tous être en équilibre simultanément, grâce aux variations de prix. Le prix est une variable d’ajustement.
Cette théorie s’oppose à une théorie considérée partielle. Pour Walras, toutes les interactions économiques sont interconnectées, les marchés le sont aussi : un ajustement dans un marché (via les prix) affecte les autres marchés.
Le point clé ici est de comprendre que selon cette loi, si n-1 marchés sont à l’équilibre, alors le n-ème l’est aussi.
Révolution marginaliste
Walras est l’un des principaux contributeurs à ce qu’on a appelé la révolution marginaliste. Pour cela, il était accompagné de Jevons et de Menger, deux autres grands économistes marginalistes.
Cette révolution consiste à dire que la valeur des biens n’est pas déterminée par leur coût de production mais par leur utilité marginale (c’est-à-dire la satisfaction supplémentaire que procure la consommation d’une unité supplémentaire).
Vous l’aurez compris, c’est une révolution majeure en économie en ce qu’elle conteste les fondements posés par les économistes classiques (notamment Smith et Ricardo).
Le tâtonnement walrasien
Ce concept permet à Walras d’expliquer comment un marché atteint l’équilibre : les prix s’ajustent graduellement et automatiquement en réponse aux déséquilibres (excès ou insuffisance) de l’offre ou de la demande. L’équilibre est fixé lorsque le tâtonnement des prix prend fin et que l’offre égale la demande sur chaque marché.
Ce processus peut être qualifié d’itératif : Les ajustements de prix se font par itérations successives. À chaque période, les agents évaluent les conditions du marché et ajustent leurs prix en conséquence.
Les critiques du tâtonnement
Néanmoins, ce modèle n’a pas échappé aux critiques.
La première consiste à dire que ce modèle repose sur des hypothèses idéalisées (information parfaite, agents rationnels…) qui ne reflètent pas la réalité du marché.
De même, dans la réalité, l’ajustement des prix n’est pas immédiat et peut prendre du temps. Ce laps de temps peut influencer le processus d’ajustement des prix ce qui, en filigrane, complique la convergence vers l’équilibre décrit pas Walras.
L’héritage de Walras
Walras a un héritage considérable. Il continue, toujours aujourd’hui, d’influencer l’économie de plusieurs manières.
- Tout d’abord, Walras a inspiré les économistes néoclassiques et plus précisément Alfred Marshall. En effet Marshall a certes développé sa propre approche de l’équilibre (appelée équilibre partiel) mais il a tout de même intégré certaines idées de Walras dans ses analyses de la demande et de l’offre. Marshall a reconnu que les changements dans un marché peuvent affecter d’autres marchés, même s’il n’a pas systématiquement développé la notion d’équilibre général. Marshall a également intégré les concepts de demande et d’offre que Walras a étudiés. Enfin il a intégré l’idée de Walras selon laquelle la valeur d’un bien est déterminée par son utilité marginale.
- Vilfredo Pareto : il a élaboré sur la théorie de l’équilibre général de Walras, en introduisant le concept de l’optimalité de Pareto.
- Kenneth Arrow et Gérard Debreu : Ces deux économistes ont formalisé et étendu la théorie de l’équilibre général de Walras en utilisant des outils mathématiques avancés dans leur travail sur l’existence d’un équilibre général en économie. Leur travail a contribué à l’établissement de la théorie de l’équilibre général comme une pierre angulaire de la pensée économique moderne.
L’influence de Walras s’étend à un large éventail d’économistes, allant des néoclassiques aux contemporains, en passant par ceux qui critiquent ou étendent ses idées.
En bref, en développant la théorie de l’équilibre général, Walras a introduit des concepts essentiels tels que le tâtonnement et l’interdépendance des marchés, qui continuent d’influencer la pensée économique contemporaine. Son utilisation des mathématiques pour modéliser les interactions économiques a ouvert la voie à des analyses plus rigoureuses et quantitatives en économie.