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L’Arctique : nouveau terrain de jeu des puissances mondiales

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Récemment les États-Unis, sous le gouvernement de Donald Trump, ont exprimé leur volonté de racheter le Groenland auprès du Danemark. Cette annonce pour le moins troublante a suscité de nombreuses réactions à l’international, et met en lumière l’intérêt grandissant des nations pour l’Arctique.

Deux batailles se livrent aujourd’hui en Arctique : une d’ordre climatique, et une d’ordre géopolitique. Nous nous concentrerons aujourd’hui principalement sur la seconde, qui laisse se dessiner le renouveau d’une région du globe jusqu’ici réservée aux expérimentations scientifiques et à quelques missions militaires ou civiles ponctuelles.

Une région attractive par ses ressources

Acteurs clés et géographie de la zone

Un acteur clé dans la gouvernance de cette région est le Conseil de l’Arctique. Fondé en 1996, il réunit les huit pays riverains de l’Arctique (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Suède et Russie) ainsi que des représentants des peuples autochtones. Son rôle principal est de favoriser la coopération sur des questions environnementales, scientifiques et de développement durable, en excluant les enjeux militaires. Grâce à ses travaux, des avancées notables ont été réalisées en matière de protection de l’environnement et de gestion des ressources. Toutefois, les tensions géopolitiques récentes, notamment avec la Russie, ont fragilisé son fonctionnement et limité son influence. Malgré ces défis, le Conseil reste un cadre essentiel pour encadrer les ambitions des puissances mondiales et préserver un certain équilibre dans la région.

Figure 1 : une carte synthétisant les différents acteurs de la zone arctique.

Mais alors, pourquoi certains pays cherchent à renforcer leur présence dans cette partie du globe? L’objectif est double, et s’appuie sur le réchauffement climatique. En effet, la fonte des glaces permettra, d’ici quelques années, l’ouverture de nouvelles routes de commerce maritime polaires. L’objectif principal des pays membres du Conseil de l’Arctique serait donc d’instaurer un certain contrôle de cette région à des fins de souveraineté, mais également dans une démarche financière. Et pour cause, la région regorge de ressources naturelles convoitées : pétrole, gaz, poissons, minerais rares, …

Un avant-poste du changement climatique

L’Arctique constitue un véritable avant-poste du changement climatique, subissant un réchauffement deux à quatre fois plus rapide qu’ailleurs. Cette hausse des températures entraîne un cercle vicieux : la fonte des glaces et du pergélisol libère des gaz à effet de serre, accélérant encore le réchauffement. Outre l’impact global sur le climat, cette fonte pourrait libérer des minerais et éléments chimiques modifiant la minéralogie des eaux et menaçant les infrastructures. Toutefois, c’est bien elle qui ouvre la voie à de nouvelles routes maritimes et à l’exploitation des fonds marins arctiques.

Les pays nordiques au coeur des tensions

Une politique assumée par la Chine et la Russie

Ces différents éléments font de l’Arctique une région convoitée. Et les grandes puissances ne s’en cachent pas. C’est le cas par exemple de la Chine, qui a publié en 2018 un livre blanc qui suggère l’extension de son projet des « nouvelles routes de la soie » à la région Arctique. Une « route de la soie polaire » est depuis étudiée conjointement par la Russie et la Chine, qui souhaiteraient mettre à profit leur position géographique.

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D’autre part, la Russie intensifie depuis quelques années la militarisation de cette zone, qu’elle revendique en partie. Des déploiements de missiles et des exercices  couplés au déploiement de sous-marins font partie de la stratégie russe au sujet de l’Arctique. Symbole de la volonté d’augmenter progressivement son contrôle de la région, un drapeau russe en titane avait été planté sous la banquise arctique en 2007 au cours d’une mission d’exploration des fonds marins, à près de 4000 mètres de profondeur.

Les États-Unis cherchent à s’affirmer dans la zone

Plus récemment, comme nous l’évoquions dans l’introduction de cet article, c’est Donald Trump qui s’est récemment illustré en positionnant les États-Unis de façon agressive dans la conquête de l’Arctique. Il a déclaré à de nombreuses reprises dès le début de son deuxième mandat vouloir « racheter le Groenland », mais également « intégrer le Canada en tant que 51e état américain ». Ces annonces, qui peuvent sembler hors du commun, se font bien entendu sur fond de l’émergence d’une région du globe dont personne ne se souciait trop jusqu’au début du XXIème siècle.

Cette volonté expansionniste renforce les tensions croissantes entre les différents pays nordiques, et plus spécifiquement entre les États-Unis et les autres pays membres de l’OTAN. L’accueil des pays concernés sont en opposition de phase complète avec la vision de Donald Trump : d’après le sondage Léger publié début mars, 85% des canadiens seraient contre l’annexion de leur pays par les États-Unis. Et les réactions politiques se font vives, comme la récente déclaration du premier ministre groenlandais : Mute Egede a dénoncé ce lundi 24 mars 2025 une « ingérence étrangère ».

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Pour conclure, l’Arctique est une zone qui suscite un vif intérêt auprès de nombreuses puissances mondiales, et qui n’échappe pas aux conflits actuels. La fonte des glaces qui s’y produit rend possible la création de nouvelles routes maritimes et ouvre la porte à de potentielles exploitations de fonds marins sur place. Ce double attrait, à la fois géopolitique et commercial, rendent cette zone de plus en plus convoitée.

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Cyprien Kutek